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Que devient l’ancien DG de l’Agence Nationale pour l’Emploi des Jeunes (ANEJ) ?
 
A L’ANEJ, nous avons pu réaliser des choses au profit des jeunes et du personnel, dans le cadre de la mission qui nous était assignée. Nous avions trouvé l’Agence dans une situation extrêmement difficile que nous avons redressée. Nous avons réussi en un temps vraiment record, à faire des choses très positives au plan interne comme au plan externe. 
Au plan interne, nous avons réussi à revoir le budget à la hausse en le multipliant presque par quatre, à revoir les conditions sociales des agents en payant la dette sociale et en nous acquittant de nos cotisations. Le problème de la dette sociale a été également solutionné ainsi que les autres dettes que la structure devait aux différents fournisseurs. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de remercier le président de la République qui avait placé sa confiance en moi. 
 Ensuite, je  voudrais remercier mes collaborateurs avec qui nous avons abattu un travail remarquable. Je n’ai pas politisé la structure et malgré les maigres ressources dont nous disposions, nous avons réussi à nous acquitter de notre mission. 
Au plan externe, nous avons placé beaucoup de jeunes dans le cadre de l’emploi salarié en Arabie Saoudite, en France par exemple et au niveau de notre pays avec les sociétés privées publiques et parapubliques avec lesquelles nous étions en partenariat. Beaucoup de projets individuels et collectifs ont été élaborés au profit des jeunes. Le seul problème auquel nous faisions face, c’était celui relatif au financement de ces projets même si ce n’était pas de notre ressort.
Comme vous le savez, j’ai quitté l’ANEJ pour ensuite reprendre mes activités politiques et professionnelles. Disons que politiquement, étant à la tête de la structure des jeunes de notre parti et toujours responsable des jeunesses de la majorité présidentielle, j’ai accéléré la cadence. Pour les locales je suis superviseur politique à Ranérou. A Fatick, je suis conseiller municipal sortant et  investi sur la liste départementale, je suis aussi membre du bureau du comité électoral qui vient juste d’être porté sur les fonds baptismaux par M. le Président de notre parti. 
Du point de vue professionnel, j’ai repris mes activités, car j’ai toujours évolué dans le privé où j’ai toujours monnayé mes compétences.
 
Un point brûlant de l’actualité a trouvé heureusement un verdict d’apaisement, mais depuis des années les crises universitaires se répètent avec les mêmes problèmes qui reviennent. Vous, ancien étudiant et ancien responsable syndical, aujourd’hui responsable politique, comment entrevoyez-vous une solution durable ?
 
Le président de la République accorde une attention particulière à la condition de la jeunesse en général et à la situation des étudiants en particulier. Qui parle des étudiants, parle de la crème de la société, de l’élite, de ceux qui sont appelés à gérer le pays. Ma conviction est que l’Université doit répondre à son credo, demeurer le temple du savoir qui lui vaut sa devise « Lux mea lex, la lumière est ma loi ». Elle ne doit pas être un lieu où la violence est toujours présente. Nous condamnons les actes de violence.
Maintenant au-delà de tout cela, l’université a un problème de surpeuplement avec environ 80 000 étudiants à Cheikh Anta DIOP par exemple, ce qui pose un problème tant du point de vue pédagogique, que du point de vue social. Par conséquent, il faut qu’on apporte une solution structurelle durable à cela. Cette solution, je crois qu’elle se trouve au niveau des réformes de l’enseignement supérieur, conformément aux engagements pris par le Chef de l’Etat vis-à-vis de la jeunesse en matière de formation et d’éducation. Maintenant dans l’application de ces réformes, nous avons constaté quelques problèmes. Parmi les 78 recommandations proposées sur la base d’une démarche participative et inclusive, je pense que seuls trois points posent problème au niveau des étudiants. Certains parmi eux sont convaincus qu’on veut leur retirer certains privilèges. Je précise seulement que la méthode a été consensuelle, car dans la commission dirigée par le professeur Souleymane Bachir Diagne, il y avait tous les acteurs dont les délégués des étudiants.
Il y a eu les assises, la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur avec les 78 mesures que nous sommes en train d’appliquer, en passant par la gouvernance, la recherche, l’innovation et le financement pour que l’université soit inscrite sur une démarche de qualité. Maintenant, il y a quelques pommes de discorde, deux ou trois mesures qui posent problèmes, les bourses en font partie. Ma conviction est que le système doit être basé sur le mérite, l’excellence et la performance. Sinon cela relève du populisme et de la démagogie. Voilà le discours de vérité qu’il faudra tenir et c’est tout ce qui peut aider nos jeunes frères à étudier sérieusement et entrer dans la vie active dans un temps raisonnable. Je suis en phase avec les réformes. Et j’invite les étudiants à accorder davantage d’attention à ces réformes qui vont dans le sens de leurs intérêts et de celui de l’école sénégalaise qui doit impérativement s’adapter au reste du monde avec l’entrée en vigueur du système LMD. Notre pays ne doit pas être en reste. Je lance un appel au dialogue au dépassement et à une reprise effective des cours pour l’intérêt de tout le monde.
 
Ne pensez-vous pas qu’une réforme doit être progressive et non brutale dans son application?
 
De mon point de vue, on n’est pas allé trop vite. Tout le monde est d’accord par rapport à la pertinence des réformes : trouver des solutions aux problèmes de l’université qui est dans une situation presque de blocage et n’offrant pas beaucoup de perspectives. Comme je l’ai dit tantôt, c’est sur la base de la concertation avec tous les acteurs que nous avons entrepris ces réformes. Il y avait une commission dans laquelle tous les acteurs de l’espace universitaire, professeurs, enseignants, les délégués des universités, la presse, société civile, parents d’élèves…tout le monde était présent dans cette commission. Tous les avis ont été pris en compte. On est passé à la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur. C’est ainsi que des mesures ont été retenues prenant en compte les avis et intérêts des étudiants. Et seules deux ou trois mesures posent problème. Il faut approfondir la discussion, privilégier le dialogue pour trouver un consensus plus large, pas une unanimité, pour que les cours puissent reprendre le plus rapidement possible, au grand bénéfice des étudiants, du peuple.
 
Mais n'y a-t-il pas une politisation de l’espace universitaire?
 
C’est vrai que tout cela coïncide avec l’arrivée de Wade; si on prend en compte les propos qu’il avait tenus à l’occasion du meeting qui a suivi son arrivée, on y trouve un lien direct par rapport à la situation qui prévaut à l’université. C’est vrai qu’on parle de manipulation et de politisation avec Wade qui lance des appels non suivis à l’insurrection et au renversement du pouvoir du président le mieux élu de toute l’histoire politique du Sénégal; mais ma conviction est que c’est donner plus de pouvoir à ce vieux qui ne contrôle même pas son parti qui a éclaté en mille morceaux. Je lance un appel aux jeunes, aux étudiants de ne pas suivre Abdoulaye Wade dans la rue. C’est un homme qui aime les spectacles qui sont souvent tragiques et ensanglantés. Wade est un danger public ambulant à ne pas suivre et à éviter parce qu'il aime marcher sur des cadavres pour avoir le pouvoir, contrairement à ce qu’il raconte. Bref, je voudrais lancer un appel à des discussions rapides entre les autorités ministérielles et les délégués des étudiants.
 
 Depuis son retour, Wade galvanise et revigore ses troupes. Idy avec Thiès qui est sa chasse-gardée, cela fait deux équations pour l’APR. Ne croyez-vous pas que vous allez vers des locales à risque ?
 
Nous n’avons pas de problème par rapport à cela. Nous sommes d’accord que Wade puisse aller et venir, se déplacer. C’est un droit constitutionnel en son article huit. Il peut apporter son soutien à son fils qui a des difficultés avec la justice. C’est compréhensible. Mais au-delà de cela, il a deux options : il garde son statut d’ancien Chef d’Etat à l’image de Senghor, à l’académie française après son règne, ou Abdou Diouf à la francophonie. C’est la raison pour laquelle son traitement salarial a été revu à la hausse, un personnel administratif et technique mis à sa disposition. Il est entretenu et payé par l’Etat du Sénégal. Qu’il se comporte en sage.
L’autre option que nous n’arrivons pas à comprendre est que c’est pour la première fois dans l’histoire politique de ce pays, qu’un président après sa chute, essaie de s’accrocher à un parti. S’il se comporte en homme politique, en opposant, il donne certes des coups, mais qu’il accepte d’en recevoir. C’est la logique, c’est ce qui cohérent! J’en profite pour lancer deux appels : d'abord à la jeunesse sénégalaise, je demande de ne pas le suivre parce que c’est un homme dangereux. Il répète qu’il ne veut pas marcher sur des cadavres pour accéder à la magistrature suprême. C’est faux et archifaux, car l’histoire est là! Abdoulaye Wade a marché sur des cadavres, cité dans des meurtres, des assassinats pour arriver à la magistrature. En 1994, six policiers ont été assassinés à cause de Abdoulaye Wade. Abdoulaye Wade Yinghou, Mamadou Diop, Malick Bâ, Balla Gaye ont tous été tués à cause de Wade, de son entêtement d’accéder ou de rester au pouvoir.
C’est quelqu’un qui sait faire du spectacle, des spectacles tragiques qui se terminent souvent par des morts d’hommes. Il a fait son temps et a été chassé par les Sénégalais. Son successeur, le président Macky Sall est le président le mieux élu du Sénégal. Si je vois Wade rendre visite à des familles religieuses et maraboutiques, cela me fait rire, parce que les faits sont têtus. L’Histoire parle d’elle-même.
Il a eu à dire publiquement son appartenance à des loges maçonniques. Il a eu à manquer publiquement de respect à Serigne Bara M'Backé alors khalife des mourides qui était venu lui rendre visite au Palais de la République. Il a eu à injurier publiquement nos frères et sœurs de la communauté chrétienne au CICES,  Il a eu à fâcher et manquer de respect aux tidianes. Donc Wade souffle le chaud et le froid. C’est une démarche purement hypocrite que nous condamnons et dénonçons.
 Ensuite à l’Etat, je lance un appel pour que force reste à la loi. La loi doit s’appliquer à tout le monde, surtout aux fauteurs de troubles. Dans un pays, il y a un temps pour la politique et un temps pour le travail. Pour la politique, le président Macky Sall a été élu avec un score honorable de presque 66%.
 
Mais le retour de Wade a mobilisé, c’est indéniable, ce qui est un défi pour vous pour les locales ?
Pour moi, c’est un autre problème, car c’est comme si au PDS, il n’y a pas un homme capable à part Abdoulaye Wade et son fils. C’est pourquoi, il veut tout pour sa famille et son fils au détriment des responsables du PDS. Il a eu à le dire, son fils est le meilleur, le plus intelligent de tous les jeunes du Sénégal. Sur la base d’un sondage sorti de nulle part, il a eu à dire que son fils se retrouverait au second tour avec le président Macky Sall aux élections présidentielles. Un manque de respect notoire aux autres responsables du PDS. Un parti qui est devenu une armée mexicaine où personne n’accepte de se ranger derrière un autre. Abdoulaye Wade est un serpent qui n’a plus de venin. Les gens qu’il mobilise durant ses meetings, il est incapable de les transformer en électeurs.
 
L’autre équation pour vous aussi, c’est Idy. Et c’est sûr qu'il ne voudra pour rien perdre la mairie de Thiès. C'est presque un combat de survie pour lui!
Heureusement, vous avez seulement parlé de la ville de Thiès sur 602 Collectivités locales que compte le Sénégal, sur 45 départements, 14 régions. Vous venez donc de confirmer qu’il est un responsable d’envergure locale qui ne peut pas nous faire peur. C’est un homme qui passe tout son temps à raconter des contrevérités, à faire de l’amalgame à verser dans la confusion. Idrissa SECK est un Sénégalais de la diaspora en vacances. Les Sénégalais ne sont pas dupes, Ils ne sont pas amnésiques. Nous avons une idée précise de sa personnalité. Les problèmes des thiessois ne l’intéressent pas. Il a choisi de vivre à l’hôtel Saint James et de venir en vacances au Sénégal. Il est passé de 500 000 voix à 200 000 voix. De 14% à 7%. Il a perdu tous ses lieutenants, dont Oumar GUEYE et consécutivement il a perdu Sangalkam. Il est en chute libre parce que inconstant et versatile, adepte du yoyo politique. D’accord, c’est un poids lourd médiatique, mais un poids plume électoral !  
 
 Certains de vos alliés ont beaucoup râlé durant les préparatifs des locales, parlant de boulimie de l’APR. Est-ce que ces joutes locales annoncent la fin de la mouvance présidentielle ?
 
Non je ne le crois pas ! Nous sommes arrivés au pouvoir dans le cadre d’une coalition de coalitions dénommée Benno Bok Yaakaar. Nous avons fait mieux que Wade. C’est pour la première fois dans ce pays qu’une coalition vive aussi longtemps. Car après avoir été cherché en France, alors qu’il n'y croyait pas du tout, Wade avait chassé Dansokho après que la CA 2000 l’eut emmené au pouvoir, 11 mois après c’était au tour de Moustapha NIASSE d’être trahi par Wade.
Avec Benno, à part le départ de Idrissa Seck, il n’y a pas eu d’autres départs. Donc, nous sommes en train de respecter notre credo qui est de gagner ensemble, et de gouverner ensemble. Nous sommes en train de respecter la promesse faite au peuple souverain sénégalais et l’engagement pris au niveau de nos alliés. La preuve au niveau du gouvernement, nous avons dans tous les segments nos différents alliés, au niveau de l’Assemblée nous en avons même fait trop. C’est la première fois qu’un parti politique au pouvoir, socle de l’équipe qui gouverne ce pays, ne soit pas majoritaire à l’Assemblé nationale. On ne peut pas nous accuser de boulimie. Ce que nous attendons de nos alliés, c’est qu’ils défendent aussi le Président, et qu’ils vulgarisent les réalisations du gouvernement.
 
En plus clair, si Mimi battait Khalifa, si l’APR gagnait des localités adverses, cela ne changerait rien dans la configuration de la Mouvance ?
Avec Khalifa on a tout fait pour aller ensemble, mais il a un objectif précis qui ne prend même pas en compte les intérêts du PS, son propre parti. Il a un objectif personnel. Partout, on a tout fait pour aller sous la bannière de Benno Bokk Yakaar. Les locales c’est dans un mois, nous sommes optimistes et confiants. Nous allons parachever la victoire, après celles de la présidentielle et des législatives de façon éclatante et donner au président les coudées franches pour la mise en œuvre de l’acte 3 de la décentralisation et du Plan Sénégal Emergent. 
Je confirme votre hypothèse, l’équipe dirigée par notre camarade, Mme le premier Ministre Aminita TOURE et aidé en cela par Adama FAYE, va battre Khalifa Sall. A Grand -Yoff il n y a pas de liste contestataire. Tout le monde est ensemble pour barrer la route à Khalifa qui vient de dire publiquement que Grand-Yoff est un escalier pour atteindre Dakar et qui vient de prouver que le Ps ne l’intéresse pas.
 
Nous entendons souvent que l’APR se leurre en confondant les 65% de voix qui ont élu le président Macky, à son poids réel. Alors avec les locales, peut-on parler de jauge politique ?
Nous croyons en la victoire, les Sénégalais sont conscients de l’importance et des enjeux de l’acte 3 de la décentralisation qui, de la simplification du vocabulaire, va consacrer la communalisation universelle, donner plus de pouvoir aux communes et faire disparaître les communautés rurales.
Pour l’APR nous avions deux défis majeurs après avoir porté notre parti sur les fonts baptismaux : l’accession au pouvoir pour apporter des solutions aux problèmes des sénégalais et la structuration. Nous avons été un peu partout prendre langue avec les Sénégalais, identifier les problèmes auxquels, ils font face. Nous avons élaboré un projet de société soumis au peuple sénégalais qui a été sanctionné de façon positive. Donc le premier défi a été relevé, notre stratégie a été payante, le deuxième défi qu’il nous reste à relever c’est la structuration. Tous les problèmes que nous rencontrons sont issus de ce manque de structuration. Nous en sommes à la première étape du processus structurel à savoir l’installation des structures de base : les comités. Il nous reste les étapes comme la section, la coordination, la convention, les instances au sommet et les organismes internes Nous sommes à moins de 10% à ce niveau. Il nous reste à passer aux étapes supérieures.
Après les locales, on doit structurer l’APR pour savoir réellement qui est qui et qui pèse quoi. Ce sera en quelque sorte des primaires. Nous restons le seul parti à être presque partout sur toute l’étendue du territoire national. Nous allons aux locales dans certaines localités sur la base de deux listes. Ceux qui ont pris leur responsabilité, s’ils gagnent, ils seront remerciés par le président du parti, mais ceux qui vont conduire le parti à une défaite seront sanctionnés...
SOURCE: http://www.dakaractu.com/Entretien-avec-Birame-Faye-responsable-aperiste-et-ancien-DG-de-l-ANEJ-Wade-est-un-serpent-sans-venin-Idy-un-poids_a67697.html