Par SENETOILE NEWS le jeudi 17 janvier 2019
Catégorie: Web NEWS

Emmanuel Macron, utilisateur de Gmail: pourquoi cela peut poser problème

D’après Le Monde, Emmanuel Macron échangerait de nombreux messages par le biais de son compte personnel Gmail. Mais utiliser la messagerie de Google au sommet de l’Etat soulève des questions de cybersécurité.

 “Outre ses messages nocturnes sur Telegram (une messagerie dont le contenu est chiffré de bout en bout, ndlr), le chef de l’Etat échangerait aussi beaucoup par le biais de son adresse Gmail personnelle, dont il est le seul à détenir les codes d’accès”. Dans un article du Monde daté de ce 15 janvier, on apprend qu’Emmanuel Macron utilise sa propre adresse Gmail, le service de mail de Google, pour échanger avec des citoyens et élus rencontrés lorsqu’il était ministre. Il y a pourtant une probabilité non négligeable que ces conversations remontent directement aux oreilles des services secrets américains.

Google et la NSA, un lourd passif

Il faut remonter en 2013 pour comprendre comment ces données peuvent parvenir à la National Security Agency (NSA), organisme gouvernemental américain chargé du renseignement informatique. A l’époque, Edward Snowden, ancien analyste de la NSA, révèle l’existence du programme PRISM. Un vaste accord conclu entre la NSA, des opérateurs téléphoniques et des dizaines de grandes entreprises américaines, dont Microsoft, Facebook, Apple et Google. Mis en place dès 2007, il offre à la NSA un accès direct aux données hébergées par ces multinationales, et, de fait, un immense système d’espionnage des communications mondiales.

Google fut l’un des premiers à s’accorder avec la NSA en intégrant le programme en 2009. Des mails publiés en 2014 dévoilaient l’entente cordiale entre l’ancien directeur de la NSA et les dirigeants de Google. Si ce scandale remonte à 2013, rien ne dit que Google n’ait cessé sa collaboration étroite avec les services de renseignement américains. En 2017, des chercheurs canadiens ont cartographié les sites d’interception d’information - supposés ou officiels - pouvant servir à la NSA. En Europe, plusieurs d’entre eux sont situés au même endroit que les centres d’hébergement des données de Google.

Données et métadonnées

Pour communiquer avec son entourage, Emmanuel Macron dispose d’un smartphone sécurisé, fourni par Orange Cyberdéfense. Un mobile dérivé du Samsung Galaxy S7 Edge, qui a pour particularité de chiffrer toutes les données. Un usage en théorie incompatible avec des échanges sur Gmail, dont les conversations ne bénéficient pas de telles mesures de sécurité.

Deux types de contenus pourraient être mis à profit par une intelligence étrangère. D’abord, le contenu des messages, qui, dans le pire des cas, pourrait révéler de potentielles décisions économiques, politiques, ou militaires. Aux Etats-Unis, Hillary Clinton a ainsi été visée par une enquête du FBI pour avoir utilisé un serveur mail personnel alors qu’elle dirigeait le Département d’Etat américain, équivalent du ministère des Affaires étrangères. En plus du contenu des messages, Gmail dispose des métadonnées qui y sont associées. Elles correspondent à la date et l’heure d’envoi d’un mail, mais également à la localisation de l’appareil depuis lequel il est envoyé.

Un usage “à titre privé”

Selon nos informations, des ministres utilisent aussi une adresse mail Google, avant tout destinée à communiquer avec ceux qu’ils rencontrent sur le terrain. D’après Le Monde,  Emmanuel Macron “fait suivre des messages à des conseillers, pour les alerter sur un sujet ou obtenir une réponse.” Là encore, le transfert d’un message considéré comme prioritaire constitue une métadonnée qui pourrait être utilisée par des services étrangers.

Interrogé sur le sujet, l'Elysée confirme l’existence de cette adresse Gmail, mais précise qu’Emmanuel Macron ne l’utilise “qu’à titre privé”. Même avec un usage minimal, le chef de l'État pourrait cependant devoir fournir quelques données personnelles à Google. “Pour s’identifier, il est largement recommandé d’utiliser la double authentification, qui consiste à ouvrir une seconde application (liée à Google) ou à fournir son numéro de téléphone afin de recevoir un code de sécurité.” explique Damien Bancal, spécialiste en sécurité informatique, qui rappelle que d’autres services liés à Gmail pourraient poser problème, à commencer par la fonction d’agenda.

source:https://www.bfmtv.com/tech/emmanuel-macron-utilisateur-de-gmail-pourquoi-cela-peut-poser-probleme-1612969.html

Article en relation

Laissez des commentaires