SANTÉ & ENVIRONNEMENT
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Les eaux des fleuves Sénégal et Niger, dans les points d’exploitation rizicole et maraîchère où une utilisation abondante de pesticides est notée, accusent un niveau de contamination dépassant de loin les normes internationales. C’est ce qui ressort d’une étude commanditée par la Fao et dont les résultats ont été dévoilés avant-hier.

D’après une étude de la Fao, les eaux d’irrigation des vallées des fleuves Sénégal et Niger aux points d’exploitation rizicole et maraîchère et dont les populations riveraines sont largement dépendantes pour leurs besoins domestiques et le bétail ont un niveau de contamination aux résidus de pesticides très élevé. Cette révélation a été faite, avant-hier, lors de l’atelier régional de restitution des résultats du projet « Réduction de la dépendance en Polluants organiques persistants (Pops) et autres produits agrochimiques dans les bassins des fleuves Sénégal et Niger à travers la gestion intégrée de la production, des déprédateurs et de la pollution (Gipd) ».

 Ladite étude a été exécutée par la Fao et financée par le Fonds pour l’environnement mondial (Fem). Une autre étude de base conduite par Enda Pronat a aussi montré que les agriculteurs des bassins des fleuves Sénégal et Niger manquent généralement de formation sur les bonnes pratiques agricoles et ne prennent pas en compte de nombreuses externalités liées à l’utilisation des pesticides. 
« Les analyses de résidus de pesticides dans ces eaux ont montré un niveau de contamination qui dépasse de loin les normes internationales pour l’eau potable et les limites maximales tolérées sur le plan environnemental », a expliqué le coordonnateur principal de ce projet, William Settle. Pour Adamou Bouhari, chargé de programme et point focal des pays francophones d’Afrique de ce projet, ces résultats interpellent tous, car « démontrant des risques graves de santé environnementale et humaine liés à l’utilisation de certains produits chimiques dans la production agricole ». De même, a-t-il ajouté, « il y a un risque énorme que la compétitivité économique des productions agricoles issues des exploitations faisant usage incontrôlé de ces produits chimiques soit remise en question ». Ainsi, M. Bouhari a plaidé pour que la problématique de l’utilisation et de la gestion des pesticides dangereux dans l’environnement soit une priorité de développement pour les autorités.
Pour sa part, le représentant de la Fao au Sénégal a salué les résultats auxquels le projet Gipd est parvenu grâce aux activités de renforcement de capacités techniques des producteurs sur les bonnes pratiques agricoles, à travers l’initiative « les champs écoles ». Selon lui, cette approche de formation participative a conduit à réduire la dépendance aux pesticides. « Au Sénégal, des agriculteurs formés en Gipd ont enregistré une baisse moyenne de 92 % de l’utilisation d’insecticides chimiques avec de fortes augmentations de l’utilisation d’extraits botaniques et de bio pesticides », a souligné Vincent Martin. Le Sénégal a renforcé son arsenal juridique en matière de gestion du cycle de vie des produits chimiques, en particulier les polluants organiques persistants. « En 2008, un arrêté interdisant l’importation, la production et l’utilisation des pesticides et des produits chimiques visés par la Convention de Stockholm sur les Pops a été publié », a rappelé le directeur de Cabinet du ministre de l’Environnement et du Développement durable, Baïdy Bâ.

Elhadji Ibrahima THIAM

source: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=35760:vallees-des-fleuves-senegal-et-niger-lusage-abusif-des-pesticides-contamine-les-points-dexploitation-rizicole&catid=140:actualites