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Alioune Badara Beye présente «les bannis de Tandjiba» un roman en trompe-l’œil

CULTURE
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Livre   Ce vendredi 22 mai, la maison des Ecrivains accueillait la cérémonie de présentation du deuxième roman d’Alioune Badara Bèye. «Les bannis de Tandjiba», c’est l’intitulé de ce texte de 150 pages, raconte, mais sans citer qui que ce soit, l’histoire d’un conflit politique né de questions foncières. Présent à cette cérémonie, le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, a annoncé que l’Etat du Sénégal venait de débourser 124 millions de francs CFA histoire de renflouer les caisses des Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS). La cérémonie a commencé par une minute de silence à la mémoire du Pr Amady Aly Dieng, décédé récemment.  

Certains livres seraient presque des survivants : ils toisent le temps, provoquent le destin, jouent à cache-cache avec la mort et se moquent de la poussière. Ce serait un peu cela l’histoire d’un roman comme « Les bannis de Tandjiba », un récit trentenaire presqu’aussi chanceux que son auteur lui-même. Alioune Badara Bèye raconte d’ailleurs qu’il aurait tout à fait pu le perdre sans même s’en rendre compte. Ce texte de 150 pages qui porte sans doute les stigmates du temps, il avoue l’avoir écrit entre 1982 et 1983, et qu’il a bien entendu  fallu le dépoussiérer. L’ouvrage est enfin sorti de son trou, et c’est ce vendredi 22 mai à la maison des Ecrivains, que l’on présentait cet objet trouvé, qui aurait pu se contenter de n’être qu’un éternel manuscrit parmi tant d’autres.

 

 
 
Publié chez Abis Editions et préfacé par le journaliste Mamadou Oumar Ndiaye, directeur de publication du quotidien Le Témoin, « Les bannis de Tandjiba », à peu de choses près, c’est un peu l’histoire d’un conflit qui ne se contente finalement que d’une ressemblance plus ou moins lointaine, avec des événements plus ou moins récents. Et c’est dans cette ambiguïté tactique aux allures de thérapie de groupe que l’on crève l’abcès, avec l’air de ne pas y toucher. Alioune Badara Bèye, qui signe ainsi son deuxième roman, 11 ans après « Raki : fille lumière », joue sur cette équivoque, même s’il ne cite personne, et qu’il se cache derrière des noms factices. Il y a Dimack, ce pays fictif inventé de toutes pièces, comme il y a Arkal, cité imaginaire née du hasard. Il y a encore Tandjiba, province fortuite où vivent les Mankos, un peuple hypothétique attaché à une parcelle de territoire héritée de ses ancêtres, et qui n’aura pas d’autre choix que de s’opposer fermement à un Etat réformateur.
 
Entre les lignes, avoue d’ailleurs Alioune Badara Bèye, même si l’intrigue est romancée, on songe forcément aux tensions entre le président Senghor à l’époque et la collectivité lébou attachée à ses quartiers traditionnels. L’auteur ne colle pourtant pas à l’Histoire et se permet même quelques infidélités puisque l’ouvrage se clôt sur un coup d’Etat : les heurts, les représailles militaires et une situation quasi apocalyptique. Avec 60 morts, 300 blessés et 5 centaines d’arrestations. 
 
Ce que dit encore Alioune Badara Bèye, c’est que le récit que raconte son texte à lui, se grefferait facilement sur quelques-uns des conflits qui secouent la sous-région : de récurrentes questions foncières, pommes de discorde entre conservateurs et traditionnels, et où l’on devrait pourtant privilégier comme il dit « la résolution pacifique ». Mais si le contexte de ces pages est une sorte de clin d’œil à l’Afrique, Alioune Badara Bèye tient tout de même à préciser qu’il ne faudrait « pas oublier que c’est un roman ». 
 
Un ouvrage où l’histoire s’inspire effectivement d’un « réel vécu », mais sans faire allégeance à la « vérité historique » qui n’importe que très peu finalement. Ce sont les mots de  quelqu’un comme le professeur de lettres et administrateur du Monument de la Renaissance Abdoulaye Racine Senghor, qui pense aussi que dans la centaine de pages que compte ce livre « écrit comme un roman policier », « l’auteur s’évertue à nous dérouter, en donnant toujours l’impression de parler d’autre chose ». Et même si Alioune Badara Bèye a voulu brouiller les pistes, Abdoulaye Racine Senghor explique qu’il a tout de même reconnu, même d’assez loin, et parmi tant d’autres événements, l’épisode sur l’attentat manqué contre le président Senghor en 1967, ou alors l’arrestation de l’ancien président du Conseil Mamadou Dia en 1962. Même si le livre ne cite rien ni personne.
 
Au cours de cette cérémonie où un vieux roman est sorti du placard, nombreux sont ceux qui ont tenu à rendre hommage à Alioune Badara Bèye, qui est aussi le président de l’Association des écrivains du Sénégal (AES). Essayiste mais surtout dramaturge, auteur parmi tant d’autres pièces du « Sacre du Ceddo » en 1982, et de « Nder en flammes » en 1988. Un écrivain qui refuse de jouer les sectaires cloisonnés, et un romancier que l’on découvre à peine.
 
source: http://www.sudonline.sn/un-roman-en-trompe-l-%C5%92il_a_24611.html