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Le président Hissène Habré, un grand résistant africain

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Dans quelques jours, se déroulera au Sénégal un procès inédit dans les annales de la justice, dans une Chambre africaine extraordinaire (CAE) créée spécialement pour juger, un résistant, un patriote africain, Hissène Habré dont le seul tort aura été le refus de l’occupation de son pays par des forces étrangères.

La France qui voulait perpétuer sa domination sous une nouvelle forme et la Lybie qui a cherché à s’approprier la bande d’Aouzou riche en minerais, n’ont jamais pardonné à Hissène Habré de s’être opposé à leurs desseins machiavéliques. 

 

C’est la raison pour laquelle, elles ont organisé avec leur pion Idriss Déby, l’ancien chef des services de sécurité tchadienne, devenu aujourd’hui président de la République, un coup d’Etat pour le chasser du pouvoir. Il faut souligner que depuis 1965 le Tchad est en état de guerre permanente. Les Occidentaux qui manipulent les dirigeants africains dans le cadre de ce fameux procès, pour être conséquents et vraiment soucieux des droits de l’homme, devraient exiger le jugement des autres chefs de guerre. Dans un pays  en état de guerre civile permanente des exactions exercées sur les populations ne peuvent être le fait d’une seule partie au conflit. La réalité est que les Occidentaux et leurs valets africains ont une peur bleue de Habré qui a été un vrai stratège de guerre. Nous connaissons et apprécions Hissène Habré à travers la presse, depuis les années 60, grâce à ses faits d’armes. C’est lui qui a récupéré la bande d’Aouzou annexée par la Lybie en 1973.  Il est un héro national.

 

 

Depuis la conférence de Berlin (Allemagne) en 1884-85, au cours de laquelle, l’Afrique avait été dépecée et partagée entre les colonialistes français, anglais, allemands, belges, portugais, italiens…  les peuples africains n’ont cessé  de subir l’exploitation de leurs richesses et les pires brimades et exactions de toutes sortes exercées sur eux par le colon. Les dirigeants africains jugés indociles, parce que préoccupés uniquement par les intérêts supérieurs de leurs peuples ont été traqués et souvent liquidés physiquement.

Mais à chaque période historique des figures emblématiques ont surgi et organisé la résistance, face aux envahisseurs et cela dans toutes les régions d’Afrique. Certains d’entre eux, comme Elhadji Oumar  Foutiyou Tall et Lat Dior Ngoné Latyr Diop pour ne parler que du Sénégal se sont battus- avec des armes inégales- contre ces envahisseurs jusqu’à leur mort. Mais au lendemain de la deuxième guerre mondiale (1939-45), d’autres patriotes ont repris le flambeau de la résistance anticoloniale pour continuer la lutte qui revêtait des formes différentes et pernicieuses.

Au Cameroun, Ruben Um Nyobé a été assassiné par l’armée française ; Félix Roland Moumié empoisonné par les services secrets français en 1961 à Genève, Ernest Ouandié exécuté en 1972 à Bafoussam par l’armée camerounaise, armée et assistée par  l’armée française. Ils furent les principaux dirigeants de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) porte-drapeau  du peuple camerounais. Le président  français, François Hollande qui vient d’effectuer récemment une visite officielle au Cameroun, a reconnu la responsabilité de la France dans cette répression sanglante des années 50 et 60.

D’autres patriotes africains ont subi le même sort. C’est le cas de Amilcar Cabral, célèbre dirigeant du PAIGC assassiné en Guinée Conakry en 1972 pendant la lutte de libération de son pays, la Guinée Bissau et les Iles du Cap Vert. Patrice Lumumba, autre figure emblématique de la lutte anticolonialiste pour l’émancipation de son peuple, et premier chef du gouvernement du Congo Kinshasa indépendant, ainsi que ses compagnons ont subi,  toutes sortes d’atrocités avant d’être liquidés physiquement. Conscients de leur immense popularité, leurs bourreaux composés d’éléments belges et de traitres congolais ont dissout leurs corps dans de l’acide afin de faire disparaitre à jamais, toute trace les concernant. Le Congo baptisé Léopoldville nom du roi belge d’alors, aujourd’hui Kinshasa,  est depuis 1961 date de l’assassinat de son leader et de ses compagnons, dans une turbulence permanente qui l’empêche de se développer malgré ses immenses richesses minérales, hydrauliques et agricoles. Au moment où la Belgique a eu l’outrecuidance de réclamer Hissène Habré pour le juger, j’avais écrit un article intitulé : « La Belgique et les mercenaires des temps modernes » publié dans le journal Walfadjri et dans lequel je disais : «  C’est cette Belgique qui a fait adopter par son parlement une loi excluant dans son champ d’application les citoyens américains et européens, qui demande qu’un africain de surcroit un ancien chef d’Etat réfugié politique, lui soit livré, mains et pieds liés. Comment expliquer que la même  loi belge ne puisse pas être appliquée aux messieurs Sharon, Bush et autres responsables de génocide réel et reconnu par l’opinion internationale »- Et dire qu’il y a eu des responsables d’ONG sénégalais qui  poussaient les autorités de leur pays à livrer Hissène Habrè aux bourreaux de Patrice Lumumba et ses compagnons- Evidemment ils ont été financés pour faire ce sale boulot. Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont toujours résisté à la pression des Occidentaux et leurs valets parce qu’ils savent que le problème tchadien est politique et qu’en Afrique on ne livre jamais quelqu’un qui se réfugie derrière soi. On lui doit toujours protection.

Le président Thomas Sankara dont le corps vient d’être exhumé à la suite du changement progressiste intervenu dans son pays, pour déterminer les causes de son assassinat, a été dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest, l’un des derniers chefs d’Etat, tué dans l’exercice de ses fonctions. Le sort du jeune président burkinabé avait été scellé depuis sa fameuse rencontre tumultueuse avec l’ancien président de la République française François Mitterrand.  Ce jour-là, les observateurs avertis savaient que ses jours au pouvoir étaient comptés.

Chaque fois qu’un dirigeant africain a des velléités d’indépendance pour son  pays, les colonialistes et leurs complices africains créent les conditions de sa liquidation.

Djibo Bakary, premier chef du gouvernement nigérien de la Loi Cadre, avait refusé de céder une partie de son territoire à l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) que la France avait créée pour avoir une main mise sur le Sahara, comme aujourd’hui elle veut le faire en cherchant à détacher la région de Kidal de l’ensemble malien. Tout le monde sait que c’est elle qui contrôle le MNLA (Mouvement national pour la libération de l’AZAWAD).

Barthélémy Boganda, chef du gouvernement de l’Oubangui Chari, actuelle République Centrafricaine, qui prônait l’indépendance et la création d’un Etat d’Afrique centrale incluant le Gabon, le Congo Brazzaville, le Cameroun et la république Centrafricaine, est mort dans un accident d’avion après son élection en 1959. Les causes de cet accident n’ont jamais été élucidées.

Les présidents Modibo Keïta du Mali, Kwamé Nkuma du Ghana et Mamadou Dia du Sénégal ont été liquidés du pouvoir pour être remplacés par des fantoches au service de l’impérialisme français et anglo-saxon.

Au Sénégal où le procès va, malheureusement, se dérouler, des Sénégalais, sous le régime de Léopold Sédar Sengho, ont aussi été torturés à l’électricité, révoqués, emprisonnés et tués. La répression des manifestants des Allées du Centenaire, aujourd’hui Boulevard Général de Gaulle, lors des élections de 1963 après la liquidation de Mamadou Dia et ses compagnons, est encore fraîche dans nos mémoires. L’un des célèbres opposants de cette période notre camarade et doyen Malick Sow vient de nous quitter après une longue maladie due en partie à la torture subie dans les geôles du poète Senghor. Un de ses amis et camarades, Mandiaye Gaye qui a été emprisonné avec lui à la même époque, lui a rendu un émouvant hommage. L’impérialisme a toujours fermé ses yeux sur cette période noire. On ne fait, aujourd’hui, que chanter son humanisme alors que parmi les quatre présidents qui se sont succédé à la tête du Sénégal, il a été, pour le moment, le plus répressif. Un de ses conseillers religieux le marabout Moustapha Cissé de Pire l’a reconnu un jour, dans un débat à Walfadjri

L’impérialisme protège toujours ses serviteurs dociles, mais fait tout pour que le peuple oublie ses véritables défenseurs. Aujourd’hui aucune rue, avenue ou établissement scolaire, à ma connaissance, ne porte le nom du premier chef du gouvernement sénégalais Mamadou Dia, enseignant émérite, qui a signé l’acte d’indépendance du Sénégal le 4 Avril 1960. On dirait un complot de la classe politique toutes tendances confondues. Pourtant pendant cinq ans (1957-1962), il a gouverné le Sénégal avec compétence et rigueur. Aucune malversation n’a été décelée durant sa gouvernance sobre et vertueuse avant la lettre.

Revenant enfin sur ce honteux procès tant médiatisé, on doit se demander pourquoi Idriss Déby, qui était le directeur des services de sécurité du temps du président Hissène Habré, a financé avec les bailleurs de fonds occidentaux le procès, tout en refusant d’être entendu par les juges de la CAE ?

En tout état de cause, Hissène Habré qui est de la lignée de ces nationalistes victimes de la barbarie colonialiste et néocolonialiste, peut être assuré que le peuple sénégalais, lui, est contre son arrestation et son jugement au pays de la Teranga. Il souhaite que les juges de la Chambre africaine extraordinaire, malgré sa condamnation par le ministre de la Justice Me Sidiki Kaba qui avait déclaré dès sa nomination qu’il ne sera pas condamné à mort, sous-entendant par-là, qu’il sera, de toutes façons condamné, feront justice à un homme dont le seul tort est d’aimer de façon tyrannique son pays d’origine le Tchad et son pays d’adoption le Sénégal.

Dakar, le 16 Juillet 2015

Abdoul Aziz Diagne

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Membre des Assises nationales ; du M23 et de le Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS)