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La fête de la musique a été le prétexte pour interpeller une icône de la musique sénégalaise sur l’état du Mballax. Le puriste Vieux Mac Faye évoque, dans cet entretien accordé à Actusen.com, les freins de notre musique nationale et explique en profondeur les mutations nécessaires pour une émergence du secteur. Le jazzman rebelle tire à boulets rouges sur le festival
de jazz de St Louis et épingle Youssou Ndour pour l’amalgame qu’il entretient entre la musique et ses activités privées. Etat de la musique sénégalaise
Il est déplorable qu’en 2014 on se pose encore la question sur l’existence ou non de la musique sénégalaise. En faisant l’état des lieux, on peut dire qu’on fonce droit dans le mur. C’est vrai qu’il y a du talent, la création est réelle, mais on ne réfléchit pas sur les aspects économiques, les filières de production. Il n’y a plus de producteur et les artistes se prennent en charge pour exister, le marché est inexistant. Sur la pléthore de gens qui font le Mballax, quelques rares parviennent au sommet, sur cent dix arrivent à peine à vivre de la musique.
C’est déplorable. Depuis un moment, la mode, c’est le grand théâtre, rien que du folklore, juste un artifice pour exister alors que le spectacle doit être le prolongement d’une production audio. Chez nous il y a un sous développement musical qui fait qu’en plus de l’inexistence de marché musical, il faut réinventer le contenu et arrimer le style aux standards internationaux pour sortir la tête de l’eau. C’est ce qui explique notre retard comparait aux congolais, zaïrois, ils ont su s’adapter à la tendance et ouvrir leur musique au monde.
Avenir du Mballax : “Youssou Ndour, malgré toute sa notoriété, continue de se planter et court toujours derrière le disque d’or”
D’abord, il faut savoir que le Mbalax est une musique traditionnelle, comme en Chine au Japon ou en France, ils ont leur propre culture, mais ils ont fait un pas vers la musique moderne. Mais chez nous, c’est le sur place. Le meilleur exemple, c’est Youssou Ndour qui malgré toute sa notoriété continue de se planter et court toujours derrière le disque d’or. Le paradoxe, c’est qu’il est le premier à avoir exploré l’International, mais il refuse de laisser tomber le Mballax et le résultat est éloquent sur la stagnation de son œuvre .IL ne suffit plus simplement de savoir chanter, mais il faut désormais accrocher et cela exige en plus du talent, l’adoption des techniques de production émergentes, l’apport des nouvelles technologies, c’est l’ère de la musique business. C’est à nous donc de trouver les moyens d’arrimer notre musique à ce qui se fait de mieux.
Qui est Vieux Mac Faye
Moi je me définis comme un musicien du monde face à la mondialisation. Je fais du blues ou simplement de l’Afro blues. Du Mballax aussi. IL faut travailler à partir de sa culture et évoluer vers les standards internationaux. Je fais du blues mais joué par un africain, au regard de l’histoire du jazz, on revient aux origines même si ce sont les européens qui l’ont codifié. IL faut avouer cependant que malgré que le jazz soit un langage universel, il y a peu de répondant chez nous, les gens vivent du folklore. Dans la vie civile, je suis greffier mais je n’ai jamais voulu lever le voile sur cet aspect de ma vie.
Ambitions dans la musique : “J’ai un enfant qui joue avec moi, il n’a certes pas encore épousé mes idées, mais c’est l’investissement le plus fiable et je sais qu’avec le temps, il se bonifiera.
Je sors encore des produits, je réfléchis sur de nouvelles orientations et je me rappelle Khalil Guéye qui me disait trop perfectionniste, insistait à l’époque pour que je lui remette ce que j’ai déjà dans les tiroirs. Pour vous dire que je n’arrête jamais dans mon art. J’ai été toujours rangé et je n’ai jamais voulu imposer mes choix, mes options musicales. Mais maintenant, je veux être reconnu, je veux partager mon œuvre et offrir mon exemple aux jeunes. J’ai un enfant qui joue avec moi, il n’a certes pas encore épousé mes idées, mais c’est l’investissement le plus fiable et je sais qu’avec le temps, il se bonifiera. C’est un milieu difficile ou on vous rend rarement la monnaie.
Mort du Jazz au Sénégal, Mise à l’écart
J’ai l’impression d’être mis à l’écart. J’avais fait un tabac avec le morceau « Diongoma day tarou » qui était dans un album de sept titres. A l’époque, je vulgarisais le concept rap-tassou car j’estimais que c’est le tassou notre patrimoine et pour le mettre en valeur , il fallait l’ adapter aux mutations artistiques. Mais les gens n’ont pas compris. Avec cette indépendance musicale, cet esprit rebelle, on dérange forcement. Si tous les genres sont parvenus à avoir des émissions dans les médias, ce n’est pas le cas du jazz.
Le jazz est mort au Sénégal et le festival de Saint Louis est un leurre, il n’y a que des frustrations et les organisateurs travaillent plus à la promotion du jazz international. Du temps où ce sont les toubabs qui géraient l’organisation, Vieux Mac Faye était incontournable, maintenant avec les promoteurs sénégalais, j’existe plus. C’est du gâchis et c’est malhonnête. On préfère à la place des Jazzmen mettre en vedette des Mbalax man, des rappeurs, c’est regrettable. Je crois que le combat est plus large et beaucoup de gens doivent s’impliquer pour révolutionner les mentalités
21 juin fête de la musique : “je ne crois pas que cela puisse nous apporter grand chose”
Je ne crois pas que cela puisse nous apporter grand-chose même si par ci, par là, les jeunes. Déjà que les médias ont la main mise sur tout, ce sont eux qui orientent les mentalités, donc il faut penser leurs contenus, c’est pourquoi dans un morceau intitulé Me le Maire, je fais une critique subtile à nos dirigeants car l’Etat a aussi le rôle d’encadrer le secteur. Pour exemple Youssou Ndour avec ses multiples casquettes a trop de positions et devient de fait un faiseur de rois. Il ne travaille pas pour les artistes, mais il travaille pour lui, il y a trop d’amalgames à ce propos.
Waly Seck : “Il chante bien, mais dix fois moins bien que son père
Il chante bien, mais dix fois moins bien que son père Thione. Il a beaucoup de succès certes, mais le chemin de la gloire est parsemé d’embuches. Laissons-lui le temps de grandir de murir dans son art. Maintenant pour atteindre des performances, il faut qu’il se mette sur les autorails de l’émergence et travaille dans la création. Il a la chance d’être connu mais s’il reste dans les canaux classiques, son avenir n’est pas assuré. Au-delà de son père et de toute l’expérience qu’il peut lui apporter, il lui faut un rayonnement coté business sans compter l’apport de bons arrangeurs, des musiciens professionnels, un encadrement outillé. C’est ce qui vend sur l’international, il faut faire des produits compétitifs
source: Actusen.com