Account
Please wait, authorizing ...
Not a member? Sign up now
×

Sidebar

20
Lun, Mai
0 Nouveaux Articles

Entretien avec Ndioro Ndiaye, ancien ministre : «L’Europe ne peut pas fermer ses portes…»

INTERVIEWS -PERSONNALITÉS
Outils
Vos reglages
  • Plus petit Petit Moyen Grand Plus grand
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times

Fast backlinks and Guest-post hosting

interview

Pr Ndioro Ndiaye, ancien ministre socialiste, spécialiste des questions migratoires, entretient Le Quotidien sur l’intensité des vagues migratoires vers l’Europe. Présidente de l’Alliance pour la migration, le leadership et le développement, qu’elle vient de créer à son départ de l’Organisation mondiale de la migration (Oim), elle estime que l’Europe ne peut pas fermer ses portes, parce qu’elle a besoin de ressources humaines de bonne qualité qui foisonnent en Afrique.

Pourquoi le choix de la migration,  comme domaine d’intervention ?
J’ai été attirée par la création d’une organisation internationale, africaine d’abord mais aussi vers l’Europe et qui travaille sur les questions que je maitrise le mieux : la migration. Avant, j’étais dans le développement et le leadership, c’est la raison pour laquelle, j’ai créé l’Alliance pour la migration, le leadership et le développement (Amld), qui est une plateforme de ressources humaines, de plusieurs calibres et de plusieurs niveaux. Les séniors, qui sont plus libres, regardent le travail de loin, mais encadrent de petits noyaux de jeunes, soit des jeunes chercheurs, soit des programmes managers, des assistants de programmes, qui sont intéressés par ce que je fais, qui viennent travailler et qui sont payés aussi, à la mesure de mes propres moyens. 
Une fois que les problèmes identifiés, ce groupe se met au travail, élabore des programmes sous la supervisions des séniors, qui sont les leaders des différentes sections. Il y a une section migration, une section leadership et une section développement. Souvent, les uns et les autres interfèrent dans le travail de chacun, parce qu’il y a des moments où des compétences multiples sont requises pour faire une activité. Toujours est-il qu’on s’entend très bien, on travaille au fur et à mesure que les opportunités se présentent. Pour la migration par exemple, on a eu à travailler sur la migration transfrontalière, on a eu à aider la Cedeao à formuler un certain nombre de manuels pour aider la société civile et les populations, qui traversent les frontières, à mieux maitriser ce qui est requis, c'est-à-dire les identités, les documentations de voyage correctes, mais aussi à identifier les structures normales auxquelles on s’adresse, lorsqu’on a une faille quelque part. Par exemple, si un Sénégalais se retrouve dans un pays limitrophe et que le délai de permission de séjour est passé, il faut qu’il sache où s’adresser pour soit, avoir une prolongation de son séjour, soit retourner chez lui. Mais également dans ce même travail, la société civile a voulu attirer l’attention des populations sur le fait que celles-ci ont des droits. Et ces droits doivent être respectés par les officiers de l’émigration, qui ne sont pas seulement les policiers ou les douaniers, c’est également les agents de santé et les autres personnes qui interviennent dans un même poste de douanes, pour vérifier les différents statuts des personnes qui traversent la frontière. On a aussi accompagné la Cedeao sur la gestion multiple et concomitante, c'est-à-dire une gestion de personnels de migration de deux pays, qui partagent la même frontière. Ça aussi, c’est nouveau dans la manière de penser. L’Uemoa a été la première à essayer cela, la Cedeao aussi tente de le faire et je pense que c’est ça l’avenir.
Votre travail ne se limite certainement pas seulement à formuler des indications, pour la Cedeao ou l’Uemoa et la place des gouvernements dans tout ça ? 
Oui justement, on a aussi interpellé certains gouvernements dont le nôtre, sur la nécessité et l’urgence de créer une politique migratoire. Le fait de s’occuper de la diaspora, c’est une excellente chose, personne n’en disconvient. Cependant, on pense que c’est une petite partie du problème qu’il est important d’appréhender et de connaitre. Mais une politique migratoire est beaucoup plus large, plus inclusive, plus multisectorielle, plus pluridisciplinaire et sa gestion doit être interministérielle. On ne peut pas tout simplement dire qu’on a créé un ministère chargé des Sénégalais de l’extérieur ou dire qu’on a créé une direction de la diaspora, pour croire qu’on a une politique migratoire. Certes, c’est mieux que rien, mais ce n’est pas suffisant et ce n’est pas ce qui est demandé. Si on veut avoir des réponses aux questions migratoires qui se posent à un pays, il faut une structure interministérielle. Que cette structure ne soit logée ni au ministère des Affaires étrangères ni au ministère de l’Intérieur ni au ministère des Finances, parce que tous ces ministères sont partie prenante dans la gestion de la migration. Le ministère de la Femme, qui gère l’Enfance, celui qui gère les Finances, parce qu’il y a le problème des transferts de fonds, le ministère de la Culture, le ministère de la Santé, tous ont pied dans un comité inter ministériel qui adresse le problème des mouvements de populations et de migration. C’est un manque criard dans notre establishment et dans notre arsenal, pour donner les réponses qu’il faut aux problèmes migratoires. 
Il faut dire aussi que la migration a beaucoup évolué. D’abord, le profil du migrant a changé. Ce n’est plus un ouvrier même spécialisé qui, à la faveur d’un évènement, se retrouve dans un pays étranger et essaie de s’établir et de gagner sa vie. Non seulement, c’est des personnes qualifiées, bien structurées, bien éduquées, mais en même temps, ce type de personnel moyennement compétent dans la hiérarchie et la classification des métiers et également des non instruits. Vous avez des gens qui n’ont aucune instruction de base, qui ne parlent pas la langue du pays où ils veulent aller, qui ne connaissent pas la culture du pays qu’ils veulent investir, si bien qu’il y a des problèmes de préparation qu’on appelle d’orientation culturelle. Parce qu’on doit préparer les gens qui partent à la langue, mais aussi aux us et coutumes, aux lois de ce pays-là. Et on doit aussi insister sur leurs devoirs par rapport à ce pays. Il y a beaucoup de problèmes dans la gestion de la migration, qui ont une émergence dans le cadre normal ou usuel que l’on emprunte lorsqu’on parle de migration. Et ce n’est pas pris en compte correctement. L’un des problèmes les plus urgents, que je souhaiterais que nos pays adressent, c’est les défis sécuritaires liés à la sécurité des personnes…. 
Je prends l’exemple du Sénégal, on a eu à proposer, même avant de quitter l’Oim, de créer un lien entre le ministère de la Santé de l’époque, en logeant un loster où les gens de ce ministère identifient les techniciens, mais également les enseignants, les médecins, toutes spécialités possibles qui vivent à l’étranger et qui sont susceptibles d’offrir une partie de leur temps à ajouter de la valeur à ce que le ministère peut avoir comme ressources humaines au niveau endogène. Je crois que c’est une plus value à exploiter. Cela peut se faire à la Santé, mais également au niveau de l’Education nationale. On a créé le programme Mida (Migration pour le développement en Afrique), qui met à la disposition des pays pendant des périodes courtes de l’expertise, qui manque aux pays et une fois que le travail est effectué, ces femmes ou garçons peuvent retourner dans leur pays d’accueil et continuer le travail. Donc être ici et là sans perdre ses droits, sans perdre toute la possibilité d’épanouissement qu’on a ici et ailleurs, la où ils sont en migration. C’est un défi dans une bonne gestion de la migration, parce qu’on ne peut pas fermer les portes. 
L’Europe ne peut pas fermer ses portes, parce qu’elle a besoin de ressources humaines de bonne qualité qui foisonnent en Afrique. Regarder d’abord au niveau le plus élevé, toute l’intellegencia africaine, qui évolue dans les structures qui participent à la décision dans les pays développés, je ne parle même pas des Etas Unis, mais je parle du Canada, de l’ensemble de l’Europe, cette intellegencia-là, la valeur qu’elle apporte à l’évolution de ce pays. C’est quelque chose que personne ne facture, il n’y aucune facturation, qu’elle soit financière, sociale, ou économique globalement et encore moins politique. Il faudrait s’y pencher, parce que les deux plateaux de la balance sont là, que l’un l’emporte par rapport à l’autre, tout dépend des gouvernements. C’est pour ça que ce dialogue entre pays d’accueil et pays d’origine et pays de transit, y incluant les migrants eux-mêmes est quelque chose à redessiner. Ce n’est plus le concept du coup de développement, parce qu’on a vu ces limites, on a également vu les limites de la gestion sécuritaire de la migration qui est le Frontex, par exemple. Et même si la création de Frontex a réglé une partie des problèmes de l’Europe, c’est à dire que Frontex a donné bonne conscience aux gouvernements européens, qu’ils ont fait quelque chose pour se protéger, parce qu’aussi, ils devaient donner un déclic et un signal fort à leurs populations et à leurs électeurs, ça il ne faut pas le perdre de vue.
Même s’ils sont dans leur rôle de protéger leur frontière, ils ont repoussé les frontières naturelles du sud de la Méditerranée. Ce n’est plus la frontière nord de la Libye, c’est la frontière sud, c’est l’Afrique au sud du Sahara, ils ont repoussé les frontières de l’Europe vers les pays qui sont limitrophes aux pays du Maghreb. C’est important de le voir et le schéma est très clair. Donc, il faut que nous ayons un dialogue franc, qui puisse déboucher sur un partenariat égalitaire. 
Donc, il y a énormément à dire sur la migration, un champ extraordinaire et des potentiels pour rendre positive la migration elle-même, pour rendre positif tout le processus migratoire, pour enlever toutes les scories qui y sont greffées, parce que le problème de trafic des êtres humains, d’armes, de drogues, de fondamentalisme religieux. Tout cela a pénétré dans le processus migratoire, et c’est faute d’avoir un signal, qui dit aux personnes concernées qu’on a compris, qu’on est en train de surveiller et qu’on ne se laissera pas faire. On a beau avoir des services de douanes efficaces, qui sanctionnent, qui identifient, mais la drogue la circule, le blanchiment d’argent circule et bien entendu, les traites des êtres humains et les enfants.
Justement à propos de ces enfants, on a vu des centaines parmi eux, dans les embarcations vers l’Europe. Quel commentaire, cela vous inspire ? 
C’est ce que je disais plus haut, à propos du profil migratoire qui a changé. J’ai lu quelque part effectivement, qu’il y a eu 348 enfants, qui ont atterri sur les bords de Lampedusa. Mais enfin, parce que ces enfants sont mineurs, ils bénéficient d’une certaine magnanimité de la part des lois européennes et maintenant les gens le savent. Comment on peut mettre dans des bateaux, des mineurs non accompagnés ? On n’avait j’aimais vu ça avant. Mais, il y a eu beaucoup de similitudes entre se qui c’est passé en Europe des années auparavant et ce qui se passe maintenant en Afrique. L’Asie a aussi eu cette vague de mineurs non accompagnés et cette vague de boat people avec des problèmes que l’on a connus en Asie du sud est, mais ils essayent tant que peut se faire, d’adresser cela en créant des corpus, des groupes et nous, on appelle ça des dialogue ou des processus de coopération régionaux. 
Vous avez réussi à identifier beaucoup de problèmes avec l’Amld, mais, dans l’urgence, qu’est-ce qu’il faut faire, selon vous et toute de suite, pour pallier à ce problème d’émigration clandestine ?
J’ai eu un entretien hier (l’entretien a eu lieu le vendredi 1er mai dernier) avec des collègues chercheurs, des activistes également. Et, ce qui est sorti le plus souvent dans notre langage à nous tous, c’est le manque de cadre de concertation. C’est, qu’il est extrêmement urgent que le gouvernement, la société civile, les chercheurs, les gens de l’académie mais également d’autres centres puissent s’asseoir autour d’une table et débattre de cette question. Le Consortium de recherches économiques et sociales (Cres) a fait une réunion extraordinaire la semaine dernière. Et, il faudrait que les conclusions puissent sortir très vite, que le gouvernement puisse s’en saisir, pour que cela lui apporte un peu d’oxygène dans ce qu’il va faire pour la gestion de la migration. Il est sorti non seulement la constitution de ce comité interministériel, qu’on veut être effectivement équidistant de l’ensemble des ministères qui ont pied dans la gestion de la migration. Et, avec les moyens qu’il faut, qu’on crée une structure qui soit capable de délivrer quelque chose en lui donnant les moyens pour produire des résultats, parce qu’elle doit rendre compte. Ça, je crois que c’est le b.a.ba. Une fois que c’est fait, il faut aussi déclencher et initier un processus qui nous amène à la formulation de politique migratoire. Je sais que le ministère de l’Economie et des Finances loge actuellement une cellule qui travaille à la formulation d’une politique migratoire. Mais, imaginer une politique migratoire que vous formulez en quatre ans. En quatre ans, toutes les données auront changé. Donc, à quoi ça sert ? Alors que ce sont des structures qui phagocytent énormément d’argent, parce qu’il faut des experts qui doivent être payés. Je suis convaincue que le Sénégal a beaucoup de mal à trouver un partenaire, qui puisse lui financer cela. Mais, une fois que le financement fait, la notion d’urgence pour délivrer un produit qui soit utilisable dans l’immédiat et pour changer la donne pour laquelle on a créé la structure, c’est ça qui manque. Il faut également que ces jeunes qui travaillent depuis quatre ans sur la formulation d’une politique migratoire nous disent ce qu’ils ont fait, qu’ils rendent compte à la population, aux chercheurs et que leurs produits soient mis sur une table pour que les gens puissent voir ce dont il s’agit dans le but d’identifier ce qui est bon ou mauvais. On n’est loin de l’action.
L’Europe est en train de s’organiser pour prendre des mesures contre l’émigration. Mais, de l’autre côté, personne n’entend les dirigeants africains. Qu’est ce que cela vous inspire ? 
Deux choses : d’abord, l’Europe est dans son droit le plus absolu. Je pense qu’on reçoit chez soi que celui qu’on veut, avec les lois et les règles qu’on a parce qu’il faut de l’ordre. Maintenant, pourquoi l’Union africaine (Ua) est muette ? Elle n’est que le reflet de ce que sont nos pays. Quand, il s’agit de problèmes migratoires en particulier, on a accompagné la commission en charge des affaires sociales que l’Ua a formulées dans sa politique migratoire. C’est un document stratégique de politique migratoire avec tout ce qu’il faut. Il devait être repiqué par chaque pays et recentré en fonction des besoins et des exigences des pays. Malheureusement, rien n’a été fait parce que les pays ne veulent pas. Donc, au lieu de jeter l’anathème sur l’Ua, pour une fois, c’est aux pays qu’il faut s’en prendre. Je crois qu’ils ont des intérêts, parce que certains n’ont pas envie de garder ces jeunes, car ils n’ont pas de réponses à leurs préoccupations, surtout celle de l’emploi. C’est la raisons pour laquelle, ils ferment les yeux. D’autres, parce que la pression sociale est telle, que ces pays poussent un ouf de soulagement. Ce que nous osions suggérer, pourtant, ici, je crois qu’on a essayé de le faire. Mais, je ne suis pas au courant des résultats que cela a donné. Il s’agit de créer un dialogue sous-régional par cercles concentriques. Que les pays, par exemple, qui partagent les mêmes frontières, se mettent autour d’une table et à plusieurs niveaux. Ce dialogue peut ne pas être contraignant, mais il doit déboucher sur quelque chose de pratique, c'est-à-dire une ou deux recommandations pratiques que les pays doivent faire pour marcher graduellement vers la résolution des problèmes. Ebola est l’exemple le plus patent. Rien n’empêche que les ministères de la Santé de la sous-région se retrouvent pour travailler sur la migration, comme Ebola, dont la gestion est liée à la mobilité des populations. Il y a les problèmes de sécurité. Donc, c’est une occasion qu’on a. Les différents ministres de la Défense ou les différentes forces de sécurité peuvent également discuter les problèmes de cette nature. Il s’y ajoute des dialogues selon les structures qui sont concernées pour aboutir à un résultat que l’on doit maintenant rendre cohérent avec la politique nationale de développement et essayer quelque chose qui me paraît intéressant parce que cela a marché au Ghana, dans beaucoup de pays de l’Afrique australe, tels que l’Afrique du Sud. C’est le fait de prendre le problème migratoire et essayer de l’ouvrir. Et les différents secteurs que je viens de nommer par rapport à la gestion d’une politique migratoire méritent d’être intégrés dans les documents de réduction de pauvreté. Ça peut être des documents stratégiques pour le développement, de stratégie économique, le Pse, etc... C’est comme le problème de la femme ou du genre, il faut ouvrir l’ensemble des secteurs et intégrer de manière harmonieuse cette problématique à l’intérieur. Si on le fait, on pourra savoir quelle est la force de la migration pour changer les indicateurs. Si, dans un secteur comme celui de l’Enseignement ou de l’éducation, vous y mettez les valeurs ajoutées que les intellectuels ou les gens de la diaspora peuvent apporter à un programme national, on peut très bien calculer la différence. Ceci dit, il y a aussi des aspects négatifs de la migration qu’il faut que ces structures prennent en charge. 
Le problème de la migration est régulier. Moi, je ne parle pas de migration clandestine, parce qu’elle est irrégulière. Elle ne se fait pas dans les normes. Ceux qui n’ont pas de papiers, ils ne sont pas réguliers. Ils sont clandestins, quand ils arrivent dans un pays d’accueil, sans être identifiés et acceptés dans ces pays-là. Donc, on ne peut encourager cela. Il faut que dans une politique migratoire, telle qu’elle soit, que la partie éducation des populations soit prise en compte. Ici, tous les chercheurs connaissent les zones à fort potentiel migratoire, c'est-à-dire les régions, les villages. Alors, pourquoi le ministère ou les ministères qui sont en charge de ces secteurs de la migration ne développeraient pas un programme au plan national qui interpellerait ces populations-là pour développer ensemble des programmes de formation, d’information ? Et on leur donnerait des outils pour se forger un projet migratoire correct, qui puisse leur apporter quelque chose. Parce qu’il faut aussi leur montrer qu’aller dans l’irrégularité ne leur rapporte rien, sinon c’est la mort et des conditions de vie très difficiles que personne ne leur souhaite. Tout cela concourt à faire comprendre aux gens que la migration est un phénomène difficile, a fortiori celle dite irrégulière.

Vous semblez remettre en cause ce qui est en train de se faire ici au Sénégal, par rapport à la gestion de la migration. Qu’est ce que vous auriez proposé à la place de ce qui se fait ?
Non, je ne remets pas en cause ce que le gouvernement est en train de faire. Je dis que ce n’est pas assez. Faire ce qu’ils font ne veut pas dire qu’ils ont une politique migratoire. Ils n’y a pas de politique migratoire dans le pays en tant que telle. Maintenant, ce que je suggère, c’est le cheminement vers une politique migratoire. Il s’agit donc de travailler vite d’abord pour créer ce cadre de concertation dans le but de formuler une politique migratoire avec toutes les personnes requises pour parler aux gens et pour veiller à la reddition des comptes, qui devrait accompagner le suivi évaluation.

Parce qu’ici, les gens ne rendent pas compte par rapport à ce qu’ils font ? 
Non, parce qu’ils sont dépendants certainement de disponibilité. Qu’on ne se voile pas la face,  on n’a rien sans rien. Si on n’a pas de budget conséquent, on est obligé d’attendre le bon vouloir souvent, des bailleurs. Je ne sais pas dans quelles conditions les gens du ministère de l’Economie et des Finances, ont en charge la formulation de cette politique migratoire, mais je suis convaincue qu’il y a des arrêts liés aux problèmes de financement. Ce n’est pas normal. On ne peut formuler une politique migratoire en quatre ans.
Vous avez plus ou moins plaidé pour un gouvernement participatif, est-ce à dire que vous théorisez la transhumance au nom de l’intérêt international ? 
(Eclats de rires). C’est le mot à la mode : la transhumance. Moi, je trouve que les gens sont très sévères par rapport aux politiciens, politiciens de partis, je veux dire.

Parce qu’il y a d’autres formes de politiciens ?
Oui, il y a des politiciens d’Etat et ces gens ne font pas de la politique de parti. Si on ne fait pas de la politique de parti, on est libre d’aller où on veut. Le problème de la transhumance en réalité, les gens qui en parlent et qui veulent absolument focaliser l’attention du public là-dessus, c’est qu’ils ne font pas de différence entre la politique d’un gouvernement et d’un parti. Mais je suis désolée, un parti ne gouverne pas, on a perdu cette notion depuis la fin de Senghor (1er président de la République du Sénégal) et un petit peu avec Abdou Diouf (son dauphin). C’est Diouf qui a ouvert la possibilité d'une majorité présidentielle élargie et a invité les autres, parce qu’il n’était pas normal que seulement les gens qui sont du Parti socialiste ou sympathisants du Ps soient dans le gouvernement, pour gouverner un pays qui est aussi multisectoriel. Donc, je pense que la théorie de la transhumance ne tient pas, quand on se met dans l’optique d’une gouvernance d’Etat. Maintenant que je sois Ps ou a Apr ou Afp, ou Pds, et que je négocie avec l’Etat, avec le gouvernement en place pour venir faire ma contribution, c’est la politique d’un gouvernement que je mets en œuvre, même si je suis dans un parti politique. Je pense que c’est un faux débat. Et ceux qui le maintiennent, veulent entretenir la confusion dans la tête des gens. Si les partisans d’un parti souhaitent rejoindre un gouvernement, mais ils sont libres de le faire à condition qu’ils viennent discuter de la plateforme gouvernementale, du programme gouvernemental et qu’ils donnent leur point de vue eux, en tant que partis politiques. Cela dépendra du chef de l’Etat, qui peut dire que c’est en harmonie avec ce que nous voulons faire au paln du gouvernement, parce que le gouvernement, ce n’est pas l’Apr, qui le conduit, ce sont des gens, qui sont élus par l’ensemble de la population et qui doivent répondre aux besoins de la population. Donc là, que je sois du Pds ou de l’Afp ou du Ps, si je viens dans un gouvernement, si mes vues en tant que Ps, ou quoi que soit, ne me permettent pas de rester, mais je ne rentre pas dans le gouvernent. Maintenant, la transhumance des partis, c'est-à-dire que j’étais au Ps et que je vais à l’Apr, ça aussi, il faut que les gens soient libres de le faire. Ce n’est pas parce qu’on est Ps, qu’on doit mourir Ps. On peut y croire à un moment donné et ne plus y croire, ne plus se retrouver, ça aussi, il faut que les gens aient la liberté de le dire.

Vous êtes toujours militante du Ps ? 
Oui, je suis toujours du Parti socialiste, j’ai toujours ma carte, même si je ne milite pas (répétition).

Donc, on peut croire que Madame Ndioro Ndiaye est prête à aller répondre à un appel de Macky Sall ? 
Moi, Macky Sall ne m’a pas appelé, même si pour le moment, il n’en est pas question.

Vous avez plus ou moins plaidé pour un gouvernement participatif, est-ce à dire que vous théorisez la transhumance au nom de l’intérêt international ? 
(Eclats de rires). C’est le mot à la mode : la transhumance. Moi, je trouve que les gens sont très sévères par rapport aux politiciens, politiciens de partis, je veux dire.

Parce qu’il y a d’autres formes de politiciens ?
Oui, il y a des politiciens d’Etat et ces gens ne font pas de la politique de parti. Si on ne fait pas de la politique de parti, on est libre d’aller où on veut. Le problème de la transhumance en réalité, les gens qui en parlent et qui veulent absolument focaliser l’attention du public là-dessus, c’est qu’ils ne font pas de différence entre la politique d’un gouvernement mis en œuvre par les membres d’un même parti politique et celle mise en œuvre par des affiliés à plusieurs partis différents. Mais je suis désolée, un seul parti ne peux plus gouverner ce pays, on a perdu cette notion depuis la fin du régime du Président Senghor (1er président de la République du Sénégal) et un petit peu avec Abdou Diouf (son dauphin). C’est en réalité  Diouf qui a ouvert la possibilité d'une majorité présidentielle élargie et a invité les autres, parce qu’il n’était pas normal que seulement les gens qui etaient du Parti socialiste ou sympathisants du P.S soient dans le gouvernement, pour gouverner un pays qui est aussi multipolaire que le nôtre. Donc, je pense que la théorie de la transhumance ne tient pas, quand on se met dans l’optique d’une gouvernance d’Etat qui doit être inclusive. Maintenant, que je sois Ps ou a Apr ou Afp, ou Pds, et que je négocie avec le gouvernement en place pour venir faire ma contribution, c’est la politique d’un gouvernement que je mets en œuvre, même si je suis dans un parti politique, j’assume et je négocie pour que mes convictions soient prises en compte autant que faire se peut dans les programmes gouvernementaux mis en œuvre. Je pense que l’on se détourne de l’essentiel, ceci est un faux débat. Et ceux qui le maintiennent, veulent entretenir la confusion dans la tête des gens. Si les partisans d’un parti souhaitent rejoindre un gouvernement, mais ils sont libres de le faire à condition qu’ils viennent discuter de la plateforme gouvernementale, du programme gouvernemental et qu’ils donnent leur point de vue eux, en tant que partis politiques. Cela dépendra du chef de l’Etat, qui peut dire que c’est en harmonie avec ce que nous voulons faire au plan du gouvernement, parce que le gouvernement, ce n’est pas l’Apr, qui le conduit, ce sont des gens, qui sont sélectionnés pour leurs compétences et qui doivent répondre aux besoins de la population. Donc là, que je sois du Pds ou de l’Afp ou du Ps, si je viens dans un gouvernement, si mes vues en tant que Ps, ou quoi que soit, ne me permettent pas de rester, mais je n’y reste pas. Maintenant, pour ce qui est de la transhumance entre les partis, c'est-à-dire pour quelqu’un qui était au Ps et qui va à l’Apr, oui c’est de la transhumance politique mais cela aussi, il faut accepter que les gens soient libres de le faire. Ce n’est pas parce qu’on est Ps aujourd’hui, qu’on doit mourir Ps ; pensez juste aux périodes antérieures ou immédiatement post  indépendance, toutes les alliances qui se faisaient et se défaisaient au gré des intérêts périodiques et personnels. On peut croire et militer dans un parti  à un moment donné et mais il arrive que l’on cesse d’y croire, ne plus s’y retrouver, ça aussi, il faut que les gens aient la liberté de le dire et de le vivre sans que l’on ne vous jette l’anathème à tout bout de champs.

Vous êtes toujours militante du Ps ? 
Oui, je suis toujours du Parti socialiste, j’ai toujours ma carte. 
Donc, on peut croire que Madame Ndioro Ndiaye est prête à aller répondre à un appel de Macky Sall ? 
Moi, le Président Macky Sall ne m’a pas appelée.

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

source : http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/entretien-avec-ndioro-ndiaye-ancien-ministre-l-europe-ne-peut-pas-fermer-ses-portes