C’est une autre forme de communication qui lui permet de se retirer un peu et de laisser parler ses lieutenants, c’est-à-dire ses conseillers. Lorsqu’on est seulement ministre, on peut avoir quelques latitudes parce qu’on est un élément d’un groupe, mais quand on est Premier ministre, c’est comme s’il y avait une certaine dualité avec le président de la République. Le poste de Premier ministre n’est que le prolongement de la pensée et de la vision du chef de l’Etat, ce qui fait que c’est un poste très difficile. Si l’on s’y engage politiquement, les détracteurs qui sont dans le parti mais aussi à l’extérieur essaient de donner une autre envergure à cet engagement, en faisant croire que vous voulez remplacer le Président. Mais d’un autre côté, si l’on se limite aux projets et programmes du Président, on ne sera pas engagé politiquement. Au ministère de la Justice, Mimi Touré était un élément d’une totalité. Mais aujourd’hui, elle est à la plus haute sphère et elle doit gérer. Il y a aussi la reproduction sociale, ceux qui étaient dans les régimes passés ont vu comment il peut y avoir une dualité entre le Pm et le chef de l’Etat. Macky Sall a été Pm et il est devenu Président, il a également été Directeur de campagne tout comme Mimi Touré. Donc aujourd’hui, il est dans une double facette, est-ce que l’histoire ne se répétera pas ? Il a été victime et a fini par se positionner, est-ce qu’il va laisser un autre avoir la même attitude ? Il sera donc beaucoup plus regardant, il connaît bien le poste de Pm et sait comment quelqu’un qui est à ce poste peut arriver à enrôler un certain nombre de personnes. Si on laisse Mimi Touré faire son maillage dans le pays, le Président peut penser qu’elle marche sur ses pas en cherchant à avoir une base politique. Ce qui est sûr, c’est que le Président est un bon politicien, parce qu’il a rampé pour arriver là où il est. C’est ce qui fait qu’il comprend mieux que les autres les rouages de l’Etat.»
ADAMA DIENG