Account
Please wait, authorizing ...
Not a member? Sign up now
×

Sidebar

06
Lun, Mai
0 Nouveaux Articles

SENETOILE BLOGS

Ici vous pouvez vous informer et poster librement votre blog. Créez votre compte utilisateur, c'est rapide et gratuit.
Fast backlinks and Guest-post hosting

DOUDOU KEND MBAYE, FILS DE MBAYE DONDE MBAYE, ANIMATEUR RELIGIEUX - « Jusqu’à présent, je me demande si Serigne Mansour est réellement parti»

Sénégal

L'OBS - On ne le présente plus. L’homme a fini par s’imposer. Ahmadou Mbaye, plus connu sous le sobriquet de Doudou Kend, est le fils de Mbaye Dondé Mbaye, qui assurait les chants religieux pour Serigne Babacar Sy. Celui qui s’est très tôt essayé à la chansonnette, a imprimé ses marques au Sénégal et au-delà de nos frontières. De père en fils, il assurait les chants religieux pour Serigne Mansour Sy, avec qui il avait une très grande complicité. Quand il évoque la disparition de celui qu’il considère comme son père, ses yeux se referment pour laisser couler son émotion. Pourtant, il s’était tracé un destin de journaliste, mais Dieu en a décidé autrement. 

 

Dans cet entretien, il parle de ses débuts, de son père, de Serigne Mansour Sy, du Khalife des Tidianes Serigne, Serigne Cheikh, qu’il qualifie d’homme mystérieux, tout y passe.

 

 

 

On vous connait par vos chants religieux. Qui est Doudou Kende Mbaye ?

Je m’appelle Amadou Kende Mbaye, mais je suis plus connu sous le nom de Doudou Kende Mbaye. Fils de El Hadji Mbaye Dondé Mbaye et Sokhna Awa Yombé Seck. Je suis né le 5 juillet 1960 à Tivaouane.

Quand avez-vous débuté les chants religieux ?

J’ai commencé à chanter à bas âge. Mais c’est dans les années 80 que j’ai commencé à chanter véritablement et à participer aux chants religieux, à la célébration de nuits religieuses. Mais il faut retenir que c’est depuis le bas âge que j’ai commencé à chantonner. Etant fils d’un chanteur, il est tout à fait normal que je m’y adonne. J’entendais mon père chanter et je reprenais ses chansons. Même à l’école primaire, lorsqu’on faisait la composition de chant, il m’arrivait de chanter normalement en français. Mais souvent, mon instituteur me demandait de chanter comme mon père. Donc, c’était véritablement quelque chose que j’avais dans le sang.

Quelle est la première chanson maîtrisée ?

Comme tout bon tijane, la première chanson que j’ai maitrisée est «Inal manaliya». Je l’avais apprise par cœur. C’est un poème de Serigne Babacar Sy dédiée à notre guide spirituel, Cheikh Ahmet Tidiane Chérif.

Avez-vous appris le Coran ?

Oui bien sûr. J’ai appris le Coran ici même à Tivaouane par l’intermédiaire d’un ressortissant gambien qui s’appelait Mouhamadou Lamine Mané. Il avait élu domicile chez Serigne Babacar Sy, mais il avait son daara tout près de chez mon père. Et à bas âge, il m’a initié à l’apprentissage du Saint Coran. Lorsqu’il est retourné en Gambie, mon père m’a emmené au daara de Serigne Babacar Sy et m’a confié à Serigne Babacar Diouf. Ce dernier est aujourd’hui le gardien du mausolée de Serigne Babacar Sy. Je fréquentais l’école coranique et l’école française en même temps.

C’était difficile d’allier les deux ?

Non ce n’était pas si difficile. Vous savez, l’école française est beaucoup plus exigeante, en raison du respect de l’emploi du temps. Et puis, mon maître coranique ne voulait même pas que j’aille à l’école française. Mais mon père lui avait expliqué que je devais allier les deux. Alors, si je n’allais pas à l’école, je partais au Daara. Jusqu’à l’obtention du diplôme de fin d’études moyennes et que je fus orienté au Lycée El Hadji Malick Sy de Thiès où j’ai eu mon bac littéraire, on l’appelait en ce temps la Série A3 en 1982.  J’étais dans la même classe que Mamadou Ndiéguéne de la Radio Diffusion Sénégalaise (Rts). Par la suite, je suis parti à l’Université parce que j’étais orienté à la Faculté des Lettres et sciences humaines où je faisais Portugais et Anglais. Je suis parti en Europe par la suite et j’ai même tenté le travail de « Modou-Modou ». Quand je suis revenu au Sénégal, Serigne Abdoul Aziz Al Amine (actuel porte-parole du khalife de Tivaouane : Ndlr) m’a demandé de rester pour épauler mon père, qui commençait à prendre de l’âge. En 2000, lorsque mon père a quitté ce monde, j’essaie tant bien que mal d’assurer la relève avec mes frères

Combien de temps avez-vous séjourné en Europe ?

J’ai passé trois années en Europe. A mon retour, Serigne Abdoul Aziz m’a demandé de rester au Sénégal. Néanmoins, j’ai la possibilité d’aller en Europe ou aux Etats-Unis pour honorer des chants religieux avec les talibés établis là-bas.

Quelle était la nature de vos relations avec le défunt khalife des tijanes, Serigne Mansour Sy ?

La famille Sy est très fidèle. Mon père a été installé par Serigne Babacar Sy. C’est ce que ces fils ont continué. Mon père chantait pour tous les membres de la famille Sy, a fortiori pour Serigne Mansour Sy, qui assurait le Moualoud. Après le décès de mon père, Serigne Mansour m’a demandé d’essayer d’assurer la relève de mon père et de perpétuer son œuvre pour que cette fidélité soit maintenue. Voilà pourquoi il m’a toujours couvé et m’a confié cette partie que constitue la chanson dans la confrérie pour qu’elle ne se perde pas. C’étaient des relations de père à fils, de marabout à disciple. Mais c’est la relation entre père et fils qui était privilégiée. Il y a toujours eu une complicité entre nous. Et je pouvais aisément deviner ce qu’il voulait comme chanson à un moment ou à un autre. C’était important pour moi.

Qu’avez-vous ressenti à sa disparation ?

Un grand vide (il insiste). Et jusqu’à présent, il m’arrive de me poser la question de savoir si Serigne Mansour a réellement quitté ce bas monde. Parce que c’est très difficile d’être couvé par une personne et de se retrouver un jour seul. Il est constaté, de visu, qu’il nous manque beaucoup. C’est une grande perte que nous ressentons chaque jour pour toute la Ouma et la confrérie Tijane. Son aura, son charisme, son érudition m’ont beaucoup marqué.

Qui vous a informé de son décès ?

J’étais parti en Espagne avec son fils, Serigne Habib Sy. En Espagne, on s’est parlé au téléphone, le lendemain, j’ai su qu’il avait subi cette opération, le 8 décembre, jour du Gamou d’un Dahira de Serigne Abdoul Aziz Sy que j’animais jusqu’à quatre heures du matin. Mais Serigne Abdou n’est pas sorti de sa chambre et je commençais à me poser des questions. Je voulais savoir pourquoi il n’était pas sorti jusqu’à cette heure. Mais quand il est sorti, il a parlé de la maladie de Serigne Mansour publiquement, alors, j’ai commencé à avoir des doutes. J’ai confié à un de mes oncles que je n’osais même pas dire ce à quoi je pensais. Parce que je connais la discrétion de Serigne Abdoul Aziz et s’il aborde un sujet aussi sensible en public, c’est parce que quelque chose s’était produit. Quand je suis arrivé à la maison, j’ai été appelé pour être informé de la fatidique nouvelle.

Qui vous a appelé ?

C’est un des proches de Serigne Mansour qui m’a appelé.

Comment avez-vous réagi ?

C’était terrible et je n’ai pu fermer l’œil de la nuit et pourtant, je venais de passer deux nuits sans dormir. J’étais Ko. Mais heureusement, il nous a toujours appris l’acception de la volonté divine, du décret divin. Le lendemain, avec l’aide de Serigne Abdoul Aziz Sy, j’ai tant bien que mal essayé de surmonter cela.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué chez Serigne Mansour ?

Sa générosité, hormis son érudition. Tout le monde savait que c’était un érudit. Son humilité. Et tous ceux qui l’ont approché ont découvert un homme humble, qui était prêt à tout donner. Il arrivait que des gens lui présentent des ordonnances qui datent de plus de deux ans, il le savait, mais il leur donnait toujours de l’argent.

Quelles relations entretenez-vous avec l’actuel Khalife Serigne Cheikh Tidjane ?

Vous savez, Serigne Cheikh est un homme mystérieux, « Al Makhtoum » veut dire mystérieux. Tout le monde sait qu’il apparaît très rarement, je peux dire que c’est un guide spirituel qui esttoujours en contact avec les cœurs et non avec les corps.C’est un homme extrêmement érudit, un grand intellectuel, et je crois qu’il fait partie des plus grands philosophes de ce siècle. Mais par son caractère mystérieux, discret, il ne parle par gens que par des intermédiaires. Tout le monde connaît son histoire, son passé, marqué par ses engagements importants, aussi bien religieux que patriotiques. Nous sommes sous la coupole de Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine à qui il donne des directives, il nous les transmet et nous essayons de les exécuter.

Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?

Cela fait un bon bout de temps, c’était la dernière fois qu’il est sorti publiquement et ce n’était pas en aparté.

Avez-vous espoir qu’il fasse une sortie publique bientôt ?

Oui bien sûr. Comme le disait Serigne Abdou lors de l’ouverture du « Bourde », c’est un homme mystérieux qui a cette force de surprendre là où on ne l’attend pas. Donc, je crois que vu sa dimension intellectuelle, son érudition et les responsabilités qu’il porte sur ses épaules en tant que responsable de la confrérie Tidjane, il n’est pas écarté qu’il parle publiquement aux gens. C’est le vœu le plus cher de tous les Tidjanes actuellement.

D’aucuns disent que c’est parce que Serigne Cheikh est malade qu’il ne sort pas ?

Non je ne pense pas qu’une maladie puisse l’empêcher de sortir. Mais comme vous le savez, les nouvelles que nous avons de lui nous viennent de Al Amine, qui a confirmé qu’il était un peu souffrant lors du décès de Serigne Mansour. Mais hormis ce fait, tout le monde sait que Serigne Cheikh est un homme qui aime la solitude. Et ce qui me frappe le plus chez lui, c’est que beaucoup de gens, à sa place, montreraient qu’ils sont le khalife, celui qui dirige la confrérie. Mais malgré cette qualité de superviseur de la confrérie, Serigne Cheikh demeure serein, comme si de rien n’était. Je crois que ça, c’est frappant, ça fait bientôt un an et il reste toujours discret. C’est une forme d’humilité, un symbole de son caractère mystérieux.

A part le chant religieux, quelles sont vos autres activités ?

C’est pratiquement ce que je fais tout le temps. Il m’est extrêmement difficile d’y ajouter d’autres choses, mais j’ai quelques petites activités lucratives. Mais la plupart du temps, je me consacre à ce legs reçu de mon père.

Et est-ce que vous formez vos enfants aux chants religieux comme votre père l’a fait avec vous ?

(Rires) Ce qui est curieux, c’est que pendant que mon père faisait cela avec moi, j’étais encore à l’école. Un jour, il m’a trouvé tenant entre mes mains le livre « Khilassou Zakhab », et il m’a dit : «Tu devrais accorder plus d’importance à cet ouvrage qu’au Bac, parce que ce sera ta vocation». Cela m’a fait rire sur le coup, parce qu’en réalité,je voulaisdevenir journaliste, c’était ma vocation. Mais comme on dit, les personnes âgées voient des choses que les jeunes ne peuvent pas voir. Comme tous les fils et petit-fils de Mbaye Dondé, mes enfants ont le chant dans le sang, même si je ne les y forme pas. Ils vont à l’école, coranique et française, pour le moment, c’est le plus important, leurs études, aussi bien sur le plan religieux que laïque. 

Mais est-ce que vous souhaiteriez qu’un de vos enfants prenne votre relève ?

(Il rit encore) C’est entre les mains de Dieu, parce que même moi, je ne savais pas que je deviendrais chanteur religieux, ce que je voulais, c’était devenir journaliste. Mais l’être humain ne peut pas échapper à son destin. Mes enfants chantonnent toujours, comme moi je le faisais, ils entendent mes chansons. Quoi de plus normal qu’ils essaient de faire comme moi ?

Pourquoi vouliez-vous devenir journaliste ?

C’était ma vocation, on ne se l’impose pas, c’est quelque chose de sentimental. Je voulais devenir journaliste d’abord pour informer objectivement, ensuite comme j’aimais beaucoup le football, il m’arrivait même de faire des reportages quand il y avait un match ici. Et étant dans le dahira «Moustarchidine », vers les années 80, c’est moi qui faisais des interviews avec les gens lors des ziarras. Donc cela cultivait en moi l’amour du journalisme. Et je crois qu’il y a une certaine interaction entre la chanson et le journalisme, c’est toujours dans le domaine de la communication. Celui qui chante s’adresse à un public, le journaliste également, donc je pense qu’il y a une liaison étroite entre les deux. En plus, dans ma famille, la plupart des gens sont des littéraires, et je crois que cela a beaucoup contribué à nourrir cette vocation.

source: http://www.gfm.sn/actualites/item/9673-doudou-kend-mbaye-fils-de-mbaye-donde-mbaye-animateur-religieux--jusqua-present-je-me-demande-si-serigne-mansour-est-reellement-parti.html

Tivaoune, Al Amine “blinde” Aminata Touré
Quand le ministre du budget dit "niet" au FMI