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Abdourahmane Sèye dit New-Bi, rappeur : "La première fois que je suis monté sur scène, les gens ont fui"

Sénégal

Il est la star des Hlm Grand Médine mais il peine à joindre les deux bouts. Abdourahmane Sèye alias New-bi incarne la nouvelle de génération de rappeurs prometteurs. Il est réputé être une bête de scène. Son style est original mais handicapant, reconnaît-il. L’auteur de l’album bayi xel  anime des concerts avec son percale. Son nom d’artiste fait frémir.

 Le Mc qui flirte avec le rap depuis 1998 est père et soutien de famille. Il veut  tout de même revenir en force. Dans cet entretien, il assène ses vérités  sur le showbiz, ses attentes par rapport au Mouvement Y en a marre et sur la marche du pays sous l’ère Macky Sall. Etant donné que la musique ne nourrit pas des novices new school de sa dimension, New-bi explique les raisons pour lesquelles il est souvent contraint d’aller laver des voitures au parking du stade Léopold Sédar Senghor, son environnement immédiat.

Cela fait un bout de temps qu’on n’entend plus New-bi. Qu’est devenu le rappeur ?
Depuis un certain temps, je travaille sur mon prochain album. Ma première cassette  date de 2007. Je suis en studio. Le public avait apprécié la qualité de l’écriture de mon premier album. Mais il faut  que j’améliore le flow. Les Sénégalais sont de bons rappeurs. Donc, à chaque fois, il faut élever le niveau et la qualité de la musique. C’est la raison pour laquelle, je fréquente plusieurs studios afin d’améliorer la qualité de ma musique. En même temps, je suis à la recherche d’un producteur. Parallèlement, je travaille sur des projets susceptibles de rapporter quelque chose. La musique ne paie pas, encore moins le rap, surtout aux artistes de ma dimension.  D’autant que mon style ne plaît pas à tous les Sénégalais.
D’où vient le surnom New-bi ?
On m’interdit d’en parler. Dans ma famille, je m’étais insurgé jusqu’à me demander publiquement  si je suis un new (un mort, en wolof). Finalement, on se moquait de moi en m’appelant New-bi. Quand j’ai voulu devenir rappeur, je me suis dit qu’il ne faut pas  réfléchir mille fois pour se trouver un nom d’artiste. Au début, je me suis surnommé Ramsès. Puis, je me suis dit qu’il faut trouver un surnom original. Quand au percale, on avait offert un tissu à un ami. Il l’a carrément refusé. Disant que je me surnomme New-bi, il me l’a offert.  La première fois que je suis monté sur scène avec, les gens ont fui.
N’êtes-vous pas bloqué par votre nom d’artiste New-bi au niveau local et international. C’est un surnom qui fait peur à beaucoup de Sénégalais ?
 Non, il s’agit juste d’un surnom.  Par exemple,  Michael Jackson n’est pas un nom facile. Il n’y a pas de secret. C’est le travail qui fait avancer et rien d’autre. Ce n’est pas difficile à prononcer New-bi. J’ai des amis qui sont à l’étranger qui n’ont pas de problème avec ce surnom. D’ailleurs, le surnom n’a des difficultés qu’au Sénégal pour plusieurs raisons. Ceux qui savent la signification mais aussi la place qu’occupe la mort dans le subconscient sénégalais sont autant de facteurs de rejet. Mais je dis qu’il faut travailler à partir de concepts.  Je travaille plus pour la scène. Je suis optimiste. Je crois que le jour où je serais en concert à l’étranger marquera un processus irréversible. Je viendrai avec mon originalité. Le public sera surpris par mon art.
Mais le fait d’apparaître en percale ne porte-il pas préjudice ?
Cela a un effet positif. Il hypnotise un peu les gens. New-bi sur scène amène les gens à faire une introspection. Ils se rappellent que tôt ou tard, ils finiront par être enterrés. Toute­fois, c’est un frein pour moi. Il est vrai que le Sénégal est le pays de El hadji Malick Sy, de Cheikh Ahmadou Bamba etc, mais aborder le thème de la mort dérange un peu. Si c’est un clip, ils peuvent zapper. Je trouve qu’ils n’ont pas peur de mon nom et de mon percale. Ils ont surtout peur de mes paroles. Je disais à un ami que si les radios et les télés avaient consacré une journée à mes morceaux, j’aurais été parmi les plus respectés de ce pays.  Je pousse les gens à un retour vers Dieu. Je parle des problèmes de la société. Il faut que les gens se rappellent qu’on finira mort un jour. Il n’y a aucune raison d’en avoir peur. 
Que fait New-bi à part la musique ?
Je me débrouille. Je suis un soutien de famille. Je n’ai pas un succès qui me permet de vivre de concerts. Je dois travailler pour prendre en charge ma famille. Je n’ai pas un travail fixe. J’exerce beaucoup de métiers.
 Lesquels ?
(Sourire) Je vais au parking du Stade Léopold Sédar Senghor pour laver des voitures. Dès fois, ça marche. Parfois, des personnes généreuses me trouvent en train de laver une voiture, ils me donnent 5000 F Cfa. Cependant, à chaque fois que je décroche une somme équivalente à la dépense quotidienne, je rentre à la maison. Je vais faire autre chose. Dès fois, mes amis ont des chantiers. Après avoir fini la plomberie, ils me donnent l’opportunité de recruter une équipe pour faire le nettoyage. De toute façon, ce n’est pas un problème pour moi. Il faut montrer à nos jeunes qu’il ne s’agit pas de boire du thé à longueur de journée.
Cela ne porte-t-il pas préjudice en tant qu’artiste qui apparaît souvent à la télévision ?
 Effectivement, cela me porte préjudice. Pour être une star au Sénégal, il faut se faire désirer. Malheureu­sement, on n’y peut rien. Il n’existe pas dans ce pays des maisons de production qui détectent des talents pour y investir leurs billes. On ne peut pas croiser les bras à attendre un concert. On a des charges. Du moment qu’on a pris sur nous la responsabilité de prendre femme et de fonder une famille, il faut assumer. Le jour où je vais réussir dans la musique, les gens sauront que je me suis battu pour en arriver là. J’ai quitté l’école en classe de 4e. 
Qu’avez-vous fait quand vous avez quitté l’école ? 
J’ai été un coxeur. Un de mes professeurs était venu me faire comprendre que je devais retourner à l’école. J’y suis retourné. Une fois en classe de 4e j’ai décidé d’abandonner. Je ne pouvais plus regarder ma mère se débrouiller pour moi. J’avais finalement détesté l’école.
Si vous êtes obligé d’exercer certains petits boulots, n’est-ce pas parce que votre premier album n’a pas marché comme vous le souhaitiez ?
La communication était  adéquate. L’album avait été accompagné de 24 000 affiches et flyers. J’ai fait une tournée dans tout le Sénégal. Je faisais partie des artistes qui assuraient la première partie des concerts de Youssou Ndour dans le cadre de la promotion de son album Alsa­ma­day. Les concerts étaient des occasions de vendre l’album. Le seul problème était que mon staff avait suspendu durant cette période ses activités professionnelles. Par la suite, chacun est retourné à ses propres affaires. Si je devais juger, je dirais que c’était réussi. Je suis connu. Aujourd’hui, je fais partie des rappeurs qui comptent. Maintenant, le gros du travail vient de démarrer. Il faut que confirme. J’ai gagné en maturité.
Selon vous, quels sont les tares du mouvement rap sénégalais ?
 D’abord, je constate que le rap a musicalement bien évolué. Il n’est plus difficile de disposer d’une sonorisation. Les rappeurs se sont améliorés. Mais  sur le plan économique, les choses n’avancent pas. Les artistes affichent un honneur qui ne se justifie pas. De mon point de vue, il y a de l’indiscipline dans le mouvement. Les rappeurs ont l’habitude de dire que le rap vient de la rue. Ils oublient de dire que ceux qui sont dans la rue viennent des maisons. Donc, on doit penser aux foyers où se trouvent nos parents. Si  on fait  une musique qui ne plaît pas aux parents, ils ne demanderont pas à leurs enfants de venir à nos concerts. On est un peu vulgaire. Rien que nos tenues vestimentaires font douter les parents. Si on y ajoute des propos arrogants, nous seront tous stigmatisés.
La culture hip hop doit  tout de même se refléter à travers le langage et le port vestimentaire ?
On peut s’habiller hip hop tout en restant correct. Je suis contre le pinw et assimilés. Les habits doivent être présentables. Par ailleurs, on peut avoir son propre style langagier mais avec toute la décence qui sied. J’utilise des termes que nos grands parents utilisaient. Le problème, c’est le mimétisme des Américains. On en fait trop. Les réalités ne sont pas les mêmes.  La religion est le cadet des soucis des Américains. Ce qui  est permis au Etats-Unis, peut ne pas l’être ici. A un moment donné, on disait qu’écouter les rappeurs valait mieux qu’écouter les prêcheurs. Ce n’est plus le cas. Il y a de la méchanceté, de la haine. Quand il y a ces deux tares dans un groupe, il aura toujours du mal à progresser. Encore que certains rappeurs ne s’entendent pas du tout.
Justement les rappeurs ont vivement dénoncé les problèmes de gouvernance et mal être des populations jusqu’à contribuer au départ de Abdoulaye Wade du pouvoir. Aujourd’hui, quel regard jetez-vous sur des  mouvements comme Y en a marre ?
C’est aujourd’hui que Y en a marre a un sérieux boulot. Je les attends sur les problèmes du pays qui deviennent de plus en plus nombreux. Je crois savoir qu’ils ne combattaient exclusivement pas Abdoulaye Wade mais un mauvais système. Ceci est plus que jamais en vigueur. Le Mouvement Y en a marre doit réorienter son combat au-delà des problèmes politiques. Le plus  primordial est  de se battre pour les populations. Ils disent qu’ils veulent bâtir un Sénégal nouveau. Ceci doit se refléter dans les esprits d’abord. Certes, ils ont franchi un pas mais le combat reste entier.
Constatez-vous des actes de Y en a marre allant dans ce sens depuis que Macky Sall est arrivé au pouvoir ?
 Je ne peux pas dire qu’ils ont baissé les armes mais d’intensité. Peut-être qu’ils sont en train de se réunir pour élaborer un plan d’action. Dans la rue, les gens pensent que tous les rappeurs appartiennent à Y en a marre. Ils me disent : Qu’est-ce que vous attendez pour réagir ? Person­nellement, je partage beaucoup d’idées de ce mouvement mais je n’en suis  pas membre. Y en a marre est vrai­ment attendu sur un combat pour défendre les intérêts des Sénégalais.
 Après une année de Macky Sall au pouvoir, quel bilan tirez-vous ?
Entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012, j’avais dit qu’on va chasser Abdoulaye Wade du pouvoir mais les choses vont s’empirer après. La vie continuera à être plus dure. Même si on élisait le Président le  plus efficace du monde à la tête du Sénégal, les choses n’allaient pas bouger. Vous savez pourquoi ? Parce que l’enfant sénégalais va l’école. Il va avoir les mêmes diplômes que nos dirigeants actuels et par voix de conséquence les mêmes comportements. Cet enfant sera un ministre ou Président demain. Je voudrais vous dire qu’on n’a pas répondu à la question  de savoir quel type de Sénégalais doit-on former à l’école. Il faut qu’on  règle le problème de l’éducation du Sénégalais.
Ceux qui nous dirigent sont ce qu’ils sont.  Il est temps qu’on remette en cause le système éducatif actuel pour pouvoir progresser. Nos enfants auront du mal à réussir à l’école. En un moment donné, ils seront obligés d’abandonner pour apprendre d’autres métiers. Ce sont les fils de nos dirigeants qui vont étudier en Europe et dans les plus grandes écoles. Ils ont droit à de l’argent de poche et au goûter. Ils vont revenir nous diriger. Nos Présidents disent qu’ils viennent de la campagne. En observant leur manière de faire, vous vous rendez compte qu’ils n’aiment que les choses mondaines. Je ne crois pas à leur discours.
J’étais un partisan du père de Cheikh Bamba Dièye. Ce dernier avait un discours véridique. Au soir d’un scrutin, les Sénégalais lui accordaient un très faible score. Les Sénégalais n’aiment pas des hommes politiques de cette nature. Ils préfèrent les escrocs. Nos mentalités actuelles ne peuvent pas développer un pays. Est-ce qu’on incarne les valeurs de El hadji Malick Sy, Mame Limamoulaye dont on se glorifie tant ? On préfère porter au pouvoir des voleurs, des faux musulmans.
Le Sénégal n’a pas encore de dirigeants, bons musulmans. Regardez comment les gens évitent la question de l’homosexualité à l’Assem­blée nationale !  Quand le M23 avait manifesté à l’Assemblée nationale, j’avais dit que la Constitution du Tout-Puissant a  été la première à être violée. Ce n’est pas demain que le Sénégal va se développer. Dans mon prochain album, je parlerai même des guides religieux qui ne sont pas là pour les intérêts des populations. Des imams sont soudoyés. Je crois l’imam devrait être un homme désintéressé. Il faut qu’on dénonce de telles pratiques. On n’échappera certainement pas aux gens qui sont au pouvoir et qui encouragent de telles pratiques immorales. Au Sénégal, les bonnes personnes ne s’investissent pas sur de bonnes  actions. Or, ceux qui incarnent le contraire ne lésinent pas sur les moyens pour faire triompher leurs œuvres. Voyez comment les gens distribuent de l’argent lors des manifestations qui ne valent rien du tout ! On peut se poser la question si la vie est réellement dure dans ce pays. S’il s’agissait de faire un geste pour la grâce de Dieu, vous ne le verrez pas.

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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/25698/item/20848-abdourahmane-sèye-dit-new-bi-rappeur--la-première-fois-que-je-suis-monté-sur-scène-les-gens-ont-fui

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