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PROPOSITION DE SUPPRESSION DE LA LISTE PROPORTIONNELLE - Certains alliés de Macky Sall pas d’accord, l’Afp  pas contre

L'OBS - Alors que le doute subsiste quant à la tenue des élections locales, le 29 juin prochain, Macky Sall cherche déjà à modifier le scrutin. Le chef de l’Etat voudrait instaurer la majorité intégrale, en proposant un scrutin de listes départementales majoritaires à un seul tour, éliminant ainsi la liste proportionnelle. Une proposition que certains de ses alliés de la coalition Benno Bokk Yaakaar ne partagent pas.

Instaurer la majorité intégrale en éliminant la liste proportionnelle aux prochaines élections locales, afin que toute liste qui sort majoritaire, même par une seule voix, remporte tous les sièges en compétition. C’est la proposition faite par l’Apr lors des travaux du Comité technique de la revue du Code électoral, ce mardi. Adoptée, cette idée du parti au pouvoir ouvrirait l’ère des Chambres monocolores au Sénégal. Mais les alliés de Macky Sall au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar ne sont pas vraiment en phase avec lui sur cette question. Tout en précisant que son parti n’en a pas encore officiellement discuté, le Secrétaire général de la Ligue démocratique exprime son opinion. «Nous n’en n’avons pas encore discuté. Mais sur le principe, il est clair que nous ne sommes pas démocratiquement pour, déclare Mamadou Ndoye, parce que la représentation proportionnelle permet normalement de prendre en compte la diversité politique qui est en place.» M. Ndoye soutient que deux nécessités ont été posées et respectées, à savoir la stabilité des institutions, c’est-à-dire avoir une majorité stable qui puisse diriger normalement les collectivités locales. Ce qui est assuré par la liste majoritaire et la représentation des diverses sensibilités politiques qui existent dans le pays, permise par la proportionnelle. «Donc dire qu’il faut prendre une majorité absolue pour l’ensemble des sièges est contraire à ce respect de la diversité politique et contraire également à la représentation démocratique, estime M. Ndoye. Ce serait non seulement exclure les sensibilités, mais aussi les électeurs qui font confiance à certains partis et pas à d’autres.»

«C’est extrêmement dangereux comme proposition»

Du côté du mouvement Bës du niakk, on déplore tout d’abord le fait de ne pas avoir été consultés par l’Apr au sujet de cette proposition. De l’avis de Cheikhou Oumar Sy, député et membre du Directoire de Bës du niakk, cette proposition marque un recul démocratique. «Nous l’avons appris par voie de presse, mais je pense que ce serait un recul démocratique, on a besoin d’une diversité pour une contradiction dans une structure, ça va tuer le débat au sein des mairies et créer des dérives.» Le responsable du mouvement de Serigne Mansour Sy Djamil trouve que «c’est extrêmement dangereux comme proposition», d’autant plus que la démocratie participative prévoit que d’autres partis puissent participer à la gestion collective des cités. «Qu’un parti au pouvoir propose que les mairies soient gérées intégralement par ceux qui gagnent, c’est ne pas respecter la démocratie et ses alliés, juge M. Sy. La réflexion devait être menée au niveau des collectivités locales.» Le député rappelle que la démocratie veut qu’il y ait des voix divergentes pour plus d’équilibre, et s’il n’y a pas d’opposition dans une démocratie, on s’achemine directement vers la dictature.

L’Afp pas contre, le Pit va se concerter

Pour sa part, le Pit ne souhaite pas trop s’avancer sur le sujet pour le moment. «Le Pit va se concerter au sein de Benno Siggil Senegaal et ensuite avec les autres composantes de BBY qui voudront bien échanger avec nous pour arrêter une position définitive, indique le Secrétaire général, Maguette Thiam. Donc ce sera en concertation avec toutes les composantes de BSS et au-delà, avec tous ceux qui seraient d’accord pour y procéder, mais cela bien sûr en analysant toutes les perspectives qui vont découler de chaque position.» Sans aller plus loin, M. Thiam souligne : «On ne peut pas réagir du tic au tac alors que nous partageons le contexte qui a conduit à cette proposition, nous sommes ensemble au sein d’une coalition, c’est un processus électoral, donc les partis et coalitions qui vont y participer vont certainement procéder à des analyses suffisamment larges pour arrêter leurs décisions.» Autre parti, autre point de vue. L’Alliance des forces de progrès (Afp) est-elle en phase avec la proposition de l’Apr ? «L’Afp n’est pas contre la proposition, soutient Dr Malick Diop, porte-parole des Progressistes. Mais nous sommes dans une concertation et c’est pour que chacun donne son avis. Le plus important, c’est qu’il y ait un consensus global.» Les camarades de Moustapha Niasse qui rappellent qu’ils sont dans la mouvance présidentielle sont d’avis que ce qui compte c’est que tout le monde puisse se retrouver et que les élections se déroulent normalement. «La mouvance présidentielle parle d’une seule et même voix et tout le monde doit se retrouver autour de l’essentiel.»

ADAMA DIENG

SOURCE: http://www.gfm.sn/actualites/item/11035-proposition-de-suppression-de-la-liste-proportionnelle-certains-allies-de-macky-sall-pas-daccord-lafp-pas-contre.html