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RAPPORT BMA - 2013 Liberté de presse et d’expression au Sénégal : Décalage entre les textes et la réalité

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Le rapport du Baromètre des médias africains (Bma) de 2013 pour le Sénégal a été présenté ce samedi. Ce document, qui analyse l’environnement médiatique d’un pays, a mis le focus sur les libertés d’expression et de la presse. On y note des avancées, mais des efforts restent encore à faire.   

La situation de la liberté d’expression et de la presse au Sénégal est d’une manière générale appréciable, selon le rapport 2013 du Baromètre des médias africains du Sénégal. Même s’il révèle des limites dans l’effectivité de celle-ci. 

Les libertés d’expression et de presse sont «encadrées voire limitées par des lois tel que le Code pénal en ses articles 80 et 255 notamment par certaines dispositions de la loi 2006-04 portant création du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) et par la législation sur la cybercriminalité. En conséquence, il y a un décalage entre les textes et la réalité». De même, ajoute le rapport, «la liberté d’expression ne s’exerce pas sans crainte, car il y a tellement de fossoyeurs et d’agresseurs de cette liberté  avec notamment les velléités des politiques et des lobbies de toutes sortes pour la restreindre». Outre cet aspect, il y a aussi la peur du journaliste de tenir des propos critiques au sujet des chefs religieux au risque d’être «bastonné sans compter l’impunité qui s’ensuit». «Il en résulte que l’autocensure tend à prendre le pas sur la liberté d’expression», a-t-on fait savoir. 

Injure et offense au chef de l’Etat : des notions désuètes et dépassées
Le rapport révèle par ailleurs que les médias continuent de travailler sur des pressions multiples même si l’environnement politique s’est apaisé et amélioré. D’après le panel qui a restitué cette étude, il a été constaté que «même si les cas d’attaques ont baissé depuis quelques mois, des inquiétudes demeurent du fait de la non-abrogation de certaines dispositions législatives relatives à l’injure et à l’offense au chef de l’Etat qui tiennent encore une place importante dans la législation sénégalaise alors qu’elles restent des notions désuètes et dépassées». «Le Code pénal sénégalais ne définit pas l’offense au chef de l’Etat, mais le laisse à l’appréciation du juge avec tous les dangers que cela comporte pour celui qui exprime son opinion», a-t-on déploré. 
Dans cette enquête de perception de la situation des médias, l’indépendance rédactionnelle du diffuseur public c’est-à-dire de la Rts (télévision, radio et du Soleil) a fait l’objet de discussions. Dans le document final, on précise que «rien dans la loi 92-02 instituant la Rts ne prévoit textuellement une protection de la radio et de la télévision publiques contre les influences politiques ou une garantie d’équilibre et d’équité dans le traitement de l’information». A ce sujet, le panel constate que la radio contrairement à la télévision publique affiche une certaine indépendance rédactionnelle. «Alors que les deux entités sont logées dans le même immeuble et régies par les mêmes textes. L’un des membres de ce panel explique cette asymétrie par le fait qu’il y a un réel attrait pour la télévision alors que la radio a un pouvoir magnétique moins important sur les décideurs politiques», a-t-on ajouté. 
Outre les points liés à la gestion au niveau étatique, le panel s’est aussi penché sur le thème de la pratique du métier. Concernant cette question, on souligne qu’il y a beaucoup à redire sur la presse sénégalaise en matière de traitement de l’information par rapport aux principes de base d’exactitude et d’équité. Ainsi, les panélistes ont décrit un tableau sombre sur lequel les démentis sont monnaie courante de même que les procès en diffamation.

L’indépendance du Cnra remise en cause
Malgré ce constat, on précise dans le document que quelques membres du panel ont toutefois invité les gens à ne pas «jeter l’anathème sur la presse sans discernement». «En ce qui concerne le nombre de procès, il convient de ne pas se laisser abuser par le nombre certes impressionnant d’audiences dans le cadre d’une même affaire, dû aux multiples renvois», a-t-on précisé. 
Concernant la question de la régulation de l’audiovisuel par un organe indépendant suffisamment protégé par la loi contre les ingérences, les panélistes estiment qu’il y a encore des efforts à faire. Selon le document, les participants à ces échanges reconnaissent que dans «la loi, le caractère indépendant du Cnra ne souffre d’aucune ambiguïté». Mais on précise que «cette indépendance est partiellement remise en question par certains éléments du groupe qui s’interrogent sur le mode de sélection des membres du conseil». «En effet, les conseillers du Cnra auraient été proposés au chef de l’Etat pour leur nomination par le président du conseil à l’issue de consultations privées individuelles en lieu et place de concertations avec les organisations professionnelles représentatives.» C’est ce qui explique, d’après le rapport, la remise en cause de la légitimité du Cnra malgré le changement de sa composition avec la présence de professionnels des médias depuis quelques mois. «Du fait de son statut d’autorité administrative indépendante, le Cnra est soustrait de toute subordination. Malgré diverses protections parmi lesquelles l’immunité et l’irrévocabilité de ses membres, le cordon ombilical n’est pas totalement coupé, car leur nomination se fait par décret présidentiel sans consultation publique ouverte. En plus, il n’existe pas de mécanisme de contrôle public sur les membres du Cnra, son rapport n’est pas soumis à la représentation nationale, mais au président de la République», a-t-on encore fustigé. 
Au terme de cette analyse de perception, ce panel, composé des membres des médias et de la société civile, a proposé des actions qui pourraient être menées dans le but d’améliorer l’environnement des médias. Il recommande ainsi entre autres un plaidoyer et un lobbying intenses en vue de l’adoption par l’Assemblée nationale et de la promulgation du projet de Code de la presse, l’ouverture  d’un débat public très large sur la profession et les pratique des journalistes ainsi que sur le rôle, les responsabilités et la place des médias dans la société sénégalaise.

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SOURCE: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6570-rapport-bma-2013-liberte-de-presse-et-dexpression-au-senegal--decalage-entre-les-textes-et-la-realite