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Saint-Louis

Les pêcheurs du quartier de Guet-Ndar ont certainement écrit hier l’une des pages les plus sombres de l’histoire de la ville de Saint-Louis. Ils ont transformé une marche pacifique autorisée par le préfet du département en une véritable «intifada», installant ainsi la ville dans le chaos pendant toute une journée.

Jamais de mémoire de Saint-Louisien on a vécu une telle situation dans une ville réputée calme et paisible. Les jeunes pêcheurs de la Langue de barbarie ont installé la peur chez les populations durant toute la journée d’hier en affrontant la police qui était déterminée à les empêcher d’installer le désordre. Tout est parti d’une marche pacifique pour dénoncer l’arraisonnement de leurs pirogues par les gardes côtes mauritaniens organisée par des pêcheurs des quartiers de Goxu Mbadj et de Ndar Toute, autorisée par le préfet du département et qui s’est déroulée dans de bonnes conditions suivant l’itinéraire tracé par les autorités.


Les ponts Faidherbe Moustapha Malick Gaye barrés
Seulement, les marcheurs n’avaient pas compté avec la détermination de jeunes pêcheurs décidés à exprimer à leur manière leur courroux aux autorités. Alors que les initiateurs de la marche cherchaient en effet à rencontrer le gouverneur, une partie de la foule a décidé de barrer le pont Faidherbe arrêtant du coup la circulation. 
Face à leur refus de libérer les lieux, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour les y obliger avant de les convaincre à se replier. Déterminés à poursuivre leur marche, les jeunes ont alors jeté des pierres aux Forces de l’ordre qui les ont obligés à quitter l’île. Une fois du côté de la Langue de barbarie, les manifestants ont alors transformé la ville en un véritable champ de bataille en bloquant le pont Moustapha Malick Gaye reliant la Langue de barbarie à l’île par une pirogue avant  de brûler des restes de pirogues sur la chaussée. Il s’en est suivi un face à face qui aura duré presque onze tours d’horloge entre les jeunes armés de pierres et la police épaulée par la gendarmerie et usant de gaz lacrymogènes pour les repousser. 
Ces affrontements ont ainsi coupé la langue de barbarie du reste de la ville de l’île. Les populations tenues en otage, ne sachant plus où donner de la tête ont fait recours aux pirogues soit pour aller de l’île à la Langue de barbarie où vice-versa. Non contents d’avoir mis un terme à toutes les activités commerciales dans une zone où se trouve le grand marché de Ndar Toute, les pêcheurs ont également déversé leur colère sur des automobilistes en brûlant deux véhicules, un car rapide et la voiture 4X4 du chef du service des pêches.
Venu en sapeur pompier l’ex-ministre des Affaires étrangères, Alioune Badara Cissé, n’a pas été écouté par les populations qui l’ont même hué. Me Cissé, qui dit avoir recueilli les explications des autorités,  a déclaré que ces derniers ont avoué n’avoir pas eu une bonne écoute quant aux doléances des marcheurs mais qu’ils sont disposés désormais à les écouter. 

«Macky Sall n’a aucune considération pour nous»
Se  prononçant sur les doléances des pêcheurs, Alioune Badara Cissé a déclaré qu’elles sont légitimes. A son avis les autorités sénégalaises doivent prendre à bras le corps cette affaire et prendre langue avec les autorités mauritaniennes afin de trouver une solution définitive permettant de ramener la paix entre les différentes partie prenantes.
Finalement, c’est à la faveur de la nuit et avec l’implication de plusieurs bonnes volontés que les marcheurs ont accepté de mettre fin à leurs agissements.
Avant ces affrontements, Baye Fall, porte-parole des marcheurs avait déploré l’attitude des autorités sénégalaises qui n’ont rien fait en faveur des pêcheurs, selon lui. «Le chef de l’Etat Macky Sall n’a aucune politique pour les pêcheurs, il n’a rien fait de ce qu’il nous avait promis. A la limite, il n’a même aucune considération pour nous», a-t-il pesté. «Les pêcheurs, a-t-il ajouté, n’attendent rien de l’Etat sinon qu’il surveille les frontières nationales et mette un terme à l’arraisonnement abusif de pirogues guet-ndariennes et aux multiples tracasseries dont les pêcheurs font l’objet de la part des gardes-côtes mauritaniens.»
Pourtant, il y a quelques mois après un déplacement en terre mauritanienne, le ministre de la Pêche, Haïdar El Aly, avait rendu visite aux pêcheurs de la ville de Saint-Louis pour leur annoncer une série de mesures allant dans le sens de leur faciliter la pratique de leurs activités dans les eaux de ce pays, mais apparemment c’était encore un coup d’épée dans l’eau.

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Correspondant

SOURCE/ http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6628-guet-ndar-intifada-contre-larraisonnement-de-leurs-pirogues--les-pecheurs-lancent-des-filets-de-pierres