L'OBS - Ahmet Siboudji Diatta alias Metzo Diatta s’est réveillé ce matin à Rebeuss. L’artiste musicien a été arrêté et placé sous mandat de dépôt hier par le procureur de la République. Il est poursuivi pour corruption sur un agent de police en faction dans la circulation. Il sera jugé demain par le tribunal des flagrants délits de Dakar.
Loin des salles de soirée et autres boîtes de nuit, Metzo Diatta, l’artiste musicien qui a perdu hier ces dreadlocks, coupés à son arrivée à Rebeuss, a chanté cette nuit tout son soul dans le silence de la célèbre prison dakaroise. Son public n’était composé que de détenus de la citadelle du silence où l’artiste musicien Metzo Diatta, Ahmet Siboudji Diatta à l’état-civil, a dormi hier.
Metzo Diatta est poursuivi pour les délits de corruption passive et pour avoir grillé les feux de la circulation à hauteur de Castors. Il a été déféré hier en début de soirée par les policiers du commissariat du Point E. Après son audition par le procureur de la République, l’artiste musicien est placé sous mandat de dépôt. Il fera face aux juges du tribunal des flagrants délits, demain jeudi.
Cette procédure qui a conduit à l’arrestation d’Ahmet Siboudji Diatta alias Metzo est partie d’une infraction au Code de la route. L’artiste musicien a passé le feu au rouge au carrefour de Castors, lundi 3 mars. Le policier en faction dans ce carrefour, le brigadier Daha Ndiaye, constate l’infraction et demande au chanteur de se garer sur le bas-côté de la route. Après lui avoir notifié l’infraction, il lui ordonne de lui remettre son permis de conduire. Metzo Diatta obtempère sans aucune résistance. Il laisse le permis de conduire entre les mains de l’agent de la circulation et continue son chemin avec une attestation que venait de lui faire le policier Daha Ndiaye. Mais l’artiste revient quelques instants plus tard. Metzo Diatta demande dans un premier temps à parler à l’agent et lui tend l’attestation qu’il lui avait filée. Mais il n’avait pas simplement rendu l’attestation à Daha Ndiaye. Il avait pris le soin de glisser soigneusement dans le papier plié la somme de 2 000 FCfa (une coupure de 1 000 FCfa et deux billets de 500 FCfa). L’agent signifie alors à Metzo l’infraction qu’il venait de commettre en tentant de monnayer le retrait de son permis contre 2 000 FCfa. Il le conduit au commissariat et le commissaire Bassirou Dièye qui a pris connaissance des faits le place en garde à vue.
Metzo reconnaît les faits : «J’ai commis une bêtise et manqué de respect à la Police nationale»
«Le 3 mars dernier, je partais au tournage d’une émission que je produis dans une télévision de la place. Je me suis arrêté au niveau des feux tricolores au carrefour de Castors. Comme j’étais pressé et que je ne voyais pas de voiture qui venait, j’ai passé le feu au rouge avec ma Mégane immatriculée DK 2843 AN. L’agent de police en faction dans ce secteur me demande de me ranger sur le bas-côté de la chaussée à hauteur de la station Total. L’agent me réclame les papiers affairant à ma voiture, par la suite, il me notifie l’infraction que je venais de commettre. J’ai continué mon chemin, parce que je devais aller voir une personne. Une vingtaine de minutes après, je suis revenu au croisement de Castors. J’ai trouvé l’agent en discussion avec un de ses collègues. J’ai demandé à lui parler. Quand il m’a demandé ce que je voulais, je lui ai tendu l’attestation qu’il m’avait faite. Mais j’avais glissé dans le papier la somme de 2 000 FCfa, composée d’un billet de 1 000 FCfa et deux de 500 FCfa. Après ce geste, l’agent me prend tous les papiers de la voiture qu’il m’avait rendus lors de mon premier passage. C’est ainsi qu’il me conduit au commissariat. Sur les lieux, il me notifie l’infraction que j’ai commise. J’ai commis une bêtise et je suis désolé pour cette institution (la Police nationale, Ndlr). Malgré ce qui s’est passé, j’ai beaucoup de respect pour la Police. En manquant de respect à cette institution, c’est la puissance publique que j’ai piétinée et j’en fais partie.»
L’agent Faye de «Dinama Nékh» dans le dossier
Dans les faits, c’est parce que Ahmet Siboudji Diatta dit Metzo a grillé le feu rouge qu’il a été arrêté et verbalisé. Son arrestation et placement sous mandat de dépôt font suite à sa tentative de corruption. Le musicien a tenté de soudoyer l’agent Daha Ndiaye en lui remettant la somme de 2 000 FCfa. Des faits précis qui valent à Metzo Diatta de payer un lourd tribut. Mais derrière ces faits, certains y voient une sorte de vengeance. Metzo Diatta est le producteur de «Dinama Nékh» et est le mari du personnage principal Maïmouna Hann. Et depuis quelque temps, il apparaît dans ce feuilleton un agent de police nommé agent Faye, agent de la circulation qui traîne tout le temps avec des coupures de banque froissées. Cette partie du feuilleton «Dinama Nékh» n’est pas du goût de la Police. En effet, les policiers de Point E ont évoqué ce fait dans l’enquête préliminaire. «Cette tentative de corruption qu’a commis Ahmet Siboudji Diatta dit Metzo n’est pas fortuite. Elle reflète le mépris que cet homme porte pour la Police nationale. Metzo Diatta est allé jusqu’à créer, dans son feuilleton «Dinama Nékh» qui passe dans une télévision de la place, le personnage vêtu d’une chemise bleue avec un béret noir et un pantalon bleu qui offre tout le temps des billets de banque froissés à des jeunes filles en laissant entendre qu’il était de faction dans un croisement d’à côté. Non content d’avoir donné aux téléspectateurs l’image des agents de circulation corrompus et sans vergogne, il l’a matérialisé à travers cet acte», dénoncent les limiers. L’agent Daha Ndiaye est venu enfoncer le clou en se constituant partie civile. Par ailleurs, il a expliqué : «Ce geste est une offense à l’honneur de l’institution que je représente et à mon propre honneur.»
MAKHALY NDIACK NDOYE
SOURCE: http://www.gfm.sn/actualites/item/11818-corruption-dun-agent-de-police-en-faction-lartiste-musicien-metzo-diatta-envoye-en-prison.html