Les partis politiques au Sénégal ont atteint leur limite et aucun d’eux ne peut à, lui seul, gagner le pouvoir et le gérer. C’est du moins la conviction de Cheikh Tidiane Dièye, membre fondateur de la plateforme Sénégal Bunu Beugueu, qui était l’invité hier, dimanche 17 mai, de l’émission politique «Objections» de la radio Sud Fm. L’invité d’El Hadj Baye Omar Guèye a fustigé la reproduction à l’identique du système politique sénégalais, non sans proposer les recommandations des Assises nationales, notamment la refondation de la République et de l’Etat.
«Notre offre est une offre trans-partisane, parce que nous sommes persuadés que l’avenir de la politique est trans-partisan. Les partis politiques sont une construction historique qui a atteint ses limites. Aujourd’hui, aucun parti politique ne peut prendre, seul, le pouvoir et le gérer». Ces propos sont de Cheikh Tidiane Dièye, membre fondateur de la plateforme Sénégal Bunu Beugueu (le Sénégal que nous voulons), lors de l’émission politique de la radio Sud Fm du dimanche 17 mai dernier. En effet, l’invité d’El Hadj Baye Omar a brocardé la manière dont la politique se fait au Sénégal depuis toujours. Pour Cheikh Tidiane Dièye, «lorsque vous avez un certain nombre d’acteurs politiques qui, dans leur espace politique, sont connus pour un certain nombre de va-et-vient ou sortent d’un système qui a fonctionné quasiment de la même façon, on a l’impression d’avoir des clones politiques, aussi bien dans le pouvoir que dans l’opposition». A son avis, la rupture tant prônée n’est en réalité qu’un vain mot, «parce que tous ceux-là sont le produit d’une même culture politique, culture clientéliste, basée sur les intérêts partisans et qui accordent très peu de place à l’intérêt général».
Fort de ce constat et rebuté du modèle politique actuel, Cheikh Tidiane Dièye a proposé «un projet de société alternatif qui n’a rien à voir avec toute offre des partis politiques, pour la conquête et la gestion du pouvoir». A l’en croire, «la principale vocation de cette plateforme, c’est de donner la possibilité à ces milliers de Sénégalais, qui ont la compétence qu’il faut, la possibilité de s’engager dans l’action politique».
D’où, selon lui, la nécessité de suivre les recommandations des Assises nationales. En tant qu’acteurs de ce grand forum, M. Dièye a indiqué que «les conclusions des Assises nationales nous offrent le terreau, la matière pour la refondation de la République et de l’Etat». Pour lui, «nous avons aujourd’hui une société qui est en déphasage complet avec l’Etat qui est sensé l’organiser, une Nation qui est encore faible et vulnérable». Et cela, a-t-il fait remarquer, alors que l’actuel régime est signataire et s’était engagé à promouvoir les recommandations issues de ces Assises. «Lorsqu’ils sont allés au pouvoir, on a vu que les mêmes pratiques politiciennes sont revenues. Les conclusions des Assises nationales ont été reléguées au second plan», s’est-t-il désolé.
EMPLOI DES JEUNES AU SENEGAL : Cheikh Tidiane Dièye tempère le ministre du Travail
L’expert en économie du développement a par ailleurs abordé la question de la sulfureuse équation de l’emploi des jeunes au Sénégal. A en croire Cheikh Tidiane Dièye, «les tenants pouvoir, comme ceux qui les ont devancés, n’ont jamais eu une stratégie claire et cohérente sur la meilleure façon de prendre en charge la question de la jeunesse, celle de l’emploi». S’attaquant aux chiffres avancés par le ministre de l’Emploi, Mansour Sy, notamment les 165.500 emplois, crées par l’Etat durant ces 3 ans, M. Dièye a indiqué «qu’il faut prendre les chiffres avec beaucoup de précaution au Sénégal. Parce que les statistiques ne sont pas toujours des statistiques fiables». Dans ce «fétichisme des chiffres», l’expert en économie a trouvé «qu’on ne peut pas s’arrêter à ce chiffre pour s’en féliciter», même s’il est vrai. Pour lui, «il est très loin du potentiel d’emploi que notre pays peut générer». Pour booster la création d’emploi, M. Dieye a proposé, entre autres, le développement des petites unités industrielles, l’accompagnement sur des services financiers calibrés, ainsi que la formation sur le management.
source: http://www.sudonline.sn/cheikh-t-di%C3%88ye-met-au-ban-les-hommes-politiques_a_24483.html