DÉPÊCHES
Outils
Vos reglages
  • Plus petit Petit Moyen Grand Plus grand
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times
pauvretéAlors que l’effervescence politique actuelle polarise l'attention des médias, la famine frappe à la porte des Sénégalais, surtout ceux du monde rural. Les résultats d’une étude démontrent que 675 000 Sénégalais, soit 5% des ménages, sont en insécurité alimentaire sévère. Le Forum civil tire la sonnette d’alarme.

Les chiffres donnent froid dans le dos. 675 000 Sénégalais sont dans une insécurité alimentaire sévère. En d’autres termes, cette frange de la population possède déjà un pied dans la famine. Il faut ajouter à ce tableau sombre 1 863 000 personnes, soit 13,8% de la population, en insécurité alimentaire modérée. Cette étude menée par le Secrétariat exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire (SE/CNSA), à travers son Système d’alerte précoce (SAP), a été réalisée en juin 2013.

Cette situation qui flirte avec le drame s’accommode mal, selon les membres du Forum civil, ‘’de l’effervescence politique actuelle qui polarise essentiellement l’intérêt de la classe politique qui semble peu s’en soucier’’. Malheureusement, les citoyens dans le monde rural qui représentent 60% de la population sont faiblement organisés pour refléter la situation de précarité qui sévit dans leur terroir. Pour ne rien arranger, le Forum civil regrette le fait que les médias semblent y accorder peu d’intérêt, d’autant plus que l’espace public au Sénégal est fortement politisé.

Portant sur la sécurité alimentaire et la nutrition, l’étude a été menée en vue de disposer d’une cartographie actuelle de la situation alimentaire et nutritionnelle. Elle révèle en outre que 10 959 000 des Sénégalais soit 81,2% sont en sécurité alimentaire. Au total donc, l’étude montre que 18,8% des ménages sont en insécurité alimentaire, soit 282 000 ménages environ. 

Quant à la prévalence moyenne nationale de la Malnutrition aiguë globale (MAG) chez les enfants de 6 à 59 mois, elle se situe à 9,1% [8,4 - 9,8 IC], indiquant une situation de précarité grave dans l’ensemble'', selon l’étude. Dans une note parvenue hier à EnQuête, le groupe de travail du Forum civil sur la gouvernance dans le secteur de l'agriculture a pointé du doigt la situation assez précaire dans laquelle vivent les cultivateurs.

''Sur le plan agricole, l’évaluation préliminaire des récoltes de la campagne 2013/2014 présente une production agricole céréalière prévisionnelle déficitaire par rapport à celle de 2012/2013 et à la moyenne des cinq dernières années (2008-2012), avec respectivement 12% et 17%. La production céréalière prévisionnelle se traduit ainsi par un disponible apparent de 166 kg/personne/an au lieu de 185 kg/pers/an, selon les normes de la FAO'', lit-on dans le communiqué. 

70% de taux de pauvreté dans le Sud du pays

Évidemment, les conséquences d’une telle situation sont multiples. Elles font que ''l’insécurité alimentaire, la malnutrition et la mortalité maternelle et infantile continuent de prévaloir fortement en milieu rural''. Selon l’UNICEF, le taux de pauvreté dans le monde rural est de 57% contre 26% à Dakar. Le Sud du pays est plus touché avec une moyenne de 70% de pauvres à cause du conflit armé qui rend beaucoup de zones agricoles inaccessibles pour les paysans. Face à la situation, le Forum civil propose des solutions afin de résorber les problèmes.

A son avis, les écueils notés sont des résultantes des ‘’mauvaises politiques agricoles de l’État’’. Ce dernier a souvent recours aux ententes directes dans l'attribution des marchés et ne protège pas assez les éleveurs victimes de vols de bétail.

''Un audit sérieux du financement des dernières campagnes agricoles afin d’évaluer les circuits de financement et  de distribution des intrants, fournis par l’État, un audit rigoureux des marchés publics dans le secteur agricole, une évaluation du système public de formation et d’accompagnement des paysans'' sont proposés comme entre autres solutions.

Aussi, la promotion d’une agriculture familiale intensive doit être renforcée, toute l’année, pour réduire la pauvreté, la malnutrition et atteindre la sécurité alimentaire. Il a été également préconisé une meilleure gouvernance du foncier. A cet effet, les femmes qui constituent plus de 60% de la population active en milieu rural doivent accéder aux terres et aux moyens de production pour que la lutte contre la pauvreté et la malnutrition soit plus efficace. 

BIGUE BOB

SOURCE: http://www.enqueteplus.com/content/pauvret%C3%A9-au-senegal-675%C2%A0000-s%C3%A9n%C3%A9galais-au-bord-de-la-famine