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Mardi gras au Sénégal - les parents divisés sur la fête des enfants

CULTURE
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  La fête du Mardi Gras, antichambre du mois de Carême chez les Chrétiens, est une fête païenne qui est presque devenue légendaire au Sénégal. Le 17 février de chaque année, dans les établissements scolaires élémentaires, surtout dans le privé, les parents sont obligés de faire certaines dépenses pour payer des tenues traditionnelles à leurs enfants, cotiser à l’école pour les mets associés à la fête et payer les photos souvenirs. Si d’aucuns se sentent quelque fois « déplumés » compte tenu de la conjoncture, d’autres estiment qu’investir pour le bonheur des enfants n’a pas de prix  

 

Au Sénégal, les parents d’élèves souffrent le martyr pour ce qui concerne les nombreuses dépenses scolaires. C’est la raison d’ailleurs pour certains de voir ces nombreuses fêtes de l’école sénégalaise comme une occasion pour les établissements privés de les « dépouiller » financièrement. La fête du Mardi Gras n’a pas échappé à cette manière de voir les choses. Culturellement célébré chaque année, avec des sons et des couleurs, le Mardi Gras est souvent une occasion pour les parents de dépenser beaucoup d’argents à l’occasion. 

 

 
 
Le «déplumage» financier des parents
 
« Je ne comprends rien du tout. Il y a beaucoup de fêtes dans notre pays. Et les établissements privés en font une occasion pour nous soutirer des sous, pour nous faire dépenser d’avantage d’argent. C’est très compliqué quand il faut impérativement payer les photos à 1000 FCFA l’unité, cotiser 3000 à 5000 FCFA pour le met de son enfant à l’école, et lui acheter une tenue vestimentaire dont le coût peut même atteindre les 15000 FCFA. C’est énorme !», s’exclame ce père qui a requis l’anonymat. 
Il n’y a rien à faire pour ce père d’un enfant de 5 ans qui va à la maternelle. Pour lui, tout est organisé pour financièrement «déplumer » les parents d’élèves. 
Didier Bernard, parent d’élève trouvé au groupe scolaire Kalima de Liberté 5 considère lui aussi que « les dépenses sont énormes ». « Les dépenses sont énormes et nous sommes tenus de le faire pour sauver l’honneur de nos enfants. C’est même difficile à évaluer. Pour le Mardi Gras j’ai juste essayé de confectionner quelque chose », révèle-t-il.
 
Le plaisir des enfants à tout prix
 
Mme Amy Dione Thiam, parent d’élève trouvée à l’établissement Saldia à Dieupeul, rame complètement à contre-courant de cette idée. « Tout ce que nous pouvons investir pour faire plaisir à nos enfants est normal. Nous dépensons mais ça vaut le coût car, c’est pour faire plaisir aux enfants. Or, le plaisir de nos enfants est le nôtre. Il n’a pas de prix. On ne fête Mardi Gras qu’une fois l’an. En réalité, nous n’avons que nos enfants. Malgré la conjoncture, nous sommes pour le bonheur de nos enfants », dit-elle. 
 
A Liberté 5, Thiathié, parent d’élève, venue récupérer son enfant, est d’accord qu’il y a des dépenses à consentir. Mais, elle avoue que ce n’est pas onéreux. « Les cotisations ne sont pas chères car, l’école avait pris les devants en instituant une caisse des parents d’élèves de laquelle on prélève certaines dépenses pour les fêtes. Les déguisements sont chers ou à bon prix, cela dépend du type de déguisement dont l’enfant a envi. Cela dépend de la qualité. Il y a des déguisements pour 5000, 6000 ou 10000 FCFA », renseigne-t-elle tout en signalant que « c’est un réel plaisir de voir les enfants heureux ». Jean Netou est du même avis. «C’est une fête pour les enfants et les petits mais, il faut exclusivement faire plaisir aux enfants. C’est un devoir», estime-t-il.
 
Benoît Biaye, conseiller culturel du groupe scolaire Saldia, pense à peu près de la même manière. «Honnêtement, je n’ai pas évalué ce que la fête a coûté à l’école. Ce qui est important pour nous, c’est de réussir notre mission d’inculquer à nos enfants certaines valeurs cardinales. Nous avons demandé à chaque élève une participation symbolique de 3000 FCFA. Cette année nous avons innové avec le train. La parade a été motorisée et ça a permis aux enfants de circuler et de pouvoir communier avec leurs parents car au passage du train certains parents sont sortis rencontrer leurs enfants », a-t-il renseigné. Selon lui, c’était un des objectifs à atteindre. « En termes de coût, c’est en fait difficile à quantifier. Mais, nous avons demandé aux parents de nous accompagner dans les projets pédagogiques de l’école. Il y a l’approche par compétence, ce que l’enfant apprend à l’école, il doit l’appliquer à la vie active… Nous pensons en fait qu’il n’y a pas de prix pour rendre les enfants heureux », poursuit-il.
 
Communion entre Musulmans et Chrétiens
 
Pour sa part, Mme Angélique Ndiaye, Directrice du groupe scolaire Kalima, ne voit non seulement pas l’aspect traditionnel de la fête, mais également la communion entre les musulmans et les chrétiens. Car, à l’image des chrétiens qui vivent la Tabaski avec les musulmans, ces derniers se sont approprié le Mardi Gras. Ce qui participe à raffermir les liens sociaux. « Je suis heureuse du fait qu’elle montre la communion entre les musulmans et les chrétiens de notre pays. Si bien que les musulmans savent que c’est une journée exclusivement chrétienne, ils consentissent à la fêter avec les chrétiens. Cela montre qu’il y a l’entente, l’unité et la cohésion entre les différentes communautés religieuses. Les mamans se décarcassent pour déguiser leurs enfants et venir les accompagner chez les chrétiens. C’est une bonne chose », explique-t-elle. 
 
Mme Ndiaye n’a pas manqué de signaler qu’en réalité, le Mardi Gras est une journée pour préparer l’entrée en carême. « Aujourd’hui c’est le mercredi des cendres qui marque l’entrée en carême des chrétiens », rappelle-t-elle. Toutefois, la directrice du groupe scolaire Kalima estime que « ce n’est pas une bonne chose de préparer le carême dans la pagaille ». Selon elle, « ça devait être un temps de recueillement, de méditation, de pensée pour la période d’endurance que nous allons entamer, c’est une période de conversion durant laquelle on se retourne vers Dieu pour solliciter Sa grâce, en toute crainte, en mettant en pratique ses commandements ».
 
Signification culturelle du Mardi Gras
 
Pour Benoît Biaye, conseiller culturel du groupe scolaire Saldia, «à l’origine, le mardi gras était une fête païenne ». Mais au niveau de Saldia, l’administration s’est efforcée à lui donner un thème particulier intitulé « Valeurs d’hier et d’aujourd’hui». «Nous avons voulu visiter l’histoire de l’Afrique, de ce fait nous avons demandé aux parents de déguiser les enfants en tenues traditionnelles pour permettre à chaque ethnie de revisiter sa culture vestimentaire», souligne-t-il. 
 
Avant de poursuivre : «Nous voulons par-là inculquer aux jeunes pensionnaires de notre établissement le sens de l’identité culturelle de l’individu. On s’enracine dans notre tradition africaine tout en restant ouvert à l’extérieur. C’est la civilisation de l’universelle comme le prônait le Président Senghor ».
 
D’ailleurs, c’est ce qui explique les différents styles d’accoutrements : tenues traditionnelles inspirées par les Signares Saint-Louisiennes, mais aussi modernes et occidentales avec des Zoro, Spiderman (l’homme-araignée), etc. Benoît Biaye explique le choix de son port vestimentaire. Comme un soldat de l’armée sénégalaise, il se pavane çà et là, accompagné de quelques éléments du commissariat de police de Dieupeul. 
 
« En m’habillant en commando, j’ai voulu rendre un hommage aux hommes de tenue. D’ailleurs, au moment de la parade, la police nous a accompagnés. C’est pour dire qu’il faut être prêt à toutes les éventualités, prêt pour servir nos enfants. J’ai choisi le nom de Dadis pour symboliser la révolution positive, pour combattre l’inertie et la paresse car, l’Afrique doit bouger », dit-il fièrement. Interpellé sur l’influence que ceci pourrait avoir sur les enfants, il répond : « En fait, être homme de tenue est une vocation, c’est comme être un instituteur. Si quelque part les enfants en nous voyant habillés de cette manière sentent déjà un charisme embryonnaire, une envie de devenir hommes de tenue, c’est la relève qui sera assurée», fait-il.
 
source: http://www.sudonline.sn/les-parents-divises-sur-la-fete-des-enfants_a_23176.html