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économie verte   Réunis à Kinshasa, du 27 au 30 octobre, les ministres en charge des Forêts et de l´Environnement de dix pays d´Afrique Centrale ont adopté les textes portant création du Fonds pour l’Economie Verte en Afrique Centrale et la transformation structurelle de l’Economie de leurs ressources naturelles. Les Chefs d´Etat membres de la Communauté Economique des Etats d´Afrique Centrale (CEEAC) devront, en dernière lecture, approuver ces textes au cours du XVème sommet de l´organisation prévue en fin novembre à Ndjamena, capitale du Tchad.  

 

Les conclusions de cette réunion de Kinshasa représentent ainsi un premier pas vers une restructuration globale de l’économie de l’Afrique Centrale, autour du système de l’économie verte et en particulier de l’économie du bois.

 

 
L’un des objectifs majeurs pour les pays de l’Afrique Centrale est principalement de modifier un modèle économique qui repose largement sur les ressources naturelles issues du sous-sol : minerais, pétrole et gaz. 
 
Ces ressources conduisent la région à une croissance largement positive, près de 6%, mais force est de constater que cette croissance ne profite pas à l’ensemble de la population. Certaines régions souffrent en effet d’un taux de pauvreté pouvant atteindre 70%.
 
Des études démontrent que l’économie du bois pourra peser de 3 à 8% sur les grandes économies de la région et que celle-ci est à même de générer un grand nombre d’emplois, une préoccupation majeure dans de nombreux pays de la région.
 
La conférence a permis de statuer sur un certain nombre de projets destinés à former le maillage du système de l’économie verte et alimentés par le nouveau Fonds pour l’économie verte. Pays hôte de la conférence, la République Démocratique du Congo (RDC) a annoncé, à l´entame des travaux, une contribution volontaire de 3 millions de dollars pour le démarrage dudit fonds. Le mécanisme de financement de ce fonds reste cependant à déterminer. Plusieurs options sont à l´étude, parmi celles-ci une taxe qui pourrait être prélevée sur les importations des pays membres de la CEEAC, en particulier sur celles touchant les produits dérivés du bois. 
 
Les projets de la CEEAC répondent aux objectifs régionaux de développement de l’économie des ressources naturelles dans un cadre qui corresponde aux objectifs et aux recommandations établis au cours des 20 dernières années par les conférences de Rio et Rio +20. Ils permettent de développer des circuits économiques locaux, nationaux, régionaux et internationaux qui ouvrent des perspectives d’emploi à des populations qui en étaient exclues jusqu’ici. Les PME/PMI sont perçues comme la voie obligée pour booster le secteur, avec le concours des artisans, acteurs du secteur informel qui portent en grande partie la production nationale du bois et qui sont en relation avec les grands producteurs. 
 
Ces projets doivent être adoptés et répartis entre les pays selon leur intérêt pour les objectifs recherchés et non pas seulement selon ce qu’ils souhaitent individuellement en fonction de leurs capacités et des espoirs qu’ils ont d’en tirer des revenus, à terme. Il faudra sans doute aider les pays moins dynamiques ou ne possédant pas l’expertise nécessaire pour établir des projets solides afin qu’ils profitent, eux aussi, d’une évolution qui doit atteindre la région entière.
 
"L’Afrique Centrale parvient aujourd’hui, pour la première fois, à faire entrer l’environnement dans la structure économique même des pays de la région", se réjouit le Dr. Honoré Tabuna, Expert Valorisation biodiversité et Economie de l'Environnement, et coordonnateur de l’organisation de la Conférence. "Nous arrivons enfin aux étapes de conclusion et de mise en application pratique d’un processus entamé à Rio en 1992. Il nous faut désormais parler d’économie pour pouvoir mettre en place un nouvel équilibre de développement durable appuyé sur le système de l’économie verte en Afrique Centrale», argumente-t-il.
 
"L’économie du bois prend donc aujourd’hui une dimension de nature à convaincre les véritables décideurs des pays d’Afrique Centrale qu’un virage vers une économie verte représente un virage économique positif pour l’ensemble de l’économie de la région", renchérit Tabuna.
 
Il faut relever que l’action des grands acteurs régionaux pour créer un nouveau "moteur"  pour l’économie verte donne de la force aux pays qui luttent contre l'exploitation forestière illégale tout en favorisant la bonne gouvernance forestière. Cet important mouvement pour l'économie verte, adossé à l'engagement révolutionnaire des ministres de Finances, apportera des changements régionaux et attirera des investissements pour aider les pays engagés dans le processus FLEGT et qui ont signé des accords de partenariat volontaires avec l’UE. 
 
Les Accords de partenariat volontaires (APV) sont des accords commerciaux bilatéraux entre l’UE et un pays exportateur de bois. L’élément essentiel de l’APV est l’élaboration et la mise en place par le pays partenaire d’un régime d’autorisation relatif au bois. Toutes les exportations de bois vers l’UE doivent être conformes aux exigences de ce régime. De plus, chaque pays de l’UE a la responsabilité d’empêcher la mise sur le marché́ de bois non accompagné d’une autorisation.
 
Le Gabon qui avait décidé en 2010 l´interdiction de l´exportation brute des grumes pour accélérer l´industrialisation de la filière bois enregistre déjà les retombées significatives de cette politique. Un des premiers résultats positifs est l´évolution significative du chiffre d´affaires de la filière bois qui est passé de 100 milliards de francs CFA en 2010, à 350 milliards de francs CFA en 2013. 
 
"Cette évolution montre bien que la transformation locale de nos matières premières dans un souci de respect de l´environnement est une source importante de valeur ajoutée", souligne Serge Thierry Mickoto, Administrateur-Directeur Général du Fonds Gabonais d´Investissement Stratégique. 
 
Avec un taux de croissance globale annuelle de l´ordre de 6%, les pays membres de la CEEAC aspirent à l´émergence à l´horizon de 2025-30. Une ambition tout à fait leur portée, en raison du  potentiel de la région en ressources naturelles : premier réseau hydrographique du continent, des forêts du Bassin du Congo, le deuxième massif forestier tropical après l´Amazonie qui s´étend sur une superficie 300 millions d´hectares, d´importants gisements de pétrole off shore et d´importantes réserves de minerais dont le coltan (85% des réserves mondiales). 
 
(Correspondance particulière)
Source:http://www.sudonline.sn/tremplin-pour-l%C2%B4emergence-a-l%C2%B4horizon-2025_a_21512.html