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Affaire Aïda Ndiongue: Quand les avocats de la femme d’affaires libérale enfoncent leur cliente !

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Un public abasourdi, un parti en plein cauchemar, un apparatchik ébranlé, morflé et blacklisté… Et un procureur de la République qui révèle des informations aux allures d’un scandale financier sans précédent. C’est à croire que le Sénégal est un pays friand de vaudeville judiciaire. Après l’affaire Karim Wade concernant un enrichissement illicite à hauteur de 694 milliards, non encore prouvé du reste, voilà que toute la République est de nouveau captivée par l’affaire Aïda Ndiongue. 

Laquelle porte sur 47 milliards 675 millions de francs CFA découverts, selon les déclarations du procureur de la République Serigne Bassirou Guèye, dans des coffres-forts ou des comptes bancaires ouverts au nom personnel de l’ancienne sénatrice libérale ou à ceux de ses sociétés. Il est vrai que dans toutes les grandes démocraties, le procureur de la République, qui défend la société, a le devoir d’éclairer la lanterne des populations  sur des affaires gravissimes comme des détournements de deniers publics ou d’enrichissement illicite.  Et ce au nom de la transparence et du droit à l’information. Mais pour éviter toute violation du secret d’une instruction, ce droit à l’information est normé par l’article 11 du code de procédure pénale. Ainsi, le procureur a senti la nécessité de sortir pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur la fortune supposée de Mme Aïda Ndiongue. Et les avocats de cette dernière ont jugé opportun de répliquer aux accusations du procureur. Avec le barnum médiatico-judiciaire et l’emballement populaire qu’a suscités l’affaire Aïda Ndiongue, les Sénégalais restent divisés entre révélations du représentant du Ministère Public et indignations et dénégations de la défense. 

Les motivations louches du procureur Bassirou Guèye 

Aujourd’hui,  la question est de savoir si le procureur Bassirou Guèye a violé le secret de l’instruction concernant l’affaire Aïda Ndiongue. Au vu de l’affaire pour laquelle l’ancienne sénatrice libérale est incarcérée depuis plus d’un mois et qui est relative au marché des produits phytosanitaires du Plan Jaxaay destiné au relogement des sinistrés des inondations, on ne peut pas parler de violation de secret de l’instruction puisque le juge d’instruction n’a pas encore enclenché une procédure judiciaire afférente. Autrement dit, les révélations faites par le procureur de la République lors de sa conférence de presse ne concernent en rien l’affaire pour laquelle Mme Ndiongue est en détention. Par conséquent, dans ce cas-là, on ne peut pas faire grief à Serigne Bassirou Guèye d’avoir violé un secret d’instruction. Cela dit, la démarche adoptée par le procureur de la République pour informer le public n’est pas exempte de reproches. Il a fait, de par sa manière méticuleuse d’informer, son cinéma devant les caméras de télévision et accablé sciemment une accusée bénéficiant de la présomption d'innocence.  En effet, lors de cette conférence de presse Serigne Bassirou Guèye, tatillon, est allé dans des détails qui laissent planer un doute sur ses intentions réelles de nuire à la réputation d’une dame ou sa volonté de la jeter en pâture à un public scandalisé, indigné et estomaqué par ses révélations aux allures d’un scandale financier sans précédent. Et cela au point d’assimiler la  responsable libérale à Carmen Sandiego, cette cambrioleuse hors pair, considérée comme la plus grande voleuse du monde car spécialisée dans les vols d’œuvres d’art et autres trésors archéologiques et surnommée « Femme en rouge », « Maîtresse du Crime » ou encore « Duchesse de la Ruse ». Détailler aux Sénégalais que les avoirs découverts dans les comptes bancaires de la militante libérale équivalent à la dépense quotidienne d’une personne sur une durée de cent ans à raison de 1 300 000 francs CFA, c’est inciter les journalistes captivés par le sensationnalisme à informer le public naïf de façon à l’indigner avec ces chiffres effectivement révoltants. En donnant son scoop à des journalistes émotifs en panne d’analyse, le procureur ne vise-t-il pas à se faire mousser pour obtenir une promotion dans l’organigramme judiciaire de l’Etat ? Que cherche-t-il en étalant avec minutie les sommes astronomiques et bijoux de valeur découverts dans les comptes bancaires de l’ancienne sénatrice socialiste ? En déblatérant aux journalistes médusés voire abusés que les bijoux sont estimés à presque 15 milliards, le procureur, visiblement, s’est emballé. En effet,  pour ne pas verser dans la pifométrie,  a-t-il requis les services d’un gemmologue, c’est-à-dire d’un expert spécialisé dans l'étude des pierres précieuses, pour déterminer la valeur des bijoux et pierres précieuses découverts par les gendarmes ? Voilà des questions qui peuvent laisser dubitatifs les Sénégalais sur le caractère scientifique du travail des pandores de la Section de Recherches, et sur les véritables intentions du procureur de la République. 
Naturellement, il fallait s’attendre à une sortie des avocats de Mme Aïda Ndiongue pour passer à la contre-offensive. A travers une conférence de presse tenue dès lundi, ces derniers ont balayé d’un revers de main l’argumentaire du patron du Parquet. Mais la réplique mollassonne, désinvolte voire impertinente des avocats de l’ancienne sénatrice a  fait douter bon nombre de Sénégalais sur leur capacité à pouvoir tenir la dragée haute au procureur de la République. Certains n’ont pas hésité à déclarer que le pool d’avocats, par manque de maîtrise de son sujet, a enfoncé sa cliente au lieu de la tirer d’affaire. 
  
L’impertinence effarante des avocats d’Aïda Ndiongue 

D’abord, la première bourde a été commise par l’avocat Me Souleymane Ndéné Ndiaye qui, en voulant fustiger le comportement du procureur de la République, s’est emmêlé les pinceaux en  se référant à l’affaire Philipe Courroye, le juge français de Nanterre impliqué en 2010 dans l’affaire Ingrid Bettencourt, la patronne de L’Oréal en France. De ce dernier, il a dit qu’il a transmis des informations d’un dossier judiciaire en instruction à des journalistes de France Télévisions qui les ont fait fuiter par la suite. Ce qui est littéralement faux. Contre Philippe Courroye, deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Jacques Follorou, avaient déposé plainte en janvier 2012. Ils l’avaient accusé d’avoir, en septembre 2010, explicitement demandé que des investigations fussent menées sur leurs conversations téléphoniques alors qu’ils enquêtaient alors sur l’affaire Bettencourt. Philippe Courroye fut mis en examen le 17 janvier 2012 pour « collecte illicite de données à caractère personnel » et « violation du secret des correspondances ». On ne voit guère où se trouve le secret de l’instruction dans tout cela ! 
Le même Souleymane Ndéné Ndiaye a été rectifié par son confrère Maître Moustapha Diop qui lui  signifié que ce n’était pas la première fois qu’un procureur de la République faisait une sortie médiatique publique pour se prononcer sur une affaire judiciaire puisque Ousmane Diagne, le prédécesseur de Serigne Bassirou Guèye avait organisé, aux fins de s’expliquer, une conférence de presse après que le journal La Gazette avait révélé que le parquet avait pris deux réquisitions contradictoires dans l’affaire des chantiers de Thiès où le principal accusé était l’entrepreneur Bara Tall. In fine, tout cela est « un mensonge d’Etat » pour Maître Moustapha Diop. Alors, pourquoi ne pas porter plainte pour diffusion de fausses nouvelles en lieu et place du viol du secret de l’instruction ? On est en plein dans un véritable embrouillamini judiciaire. 
Mais c’est Maître Mbaye Jacques Ndiaye qui enfoncera le plus sa cliente en faisant étalage des marchés publics qu’elle a gagnés depuis 1983. Naïvement, l’avocat a révélé que c’est cette année-là que l’alors institutrice militante socialiste avait créé son entreprise générale de désinfection, de dératisation et de désherbage à l'enseigne Keur Marame Bercy. Son premier coffre-fort  date de 1984, au moment où le kilogramme d'or était à 1 million FCFA. 
De 1983 à 1988, elle a raflé successivement des marchés de la commune de Dakar dont Béthio Thioune était le secrétaire général, puis des marchés de désinfection, de dératisation et de désherbage de tous les bureaux de postes du Sénégal pour la désinfection. A ceux-là s’ajoutent des marchés de fourniture de matériels à la Soadip, de désinfection de la Lonase en 1986 et 1991, de la Sonatel et des stades du Sénégal. En 1994, elle créa l’entreprise de fourniture de matériels de nettoiement de la gouvernance de Dakar. De 1995 à 1998, elle fournit du papier au journal Le Soleil. De 1990 à 1998, les sociétés de Madame Aïda Ndiongue travaillent avec la Senelec. De 1994 à 2000, elle gagne les marchés des routes goudronnées avec l’enrobé stockage ou  l’enrobé dense, des travaux sur les radiers submersibles, le marché de la réparation de la route de Ouakam et du pavage dans les rues de certains ponts. En 2005, elle travaille avec le Pcrpe du ministère de l’Habitat et de la Construction (sous Salif Bâ), sur recommandation de l’ancien Premier ministre — et actuel président de la République — M. Macky Sall. En 2008, elle crée « Walo service », en 2002, « Keur Khalifa Ababacar Sy » voit le jour, en 2008, « Cheikhna Ahmet Shérif » est porté sur les fonts baptismaux suivi de « Fatna et frères » qui ferme la marche. 
Ces révélations malencontreuses des avocats Souleymane Ndéné Ndiaye et Mbaye Jacques Ndiaye ont le mérite de montrer que la fortune de Mme Aïda Ndiongue est bâtie sur des marchés de gré à gré. Ensuite, cela a poussé les Sénégalais à se demander pourquoi créer autant d’entreprises qui font le même job ? Comment Mme Aïda Diongue a-t-elle pu en 25 ans d’activité politique connue et reconnue thésauriser une somme aussi astronomique que les 47 milliards avancés par le procureur de la République ? En sus, où se trouve le siège de ces sociétés si elles ne sont pas simplement fictives ? Y a-t-il un seul panneau ou totem qui peut indiquer l’emplacement d’une seule de ces entreprises susnommées ? Qui sont ses employés ? Toutes ces questions sans réponses remettent en cause la licéité de la fortune gagnée par Mme  Aïda Ndiongue, promotrice de l’Association des Amis de Jean Collin dans les années 80. Les avocats de l’ancienne maire des HLM ont conclu en disant que les sommes révélées sont inexactes tout en reconnaissant qu’elle est riche. Finalement, ils ont déserté le terrain juridique pour verser dans la politique politicienne en scrutant derrière la sortie du procureur Bassirou Guèye un coup fourré du Premier ministre, Mme Aminata Touré, qui l’aurait instrumentalisé comme un pantin. 
Quant à Me Borso Pouye, faute d'arguments convaincants, elle a voulu en faire une affaire de femme et de genre. Pourtant, il est de notoriété publique que la loi est impersonnelle et qu’elle ne s’applique jamais en fonction du marquage sexuel. Aïda Ndiongue doit certainement se rendre compte, après cette conférence de presse, que ses avocats très aériens dans leur argumentaire sont loin d’afficher des compétences avérées qui peuvent la sauver d’une éventuelle condamnation lourde. 
  
Quand Serigne Bassirou Guèye a sorti les chiffres faramineux, tous les quotidiens ont  rendu compte le lendemain avec des titres qui accablent ou déchargent Mme Aïda Ndiongue, selon le degré d’affinité qu’ils ont avec cette dame, ou selon l’inimitié qu’ils lui portent. En fin de compte, cette affaire Aïda Ndiongue, qui s’est muée en bataille d’opinion rageuse, a mis à nu le sensationnalisme des Sénégalais qui agissent sous le coup de l’émotion et réagissent par à-coups. Mais si elle a atteint ce point d’orgue, c’est parce qu’elle est alimentée et biaisée par les déballements et défenses des journalistes pro et anti-Aïda Ndiongue qui s’affrontent par plumes interposées comme s’il y avait dans cette affaire des intérêts bassement financiers ou matériels à préserver à tout prix. 
SERIGNE SALIOU GUEYE 
 ARTICLE PARU DANS « LE TEMOIN » N°1150 - HEBDOMADAIRE SENEGALAIS / JANVIER  2014

source: http://www.dakaractu.com/Affaire-Aida-Ndiongue-Quand-les-avocats-de-la-femme-d-affaires-liberale-enfoncent-leur-cliente-_a59080.html