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samedi, 05 avril 2014 00:00

Transhumance politique: A quand un PSE éthico-politique ?

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Empruntée au vocabulaire agro-pastoral, la transhumance désigne la migration périodique des troupeaux à la recherche d’espaces plus cléments à leur nourriture. Transposée dans le champ politique, elle renvoie à l’attitude changeante d’un homme politique qui migre d’un parti politique auquel il appartient vers un autre parti, pour des intérêts alimentaires. Par conséquent, le transhumant ou le nomade politique, au contraire, quitte son parti, avec armes et bagages, pour en rejoindre un autre, tout en se réservant la possibilité, au gré des circonstances, de revenir dans son parti d’origine. 

Dans la pratique, la transhumance se présente, le plus souvent, comme des épisodes de reniements, de revirements, de ralliements d’anciens responsables politiques de l’opposition qui démissionnent pour rejoindre la mouvance présidentielle avec l’espoir de paître dans ses pâturages plus fertiles. Ainsi, dans son article « Nomadisme politique » paru dans Jeune Afrique n° 1779 du 9 au 15 février 1995, le journaliste Francis Kpatindé caricature avec humour la transhumance politique en ces termes : « Ce sont des bergers d’un genre nouveau qui, une boussole à la main, une calculatrice dans la tête, vont de pâturage en pâturage pour brouter »
  
La probité, l’honnêteté scrupuleuse, le désintéressement le plus total sont bien le minimum attendu de ceux qui détiennent le pouvoir ou s’opposent au nom du peuple. La pratique de la transhumance va donc aux antipodes des valeurs éthiques de la politique. L’intérêt des politiciens transhumants dépourvus de morale n’est pas dans la défense des idéaux qu’ils prétendent porter mais dans la satisfaction de leurs instincts bassement alimentaires. Pour cette race de politiciens, il faut toujours être là où il y a à manger à satiété et à boire à suffisance. Evidemment, pour les transhumants, il faut toujours aller là où il fait bon vivre, se mettre en sécurité en restant du côté du pouvoir en place. La faim justifiant les moyens, au diable la conviction idéologique ! Ces hommes ou femmes politiques, toujours prêts à tenir des discours lénifiants, laudateurs pour entrer dans les bonnes grâces du Prince sont tout aussi prêts à un retournement de veste dès qu’un changement de régime intervient. 
Les grands discours principiels, l’attachement idéologique, les convictions intimes et les engagements de plusieurs décennies ne résistent pas devant le gargouillement du ventre. Depuis l’avènement de l’alternance, en 2000, ce phénomène qui a pris de l’ampleur est devenu une posture pour jouir des ors du nouveau pouvoir, voire une imposture politique pour échapper au glaive de la justice. 
  
    Le phénomène de la transhumance pose ainsi la problématique de l’opportunité de la création de certains partis, lesquels ne sont pas adossés à un socle de valeurs philosophiques, idéologiques ou de projets politiques. C’est un terreau fertile clientélisme, de retournements de vestes, de reniements… bref de la transhumance politique. Ainsi on voit tel grand cacique politique rejeter profession de foi et oripeaux idéologiques pour aller se jeter dans les bras souvent du parti au pouvoir bien servi par les deniers publics. Leur seule ambition, c’est de faire de leur appartenance au parti un fonds de commerce politique. Ces partis ainsi créés sont principalement régis par un situationnisme conjoncturel, par un opportunisme circonstanciel ou par des besoins alimentaires pressants. Aussi, tout acte de transhumance ignoble à la majorité au pouvoir est-il récompensé par des prébendes, des postes juteux ou d’une absolution judiciaire.   
     In fine, la transhumance est un fléau pour la démocratie du fait qu’elle instrumentalise les hommes ou femmes politiques en quête de passe-droits financiers ou matériels et de promotion politique. Elle fragilise les équilibres et les contre-pouvoirs nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie. C’est un cancer pour la démocratie étant donné qu’elle étale ses métastases dans le corps des partis d’opposition dont les responsables opportunistes et amoraux sont à la merci des majorités au pouvoir. Ainsi la transhumance politique, à l’instar de la prévarication, de la concussion et de la corruption fait partie des pathologies qui gangrènent notre jeune démocratie. 
Avant de parler de l’émergence économique à travers le vocable du PSE, il serait plus approprié de réfléchir sur un PSE politique, lequel consiste à nettoyer les écuries d’Augias de notre système politique basé sur la recherche effrénée de prébendes et le régime de prédation. Seule l’émergence politique, qui postule un assainissement des mœurs politiques, pourra corrélativement le lit de l’émergence économique. Sans quoi, le PSE ne restera qu’au stade de chimère. 
  
  
Serigne Saliou Guèye 
Article paru dans « Le Témoin » N° 1159 –Hebdomadaire Sénégalais (AVRIL 2014

http://www.dakaractu.com/Transhumance-politique-A-quand-un-PSE-ethico-politique_a63442.html

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