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lundi, 16 septembre 2013 00:00

AVANCÉE DE LA MER À RUFISQUE- EN 40 ANS 50 mètres engloutis sur le littoral

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Le littoral rufisquois se retrécit comme peau de chagrin à cause de l'avancée inexorable de la mer. De Rufisque à Toubab Dialaw, en passant par Bargny, Minam et Sendou, l'océan avale chaque année des portions du continent. Aujourd'hui, selon les experts, le centre ville de Rufisque  est menacé de disparition si rien n'est fait. La digue de protection qui a été installée depuis les années 80 ne joue plus son rôle. Elle s'affaisse de plus en plus. Heureusement la nouvelle digue  réceptionnée en juillet dernier vient apaiser les craintes d'une partie des populations situées sur le littoral, dans le périmètre communal de la ville

 

La menace pèse sur Rufisque

Le littoral du département de Rufisque, compris entre la ville de Rufisque et la communauté rurale de Yène, fait  face dangereusement  à  l’avancée de la mer. L’érosion maritime cause  des dégâts importants  sur les populations qui souvent, restent sans moyens de lutte et de défense. Le  continent est de plus en plus grignoté par les eaux qui avancent  inexorablement vers l’intérieur  engloutissant quelques portions de terre dans leur  lente et irréversible  marche. 

La situation de la ville en dessous du niveau de la mer est une des principales causes de  ce mal. D’ailleurs, des experts français  de la coopération décentralisée nantaise estiment  que  si rien n’est fait, le centre ville de Rufisque risque de disparaître dans quelques années.  Comme preuve de leurs allégations, ils indiquent la position actuelle des murs de protection à l’escale communément appelés wharfs. Ces édifices qui avaient été mis en place au début des années 60 se trouvent actuellement sous les eaux. Selon toujours cette étude, une petite observation permettrait de se rendre compte qu’en 40 ans, la mer a avancé de plus de 50 mètres.

La situation est  préoccupante si l’on se fie  aux explications de ce  vieil homme octogénaire, El Hadji Youssou Seck, qui a vu le jour à la fin des années vingt.  « Je me souviens encore il y a quelques années,  la mer était très loin des habitations. En cette période, il y avait le port et le commerce de l’arachide était florissant. Plus de 150 mètres séparaient les concessions de la plage. La maison de mes parents est actuellement sous les eaux alors qu’il nous fallait faire une longue marche pour atteindre la plage », se rappelle-t-il.

A son avis, la mer prend plus de terres que les experts ne soupçonnent. Abdourahmane Guèye  et Ndèye  Rokhaya, sa sœur, respectivement nés en 1962 et 1960 confirment  cela : « Nous sommes nés à Keury Kao, derrière le bar « Brise de Mer ». C’est vers les années 1968 que nos parents ont déménagé pour s’installer à quelques encablures de la route nationale, toujours dans le même quartier, mais aujourd’hui cette maison qui nous a vu naître est sous les eaux. » Selon Sada Dia : "entre la mer et le quartier Keury Kao, il y avait une large plage  qui s’étendait au moins sur 50 mètres et on y organisait des tournois de football, les après midi.

Certains d’entre nous marchaient pour atteindre les piliers qui étaient les témoins  de l’existence du wharf de Rufisque auquel étaient connectés les hangars qui servaient d’entrepôts pour les  produits du commerce qui devaient être acheminés. Mais aujourd’hui,  de tout  ce tableau, il ne reste plus rien sinon les vagues qui viennent  directement cogner sur un barrage qui a beaucoup perdu de sa hauteur avec le sable qui a fini d’ensevelir  son fondement. Un peu plus en avant, en allant vers l’ouest à Keury Souf, c’est la même situation qui se présente. Ici, la distance entre la mer et les blocs de roches n’excède pas plus de quatre mètres aujourd’hui". Or, nous explique un brin nostalgique Youssou Sylla, habitant du quartier il ya  un peu plus  de 50 ans : «  l’avancée de la mer est une réalité ici, sur tout le long du rivage.

A partir du mur du Centre national de formation et d’action  au cimetière catholique  de Diokoul, il y avait une large plage où les pirogues étaient stationnées, avec des cases qui servaient d’abris aux pêcheurs. Entre les pirogues et ces abris, il y avait un espace vaste où on jouait des partis de football. Et vers 18h, on allait avec nos corps en sueur aider les vieux pêcheurs à tirer les filets qu’ils avaient jeté depuis le matin. Et certains d’entre nous essayaient de tromper leur  vigilance pour dissimuler des poissons que nous allions revendre au marché, mais parfois on se faisait surprendre par Papa Gana qui étaient très craint ». Mais aujourd’hui, de là jusqu’au Cap des Biches, la mer s’est presque emparée de toutes ces larges surfaces, il ne reste plus qu’une bande étroite dont la largeur ne dépasse guère les 03 mètres.

 La digue deprotectionpeu à peu engloutie

Installée au début des années 1980, la digue de protection, faite de bloc de roche superposée sur un autre barrage qui avait préexisté et réalisée par des Hollandais,  a été déterminante pour ralentir  l’avancée de la mer sur le littoral rufisquois. Cependant, les problèmes demeurent. L’ouvrage s’affaisse de plus en plus et les vagues le lobent pour s’abattre dans les concessions riveraines qui se trouvent à moins de 10 mètres de la mer.

Par exemple, dans les quartiers de Thiawlène et Mérina, les populations vivent des malheurs durant les périodes de furie des vagues. Ces dernières atteignent parfois plus de dix mètres. Des houles que ne peuvent contenir l’édifice de protection. Mieux, les 30 à 40% ont littéralement été absorbés par l’océan. Cela est nettement plus visible derrière l’ex usine Bata où plus de 200 mètres de la digue ont complètement disparu. Plus de traces de roches ; comme si la digue n’avait jamais traversé cette zone.

Les pêcheurs de la zone, de leur côté, vivent les évènements au quotidien. Selon Ibra Ndiaye, « il y avait tout le long de l’usine jusqu’aux cimetières, une partie de la digue de protection. Mais, elle a complètement disparue. C’est pour vous dire que l’ampleur de l’avancée de la mer dans la zone de Rufisque est grande. Mais, avant le barrage, il y’a plusieurs années, il y’avait ici, après l’usine Bata, en allant vers Bargny, une dune de près de 20 mètres. Cette dune a aujourd’hui disparu et il n’y a plus de traces ».

Pour Mr Idrissa Thiaw de Green Sénégal, la digue de protection ne joue plus son rôle, « du moins ce qui en reste. Elle ne peut plus arrêter les vagues parce qu’elle s’est beaucoup affaissée. C’est pourquoi l’érosion côtière menace de détruire les établissements humains du vieux Rufisque avec des destructions importantes des résidences riveraines : bâtiments industriels et historiques ». Babacar Dieng, auteur d’une étude sur l’érosion côtière à Rufisque avec la commune d’arrondissement de Rufisque Est nous dit la même chose. Selon lui, la résistance de la digue ne dure pas ; d’où la nécessité de trouver d’autres solutions.

 Les démarches des autorités de la  commune  d’arrondissement de l’Est

Au niveau de la commune d’arrondissement de Rufisque Est les autorités se battent pour faire face au phénomène de  l’avancée de la mer. Selon  l'étude qu’elles avaient commanditée, il est prouvé que chaque année, plus d’un mètre de terre sont pris par la mer.  A en croire le directeur  de cabine du maire, « la situation est alarmante parce qu’en moyenne, les eaux marines gagnent moins de 1,30 m par année dans certains endroits et 0,7 m dans d’autres. Ce phénomène est observé de 1937 à 1980 ».

D’ailleurs, Green Sénégal s’est  associée à cette  lutte contre l’avancée de la mer. Idrissa Thiaw, point focal du projet de Green Sénégal pour la construction d’une autre digue à Rufisque, souligne que « le maire de la commune d’arrondissement de Rufisque Est, monsieur Boubacar Albé Ndoye, en partenariat avec les Hollandais qui sont des personnes ressources en matière d’érosion côtière, a obtenu le financement pour la construction d’une digne esplanade dans la partie Est de Rufisque. Le projet est financé par l’Etat du Sénégal à hauteur de deux milliards de francs. C’est l’entreprise Eiffage qui est chargée des travaux qui ont d’ailleurs démarré». Selon l’environnementaliste, cela est un projet d’adaptation aux changements climatiques dont le chargé de la communication est Green Sénégal et le centre de suivi écologique se charge de la mise en œuvre.

La lutte contre l’avancée de la mer nécessite des moyens colossaux. Mais, des moyens doivent impérativement être mobilisés pour sauver la ville de Rufisque. Selon le technicien Babacar Dieng, de la commune d’arrondissement de Rufisque Est, et au-delà de  Rufisque, des moyens doivent être déployés sur tout le long du littoral sénégalais. « Aucune partie ne doit être laissée en rade pour éviter que la zone délaissée ne reçoive tous les problèmes », affirme-t-il.
Pour les solutions à court terme, Mr Dieng fait savoir qu’il faut rapidement renforcer les murs mixtes en béton en les soutenant. Ces murs situés dans la partie Ouest de Rufisque ont pour but d’arrêter les eaux marines. Comme autre solution, l’expert préconise le rehaussement des zones de faiblesse observées dans les murs en enrochement.

Pour les solutions à long terme, il est préconisé la révision des options de protection. Dans ce sens, il y a deux options possibles. Il est possible de renforcer les installations qui existent déjà. Ces ouvrages sont essentiellement des murs en enrochement, dont les caractéristiques peuvent être revues complètement sur le plan géométrique en corrigeant leur hauteur et leur pente.

La deuxième option serait de développer des solutions alternatives. Pour cela, des études préalables sont nécessaires à propos des conditions hydrodynamiques dont les caractéristiques sont les houles, les courants et les marées essentiellement.

Cependant, il faut noter que les murs mixtes en béton qui sont des ouvrages qui existent déjà, doivent être remplacés par d’autres types d’installations car ils présentent de forts risques de rupture.

 Une demi-mesure

Face à la furie  des vagues,  la commune d’arrondissement de Rufisque Est est dotée maintenant d'une digue de protection côtière au niveau des  quartiers de « Thiawlène Digueu » et « Thiawlène Boute ».. L’ouvrage réalisé par Eiffage Sénégal en 11 mois qui se trouve être une digue frontale dotée d’une promenade, fait une longueur de 730 m sur une largeur de 23 m.

Avec l’ouvrage, le problème des exutoires sera réglé une bonne fois pour toute dans l’Est de Rufisque. Le tout pour un coût global de 3,6 milliards. Un financement réparti comme suit : l’Uemoa à hauteur de 59%, le Fonds d’adaptation au réchauffement climatique pour 32%, le projet Intac pour 06% et l’Etat du Sénégal pour une participation de 03%. C’était en présence de l'ancien ministre de l’Environnement et du Développement durable, Ali Haïdar, du président de la commission de l’Uemoa ; Cheikh Adjibou Soumaré, des autorités administratives du département, du maire de la commune d’arrondissement de Rufisque Est, des notables ainsi que des populations.

Selon le maire de la commune d’arrondissement de Rufisque Est, Boubacar Albé Ndoye, avec la réalisation de la digue, « c’est une volonté de l’Etat et du président de la République de venir au chevet des populations de Thiawlène ». Il signalera aussi que la digue de protection permettra de préserver le patrimoine culturel lébou, tout en demandant à l’Etat d’élargir l’infrastructure à toute la ville de Rufisque et celle de Bargny.

Le président de la commission de l’Uemoa, l’ancien Premier ministre du Sénégal, a expliqué  que cette réalisation entre « dans la cadre d’un vaste programme entrepris par la commission de l’Uemoa dénommé programme régional de lutte contre l’érosion côtière dans les pays de l’Uemoa et qui se veut être véritablement une réponse au défi d’un développement durable. Il s’agit ici de lutter efficacement contre les effets de l’avancée de la mer ; phénomène qui menace sérieusement les populations installées le long des côtes ». L’ex ministre de  l’Environnement et du Développement durable, Ali Haïdar, voit dans cette infrastructure un bouclier contre l’érosion côtière. « La digue contribuera à lutter contre l’érosion côtière et à inverser les tendances de dégradation des milieux et cadres de vie…

La protection des zones côtières constitue un des axes prioritaires pour notre politique environnementale et s’inscrit dans le plan d’action nationale pour l’adaptation aux changements climatiques au Sénégal », avait-il souligné. Celui qui est devenu le nouveau ministre de la Pêche  ajoutera  qu’avec   « la  littoralisation des activités économiques, le suivi au quotidien de l’évolution de cet écosystème s’impose comme une nécessité pour prévenir les risques et protéger les populations et leurs biens contre les conséquences négatives de l’avancée de la mer ».
 
Rappelons  que la construction de cette nouvelle digue  à Rufisque Est    fait suite au  drame de Juillet 2007. La furie  de la mer  avait provoqué l’émoi avec  l’effondrement du mur de clôture et une dérive  des corps  vers l'océan ; provoquant du coup la colère de la population de Thiawlène et des quartiers environnants qui s’en étaient d’ailleurs pris au préfet d’alors et au maire. Tout de même,  cela n’était pas une première  car, en 1960 une pareille catastrophe s’était produite comme en témoigne  le notable Pierre Ndoye . « Je me rappelle il y a 54 ans, en 1960, un jour de Tabaski, nous avions subi les assauts d’une mer en furie qui s’est avancée sur une centaine de mètres, emportant avec elle mosquées et cimetières. Il y avait des tombes ouvertes. Ces évènements resteront à jamais gravés dans la mémoire collective », a-t-il confié.

Après cette réalisation à Rufisque- Est, les habitants de Rufisque-ouest disent attendre leur tour  car le danger pèse toujours sur eux. Selon Adja Siga Thiombane, les cimetières de Diokoul sont toujours assaillis par les eaux de la mer qui viennent perturber la quiétude des lieux c’est pourquoi,  estime-t-elle, la digue doit être étendue à toute la bande littorale.

source: http://www.sudonline.sn/50-metres-engloutis-sur-le-littoral_a_15511.html

 

 

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