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Une alliance de quelque 40 pays va se lancer dans une guerre contre les djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant, sous la férule des États-Unis. Tous ne s'accordent pas sur la cartographie des intervenants et les majors sont en difficulté avec leurs populations locales. 

Une coalition internationale menée par les États-Unis va aider l’Occident à corriger ses erreurs fatales dans ses relations avec le Proche, Moyen et Extrême Orient. En dehors des traditionnels croisés de l'Europe et de l’Amérique du Nord, la Ligue arabe est aussi entrée dans la danse pour faire front commun contre les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (Éiil).

 Barack Obama, pas au meilleur en vue des élections de mi-mandat de novembre prochain,  a choisi la date émotive du 11 septembre pour annoncer des frappes contre l'État islamique partout, jusques et y compris chez Bachar al Assad qu'une rébellion armée par l'extérieur essaie vainement de déloger depuis trois ans ; en fait, il s’agit simplement d’amplifier une opération entamée en Irak depuis la mise à mort de groupes minoritaires, et d’en étendre le champ de bataille vers la Syrie. On arrivera peut-être à faire le lien avec les opérations françaises en cours dans le Sahel africain, pour boucler la boucle et essayer de mettre hors d’état de nuire des individus de tous horizons prétendant se battre au nom de l’Islam.

 

Ceci n'est pas le premier paradoxe de la décision américaine de la veille de l'anniversaire des attentats contre les tours jumelles ; les majors (Amérique, Grande-Bretagne et France) vivent de grandes difficultés intérieures qui restreignent la marge de manœuvre d'un Obama, d'un Cameron ou d'un Hollande  en bute à une opinion publique défavorable ou à une menace séparatiste de l’Écosse, au moment même où vient de décéder le seul unioniste d'une Irlande non encore totalement pacifiée ; tous espèrent donc un transfert psychologique lorsque la guerre resserre l'unité autour du président et renforce la cohésion nationale. Et chacun de tousser un peu plus fort que les autres pour asseoir une autorité intérieure qui lui échappe, comme le démontrent les démarches séparées de la France (invitation de l'Iran au sommet de Paris du 15 septembre et les hésitations des États-Unis à ce propos).

 

Des choix hasardeux dans des gouvernements fantoches (Pakistan, Afghanistan) et une mauvaise appréciation du Printemps arabe de 2010 ont prolongé la résistance contre un monde apparemment en guerre contre l'Islam depuis la création de l'État d'Israel, et pas seulement après l'Afghanistan post-Russie, comme le dit l'ancien Premier ministre français Dominique de Vilepin. L'exclusivisme intra-religieux d'un Maliki et d'un inamovible Karzaī, en Irak et en Afghanistan, les errements de l'exécutif  au Pakistan, en Égypte de Morsi, le vide institutionnel imposé en Libye avec l’assassinat de Khadafi ont entraîné une résistance interne et ouvert de larges boulevards de zones de non droit envahies par les brigands de tout acabit agissant au nom de la religion et contre la religion. La déstructuration sans restructuration de l'Égypte, de la Tunisie, de la Libye, de l'Afghanistan et du Pakistan, principalement, ont donné naissance à un réveil islamique de fondamentalistes illuminés. Des irrédentistes de tous bords.

 

Avec le renouveau islamiste de ces trente dernières années né principalement des événements d'Iran avec l'Ayatollah Khomeiny en lutte non armée contre le Shahbeaucoup d'études et d'analyses ont voulu circonscrire le phénomène au seul secteur musulman. C'est oublier l'apport et l'éclairage de l'extrême droite intégriste chrétienne sous la forme d'un "retour en force du religieux, de son identité et de ses nouvelles croisades sociétaires" (1). Le vocable reste le même, au-delà du cultuel, l'extrémisme, c'est-à-dire l'intégrisme, et il devient pluriel juif, bouddhiste, hindouiste, catholique, protestant, orthodoxe ou même... laïque, aux dires de Abramovich.

Mais comment comprendre qu'un concept basé sur l'égoïsme, le repli sur soi, un retour en fait à des fondamentaux poussé à des limites vitales du don de soi, puisse servir de prétexte à une ouverture vers les autres congénères afin de mieux les protéger, parfois contre eux-mêmes ? Car le fondamentalisme est également devenu islamiste, dans la cosmogonie musulmane qu'il transcende, puisqu'il n'est aujourd'hui possible d'appliquer la religion qu'en allant presque au-delà de la religion, dans une recherche d'un certain purisme qui enlève certaines scories au temps, à l'espace (destruction de symboles et d’objets et de lieux de culte, entre autres).

Comment les liens de serviabilité sociale se sont-ils transformés en liens de servitude et de servilité au sein de la confrérie des fous de Dieu, par exemple,  pour entraîner certaines inégalités sociales nées d'une nouvelle hiérarchisation des relations ?

Comment une mort voulue et programmée est-elle signe ou source de vie ? Quelle interprétation donner au triptyque de Durkheim dans sa modélisation du suicide, base ontologique et consubstantielle à l'activité d'un fou de Dieu ? Pourquoi l'extrême droite chrétienne n'est-elle pas arrivée au même niveau de sacrifice suprême que son parallèle musulman ou islamiste ?

Le refus d'une certaine modernité a conduit à un fondamentalisme qui a pris ses racines dans l'Église avec le concile de Vatican II ( 2). On notera par la suite que les intégristes chrétiens ont envahi les partis néofascistes comme le Front national français, le Vlaams Blok/Belang ou celui du FN belge ; ils se sont également constitués en blocs, dans les parlements démocratiques, pour défendre les valeurs de l'Occident chrétien contre les Juifs, principalement, l’étranger, en général.


Cette réponse rejoint partiellement la préoccupation de l'Église au Sénégal du "Témoignage chrétien" des années 80 lorsqu'un certain évêque de Kaolack invite les fidèles à être présents là où se prennent les décisions déterminant leur vie. Comme ailleurs, l'Eglise et les fidèles sénégalais ont compris les limites sociales de l'engagement militant (politique, syndical) et n'ont jamais débordé. L'Islam n'a pas eu la même patience anti-violence qui a initié et amplifié le phénomène de maintien d'un Septembre noir qui a varié ses méthodologies avec les variantes nées de la lutte pour la survie de l’Islam.

 

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NOTES

 

1-Manuel ABRAMOWICZ  : Le retour des fous de Dieu..., © RésistanceS – www.resistances.be - Bruxelles – Belgique – Mise en ligne sur le site de RésistanceS : 3 juillet 2005

 

2.Le 11 octobre 1962, Jean XXIII ouvrait à Rome le concile œcuménique Vatican II. Dans son discours d'ouverture, le Pape donna le ton et l'esprit des travaux: "Notre devoir n'est pas seulement de garder ce précieux trésor comme si nous n'avions souci que du passé, mais nous devons nous consacrer, résolument et sans crainte, à l'ouvre que réclame notre époque, poursuivant ainsi le chemin que l'Église parcourt depuis vingt siècles". De 1962 à 1965, ce concile rassemblant tous les évêques du monde fut un événement considérable par le nombre et l'importance de ces propositions(Internet)

 

3. Max Weber : « L'Ethique Protestante et l'Esprit du Capitalisme », PUF, 1968

4.Gaétan N. Yawo  : Les fous de  Dieu,  in "Afrique Espoir" N° 27  Juillet - Septembre 2004.

 

Pathé Mbodje, 26 mars 2011

 

Sur le Sénégal, « L'Observateur » n° 1556 du 27 novembre 2008 a consacré un important dossier à ce sujet, en pages 6 et 7.

 

source : Pathé Mbodje

 

 

 
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