Attendu hier à Dakar: Me Wade arrive vendredi

L’ancien président de la République, Abdoulaye Wade sera à Dakar vendredi. Attendu hier, il aurait été bloqué à l’aéroport de Casablanca « du refus des autorités sénégalaises de délivrer une autorisation d’atterrissage », selon le coordonnateur du Pds, Oumar Sarr.

Selon le coordonnateur, Oumar Sarr, le pilote qui devait conduire l’avion a proposé que le vol soit différé après plusieurs heures d’attente d’une autorisation d’atterrissage des autorités sénégalaises à la compagnie marocaine.

Attendu hier à Dakar, l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade, arrive finalement à Dakar vendredi, dans l’après-midi. L’annonce a été faite hier par le Comité directeur du Parti démocratique sénégalais (Pds).

L’annonce ne semble pas décourager les centaines de personnes qui ont pris d’assaut le siège du Pds situé sur la Vdn. « Nous y serons demain pour accueillir notre leader. Le régime a peur du retour de Wade. C’est pour cette raison qu’elle a manigancé pour empêcher l’atterrissage de l’avion », s’est désolé un militant vêtu d’un tee-shirt à l’effigie de l’ex-président. Les responsables du Pds ont souligné que Me Wade a finalement reçu l’autorisation pour faire atterrir l’avion qu’il a affrété, à l’aéroport de Dakar. Oumar Sarr a appelé tous les militants à se mobiliser pour accueillir leur leader. Les autres formations politiques de l’opposition ne seront certainement pas en reste. Les représentants de « Rewmi » et des autres partis ont eu droit à des applaudissements nourris quelques minutes après le point de presse animé par Oumar Sarr pour annoncer le « blocage de l’avion affrété par l’ancien président au Maroc ». « Les autorités sénégalaises n’ont pas donné une autorisation d’atterrissage à l’avion. Nous dénonçons cette forfaiture et interpelons directement le président, Macky Sall », a dit Oumar Sarr.

Un important dispositif sécuritaire a été mis en place par les autorités pour certainement éviter des « troubles à l’ordre public ». Des gendarmes vêtus de tenues anti-émeutes étaient visibles sur les lieux.

LA GENDARMERIE DISPERSE TOUT ATTROUPEMENT AUX ALENTOURS DE L’AÉROPORT LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR
Beaucoup de militants libéraux espéraient accueillir, en grande pompe, leur leader Me Wade à l’Aéroport. Mais ils n’ont pu satisfaire ce vœu avec les gendarmes qui leur ont fermé toutes les voies d’accès.

Accéder au salon d’honneur de l’aéroport Léopold Sédar Senghor est quasi impossible pour bon nombre de responsables libéraux. Venus à l’accueil de Me Wade, plusieurs caciques du Pds sont stoppés net par les gendarmes sur la voie principale qui  mène au salon présidentiel.

La responsable des femmes libérales Awa Diop, le député Aïda Mbodj, Aliou Sow, Sitor Ndour et Serigne Mbacké Ndiaye, étaient tous, hier, sur les lieux attendant qu’un ordre soit notifié aux gendarmes pour leur permettre de passer. L’attente déplait à certains comme Aliou Sow et Sitor Ndour. Ce dernier, harassé par cette attitude des gendarmes, crie son indignation. « Tout ce qu’ils sont en train de faire est inutile. Il s’agit d’un accueil pacifique et toute cette armada n’a pas sa place ici », soutient M. Ndour. Outre l’accès au salon d’honneur, toutes les voies menant à l’aéroport international de Dakar étaient envahies par des gendarmes.

Du croisement Ngor au croisement Yoff, en passant par le centre de formation de l’Asecna, le centre de santé Philippe Maguilen, tout ce périmètre est surveillé par les éléments de la gendarmerie. Munis de leur tenue de combat, ils intiment l’ordre à toutes les personnes de circuler. Surtout aux nombreux militants du Pds qui affluaient régulièrement dans la zone, à bord de cars « Ndiaga Ndiaye » ou de véhicules banalisés. « Circulez ! Circulez ! », dira un homme en bleu, une fois qu'un « Ndiaga Ndiaye » déverse un lot important d’étudiants du Meel.

Vêtus de T-shirt où on peut lire : « Wade ba faaw », les étudiants libéraux ne s’empêchent de railler cette frilosité des gendarmes, en brandissant de grands portraits de Wade aux nombreux automobilistes qui passaient. Mais ce sont surtout les jeunes qui se définissent comme des « karimistes » qui refusent d’exécuter l’ordre des hommes en bleu. C’est à hauteur du centre de santé Philippe Maguilen qu’on verra une réelle confrontation entre gendarmes et jeunes libéraux. « Libérez Karim ! Libérez Karim ! », scandent ces jeunes, acculés par les gendarmes. Les nerfs sont surchauffés. La tension monte, obligeant la dizaine de commerces à baisser les rideaux. Subitement, les gendarmes renforcés par d’autres éléments tirent deux à trois bombes lacrymogènes pour disperser la foule. C’est la débandade, mais certains lancent une pluie de pierres en direction des forces de sécurité. Une course poursuite va permettre de mettre la main sur trois leaders de ce mouvement.  Finalement, les hommes en bleu finissent par les repousser jusqu’au pont du Cices. Les gendarmes se repositionnent et occupent tous les espaces laissés par les militants libéraux. Dans le même temps, sur les stations radios, les intervenants spéculent sur le retard de Wade qui était annoncé vers 15 heures.

Oumar Sarr, le coordonnateur du Pds confirme qu’il se trouve au Maroc et qu’il n’aurait pas encore obtenu l’autorisation pour embarquer vers Dakar. Une version que d’autres personnes contestent. Cette guerre des ondes entre libéraux et certains responsables du régime reste entière. Farba Senghor tente, pour sa part, de faire une parade, en occupant l’espace. A bord de son 4X4, le responsable de la propagande du Pds passe sur la route pour motiver les quelques militants qu’il trouve encore sur la route de l’aéroport. Malheureusement pour lui, le grand nombre de personnes auquel il s’attendait est dispersé par les gendarmes.

AMINATA TOURE, PREMIER MINISTRE: « NOUS NE SOMMES PRÉOCCUPÉS QUE PAR L’AMÉLIORATION DU SORT DES SÉNÉGALAIS »
Réagissant sur les ondes de la radio Rfm, le Premier ministre, Aminata Touré a déclaré que l’Etat est préoccupé par l’amélioration du sort des Sénégalais. Ce sont les questions économiques, sociales, l’emploi des jeunes et la campagne agricole qui nous intéressent beaucoup plus, a dit le Premier ministre pour qui « rien de spécial ne se passe ».

« Je suis à mon bureau depuis ce matin (Ndlr. hier), et l’Etat compte maintenir la sécurité des personnes et des biens d’où l’interdiction prise par le préfet », a dit le Premier ministre. Selon Mme Aminata Touré, l’interdiction du cortège et du meeting de Me Wade s’explique par le maintien de l’ordre public. « Si l’autorité apprécie que des manifestations peuvent créer un trouble à l’ordre public, elle a le pouvoir de prendre les mesures nécessaires », a encore justifié le Premier ministre.

Dans le cadre démocratique, a expliqué le chef du gouvernement, tout doit se passer dans l’ordre et en toute sécurité. « Il faut arrêter la politique politicienne, et aujourd’hui, nous faisons le travail qui nous a été confié par le chef de l’Etat pour améliorer le sort des Sénégalais. Le temps de la politique existe et il y a aussi le temps pour travailler », a encore précisé le Premier ministre. Selon Mme Aminata Touré, « bloquer la circulation, empêcher aux acteurs économiques de travailler, aux élèves et étudiants d’aller aux cours, ou empêcher les malades à aller se soigner, ne font pas avancer un pays ». « J’avais bien compris que c’est un ancien président de la République qui regagnait son pays après une absence, pourquoi en faire un événement exceptionnel », s’est interrogé le Premier ministre. D’après le chef du gouvernement, le président Macky Sall a mis dans d’excellentes conditions son prédécesseur avec un personnel et un salaire mensuel. Elle a cité en exemple l’ancien président Abdou Diouf qui effectue des visites au pays sans aucun problème. « Cette arrivée n’est qu’une tempête dans un verre d’eau », a martelé le Premier ministre invitant les hommes politiques à attendre la prochaine campagne électorale pour s’exprimer pendant la période fixée par le code électoral et ne pas prendre le pays en otage alors qu’il veut émerger.

De l’avis de Mme Aminata Touré, le Sénégal, sous Macky Sall, a eu des acquis indéniables avec l’adoption du pacte social, la baisse des loyers, le renforcement de la bonne gouvernance, la création de plus de 100.000 emplois, le soutien aux agriculteurs, etc. « Nous avons eu le soutien de la Banque mondiale, du Fmi, de l’Union européenne, et de plusieurs institutions qui ont fait confiance au chef de l’Etat, lors du lancement du Plan Sénégal émergent (Pse) », a encore expliqué le Premier ministre.

En réponse aux critiques d’Idrissa Seck qui a demandé des explications sur les biens du chef de l’Etat, elle a rappelé que Macky Sall a eu un parcours exemplaire et il a été le premier chef d’Etat à faire une déclaration de patrimoine en y associant son épouse. Ce que ses prédécesseurs n’avaient pas fait. Pour le Premier ministre, Idrissa Seck doit être le dernier à parler de fortune, rappelant le protocole de Rebeuss.

FAUSSE ANNONCE DU BLOCAGE DE L’AVION: UN JEU MÉDIATICO-POLITICIEN POUR DISCRÉDITER LE GOUVERNEMENT, SELON LATIF COULIBALY
Le ministre de la Bonne gouvernance et Porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly a déclaré hier que l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade a posé « un jeu médiatico-politicien pour discréditer le gouvernement sénégalais » en annonçant que son avion n’avait pas l’autorisation d’atterrir.

Le Porte-parole du gouvernement que nous avons joint, hier soir au téléphone, a précisé qu’il y a juste une semaine, la compagnie marocaine Alpha Air avait fait une demande de survol et d’atterrissage du territoire sénégalais adressée à l’Agence nationale de l’Aviation civile et de la Météorologie (Anacim). « Ce dossier a été instruit par les autorités de l’Anacim et une réponse favorable a été donnée depuis une semaine », a précisé le ministre Porte-parole du gouvernement. Aussi, Abdou Latif Coulibaly a révélé que sur le manifeste envoyé à l’Anacim figuraient les noms des passagers marocains Chakib Lachrichi, Ilam Faoui et Abdel Fatah Ouzeid. Ce manifeste, a encore soutenu M. Coulibaly, prévoyait  la liaison Casablanca-Dakar-Casablanca pour la période du mercredi 23 au jeudi 24 avril 2014.

A la suite de cette première autorisation, hier, mercredi 23 avril 2014, en fin de matinée, la compagnie marocaine a adressé un nouveau manifeste pour changer les noms des voyageurs. Dans ce nouveau manifeste, a soutenu le ministre Porte-parole, à la place des Marocains qui ne figuraient pas sur ce vol d’après certains recoupements, Abdoulaye Wade, Adama Sène, Baye Moussé Bâ et Abdoulaye Diène étaient prévus. Le Porte-parole du gouvernement précise, à cet effet, que les nouvelles règles de l’Aviation civile internationale, depuis les événements de 2001, prévoient qu’en cas de changements sur un manifeste, il faut adresser une nouvelle demande dont le délai de traitement est de 48 heures.

Malgré tout, ajoute-il, l’Anacim a instruit le dossier et a donné son accord en moins trois heures sur le numéro d’ordre Anacim du 23 avril 2014-DTA 869. « L’annonce de blocage annoncé par Wade est un jeu simple à comprendre », a expliqué le ministre. Le Porte-parole du gouvernement a conclu « qu’à ce niveau de responsabilité avec le statut d’ancien chef d’Etat de Me Wade, il n’est pas compréhensible qu’on puisse franchir ce pas pour un jeu médiatico-politicien dans une entreprise vaine de discréditer le gouvernement ».

COMMUNIQUE DE PRESSE DE L’ANACIM À PROPOS DU VOYAGE DE ME WADE
Nous avons reçu de l’Anacim ce communiqué à propos du voyage de Me Wade.

Le 22 avril 2014, les services de l'Anacim ont reçu une demande de survol et d'atterrissage de la compagnie marocaine Alfa Air sur le trajet Casablanca-Dakar-Casablanca. Le vol devait transporter trois (03) personnes de nationalité Marocaine. Les demandes de survol et d’atterrissage du territoire national sont tenues d’être déposées au moins 72 heures avant le décollage des vols. Sur la base des informations fournies, une autorisation a été délivrée pour la période du 23 au 24 avril 2014. Le 23 avril 2014 à 11h20 Gmt, l’Anacim a reçu des informations complémentaires selon lesquelles des paramètres importants du vol ont  été modifiés. En effet, il est attesté que l’immatriculation de l’aéronef ainsi que le manifeste passager ont subi des modifications substantielles. Le vol en question est prévu pour transporter exclusivement l'ancien président Abdoulaye Wade et sa délégation. Devant cette situation, l’autorisation délivrée a été annulée conformément à la procédure en la matière. Une nouvelle demande a été formulée le 23 avril à 14h30 par l’affréteur qui a reçu, après étude, un avis favorable.

Le Directeur Général p/i

ME WADE AVANT SON DEPART DE PARIS: « DÉSTABILISER LE SÉNÉGAL, CE N’EST PAS MON INTENTION »
Me Wade a été accueilli, tôt hier, à l’aéroport d’Orly par une trentaine de personnes. Devant ses militants, il a pris la parole pour lever des équivoques. « Je ne vais pas au Sénégal pour déstabiliser Macky Sall », a dit l’ancien chef de l’Etat.

« Je ne vais pas au Sénégal pour déstabiliser Macky Sall », a déclaré Abdoulaye Wade dans les salons d’honneur de l’aéroport d’Orly. « Si je voulais le faire, je ferai comme Khomeiny (à la tête de l’Iran de 1979 à 1989 après un exil à Paris, Ndlr). Je reste à Versailles et je fais des déclarations pour demander aux Sénégalais de descendre dans les rues. Ce n’est pas mon intention ».

Sur l’interdiction préfectorale de tenir un meeting d’accueil adressé aux responsables du Pds à Dakar, en bon avocat, l’ancien président sénégalais a convoqué le passé pour mieux faire passer son argumentaire. « C’est normal que les gens me reçoivent », dit-il d’emblée. En 1999, j’ai été reçu (après un long séjour en France, Ndlr) par deux millions de personnes et il ne s’est rien passé.

Abdoulaye Wade a demandé qu’on « respecte le droit des Sénégalais de (le) recevoir (ainsi que) la liberté de marche et de réunion ». Sur la mobilisation des militants à Orly, Me Wade leur a transmis son émotion. « Je suis content de voir que mes militants se sont autant mobilisés. Je constate, de nouveau, la grande mobilisation de la fédération de France qui est peut être aujourd’hui l’une des fédérations les plus actives dans le parti. A chaque événement, vous prenez position et vous faites des actions ». Sur l’accueil attendu à Dakar, pour celui qui demeure secrétaire général du Pds, « cela montre que les Sénégalais ont apprécié ce que j’ai fait pendant mes mandats à la tête du pays.  C’est dommage qu’il n’y est pas de continuité, qu’il n’y est pas quelqu’un, à la tête du Sénégal, capable de prendre le Sénégal à l’état où je l’avais laissé, sur le plan démocratique, économique, social ». Dans la bouche d’Abdoulaye Wade, cela équivaut à « amener la paix au Sénégal et renforcer la démocratie ».

REGRETTANT LES DECLARATIONS DE ME WADE: LE PS DEMANDE AU GOUVERNEMENT DE PRENDRE SES RESPONSABILITÉS
Le Bureau politique (Bp) du Parti socialiste (Ps) s’est réuni hier à son siège. Ce parti membre de la mouvance présidentielle demande au gouvernement de prendre ses responsabilités suite aux déclarations de Me Wade depuis la France.

Les déclarations de l’ex-chef de l’Etat, hier matin en France, demandant aux Sénégalais de sortir pour l’accueillir, n’ont pas été du goût du Ps. Réunissant hier son Bp, le Ps demande au gouvernement de prendre ses responsabilités et aux partis membres de la majorité présidentielle de défendre le régime. « Un Etat se respecte. Il a des moyens et des fondements qui lui permettent de garantir la quiétude, la stabilité du pays.  C’est pourquoi, le Ps demande à tous les partis de la mouvance présidentielle de prendre en charge la défense politique du régime, de prendre leurs responsabilités pour contrer Abdoulaye Wade et son parti dans cette campagne de manipulation de l’opinion », a déclaré Abdoulaye Wilane, le porte-parole adjoint du parti qui s’adressait à la presse à la fin de la rencontre. «Que l’Etat, de manière républicaine, sans faiblesse coupable ni cruauté inutile, prenne ses responsabilités afin que chacun reste à sa place »,  a ajouté M. Wilane. Selon lui, avec Abdoulaye Wade, la tolérance doit avoir des limites. « Il n’y a que cela qui vaille. Le Ps exprime ses regrets par rapport à toute cette campagne de diabolisation du régime qui était dans les dispositions de réserver à Me Wade une bonne arrivée, un bon séjour. Mais il a d’autres visées qui sont dangereuses », déplore-t-il.

Le Bp a, par ailleurs, fixé pour les 6 et 7 juin prochain, la date de son congrès. Le porte-parole adjoint a indiqué que ce se sont près de 2.500 délégués qui sont attendus pour ce grand rendez-vous politique. Pour les élections locales, le Ps a invité ses mandataires à être prêts pour remplir toutes les formalités liées au dépôt des titres des coalitions et des couleurs. Il a réaffirmé sa volonté d’aller en coalition sous la bannière de « Bennoo Bokk Yaakaar ». Il se réjouit du consensus qui a prévalu dans beaucoup de localités tout en soulignant qu’il y a des difficultés dans certains endroits. Sur ce point, le Ps souhaite que le dialogue soit exploré afin d’arriver à un consensus.