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Dossier : “Moi faire le ‘‘laabane’’, jamais !!!”

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sexeelle importance revêt la virginité aujourd'hui dans nos sociétés modernes? L'émancipation des femmes et l'évolution des mœurs ont permis de relativiser la question. La révolution sexuelle qui s'est opérée au cours des deux dernières décennies a entrainé la disparition de certaines pratiques culturelles telles que le "laabane". Décryptage.

La virginité occupait une place importante dans la société sénégalaise. Jadis, elle était tellement valorisée qu’au lendemain de la première union charnelle des deux conjoints, c’était une obligation institutionnelle de battre des tam-tams, quand la femme se révélait vierge. Et le mari offrait un cadeau à son épouse pour la remercier de s’être préservée jusqu’au mariage. 

 

Le plus souvent, c’est une somme d’argent conséquente qu’il remettait à sa jeune femme. Le pagne blanc de la jeune femme, maculé du sang virginal, était ainsi exhibé publiquement le lendemain de la nuit de noces. Et c’est cette fameuse cérémonie, qui accompagnait la nuit de noces, que l'on appelle ‘’le laabane’’. Mais, de plus en plus, cette coutume tend à disparaitre. En effet, nombre de jeunes filles perdent leur virginité avant le mariage. Et ceux qui sont encore vierge sont assez émancipées qu'elle veulent consommer leur mariage hors des yeux indiscrets. Ce qui enterre progressivement la pratique du  "laabane".

 

 

 

Le laabane, pour sauver l'honneur familial

 

Durant 30 ans, elle a animé les cérémonies de ‘’laabane’’ avec sa belle voix de cantatrice. Elle, c’est «mère» Salama Sow. Solidement enracinée dans sa tradition «Gnégno», une caste maitrisant parfaitement le déroulement de cette coutume, elle explique : «C’est une tradition qui date du temps de nos ancêtres. La nuit, quand la jeune femme rejoint son mari, le mariage est consommé. Et une fête est organisée le lendemain matin en l'honneur de la mariée si elle est vierge. Et le ‘‘laabane’’ consiste à chanter des formules et des louanges à l’endroit de la fille pour montrer qu’elle est de bonnes mœurs. C’est l’occasion pour la mère de la fille de faire des cadeaux aux griots et autres. Ainsi, le pagne blanc tacheté du sang de la mariée est exhibé. La femme chargée de veiller sur la mariée pendant la réclusion prend le pagne de la mariée et le remet directement à sa mère. Le pagne témoignera de l’honneur de la famille. C’est une coutume très riche», nous renseigne «mère» Salama. Et le mari, comblé par sa femme qui est restée chaste jusqu’au mariage, fait des cadeaux à son épouse: «Le mari aussi offre un cadeau à son épouse. Souvent, c’est une somme d’argent qu’il met sous l’oreiller de la femme pour symboliser sa satisfaction. C’est cet argent qui est utilisé pour préparer de la bouillie pour la femme».

 

«A force d’imiter les Européens, nous sommes devenus pire qu’eux»

 

Ressassant avec délice ses souvenirs qui, dit-elle, l’ont beaucoup marqué, ‘‘mère’’ Salma regrette aujourd’hui la disparition de cette coutume. «J’ai fait plus de trente ans dans le métier du “laabane”. Auparavant, je n’ai jamais eu de déception. Mais, ce qui fut sacré est  devenu un amusement  aujourd’hui. Le “laabane” a quasiment disparu avec la dégradation des mœurs. Il est rare de voir un jeune le pratiquer depuis que l’hôtel est devenu à la mode. Pourtant, c’est une fierté pour une mère de voir sa fille garder sa virginité jusqu’à son mariage. La mort progressive des cérémonies nuptiales est due à la dévalorisation de nos enfants qui, a force d’imiter les Européens, sont devenus pire qu’eux. Lorsqu’il m’arrive de douter sur une personne lors de son ‘’laabane’’, je mets un petit bout de charbon dans ma bouche. C’est pour me protéger et garder le secret. Les gens ont changé, les coutumes laissées en rade. Et voilà : les conséquences restent toujours visibles. Maintenant, les jeunes n’ont plus froid aux yeux. La majeure partie des jeunes ne sont plus vierges au mariage. Un mari ne peut respecter son épouse que s’il l’a trouvé vierge. Les mariages ne sont plus solides comme avant, les enfants sont mal éduqués», regrette la dame écœurée.

 

 Au nom du respect

 

 Fraichement mariée, Aby Ndiaye est passée par cette épreuve. Le ‘‘laabane’’, elle le connait. «Les jeunes d’aujourd’hui considèrent le ‘‘labaane’’ comme quelque chose de passé de mode. Pour moi, cela n’a pas été le cas. Ma nuit de noces, je l’ai fait traditionnellement. Car, c’était un combat pour moi de passer par le ‘’laabane’’. Actuellement, il est rare de voir une jeune femme garder sa virginité. Cela a été une fierté pour moi de le faire et si c’était à refaire je n’hésiterai pas à le faire encore. Parce que c’est quelque chose de sacré et de naturel que de me garder chaste jusqu’à mon mariage et de m’offrir vierge à mon mari. Et grâce à cela, mon mari me voue un respect considérable. La majorité des jeunes filles se donnent facilement à leurs petits amis avant même le mariage. C’est pour cette raison que le ‘’djébeulé’’ a tendance à décliner», explique Aby.

 

Issa Lô, qui vivait ses dernières heures de célibat lors de l’entretien qu’il nous a accordé, souhaitait vivement passer par cette coutume avec sa femme. «Beaucoup de gens connaissent le ‘’laabane’’ à travers les battements de tam-tams qui avaient lieu le lendemain matin de la nuit de noces. On ne le fait pas pour n’importe quelle fille. C’est une coutume du temps de nos ancêtres qui se poursuit. Et rien ne nous empêche de le faire. Mon souhait est de faire ma nuit de noces traditionnellement, mais avec l’accord de ma femme, bien sûr», confie le futur marié. Pour lui, c’est une décision de couple. Et il n’est pas question d’aller passer la nuit de noces à l’hôtel, comme le font beaucoup de jeunes couples de nos jours. «Beaucoup de jeunes couples préfèrent passer leur première nuit de noces à l’hôtel parce que c’est beaucoup plus discret. Ce qui se passe  là-bas peut ne pas être révélé. Si la femme n’est plus vierge la décision de garder le secret revient à son mari», indique-t-il.

 

La cause de la déliquescence de cette tradition est à rechercher dans  l’influence occidentale. C’est du moins ce que pense Daba Sow, aujourd’hui célibataire. «Je ferai le ‘’laabane’’. Je ne me cacherai pas. C’est une chose sacrée, qui valorise la femme. C’est à cause des Européens que nos valeurs disparaissent. Nos ancêtres ne connaissaient pas les hôtels.  Leurs nuits de noce se faisaient traditionnellement en présence de tout le monde. C’est une fierté pour une mère de savoir que sa fille est chaste. Et je suis prête à offrir ce bonheur à ma mère et à mon futur époux», promet-elle.

 

Pour ou contre l'hôtel?

 

Aujourd’hui, ce ne sont pas toutes les filles qui apprécient le ‘’laabane’’. Et Fama Sy, en fait partie. Aujourd’hui célibataire,  elle ne pense pas se soumettre à cette coutume  quand elle trouvera chaussure à son pied. «Je ne procèderai pas au ‘‘labaane’’. Je préfère une nuit de noces discrète. Ce n’est pas que je n’ai pas confiance en moi, mais je trouve cet acte impudique. Le "djébeulé "peut se faire, mais d’une manière très discrète. C’est pour cela que la plupart des couples préfèrent passer leur lune de miel à l’hôtel ou parfois dans un endroit loin de chez eux pour sauvegarder leur intimité. La virginité est sacrée, je n’en disconviens pas, mais cela ne veut pas dire que l’on doit l’exhiber devant tout le monde. La cérémonie nuptiale (le labaane) est en phase de déclin parce que la manière dont on le fait est un peu sauvage. Comment peut-on, devant tout le monde, exhiber un pagne tacheté de sang ? Vraiment, ces temps sont révolus. Nous sommes dans la modernisation à présent», estime-t-elle.

 

Selon Mouhamadou Lamine Ndiaye, le fait que le “laabane” tend à disparaître peut avoir deux causes. «Autrefois, nos parents étaient très enracinés dans la tradition. Il était difficile de voir, ne serait ce que le sein d’une fille. Ce qui est tout à fait le contraire aujourd’hui. Car,  le sexe est devenu facile. Nous sommes à l’ère de la modernisation, la plupart des jeunes couples font l’amour avant le mariage. De ce fait, cela ne leur permet plus de faire le ‘‘laabane’’», explique le jeune étudiant au département de philosophie. Lui aussi, se dit réfractaire à cette coutume qu’il pense être en déphasage avec la religion. «Chacun est libre de passer ses nuits de noces là où il voudra. Je ne suis pas contre ceux qui passent leur lune de miel dans les hôtels. Personnellement, je ne ferai pas “le laabane”, je suis musulman avant tout. Et je n’ai ni vu ni entendu dire que Dieu nous ordonne de le faire après le mariage. Ce qui se passe entre le mari et sa femme ne concerne qu’eux. Pas besoin que leur intimité soit révélé», dit-il.

 

Sa réticence est partagé par nombre de jeunes d'aujourd'hui, garçons comme filles. La nuit nuptiale, ressassent-ils, ne concerne que le couple.

 

 

Ndèye Fatou Ndiaye-Seneweb.com - Seneweb.com

source: http://www.seneweb.com/news/Societe/dossier-ldquo-moi-faire-le-lsquo-lsquo-l_n_162983.html