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jeudi, 08 août 2013 00:00

ENTRETIEN AVEC… AMADOU KANE, MINISTRE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES «Les détails des 102 milliards de FCfa des décrets d’avances»

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««En 15 mois d’exercice du Président Macky Sall, les financements qui ont été négociés et conclus sont de 697 milliards de FCfa »
 

 

«Entre janvier et mars 2012, Wade avait pris sept décrets d’avances» 
«Vous constatez vous-même que le régime de Macky Sall sait bien chercher de l’argent et c’est grâce à la politique vertueuse incarnée par le gouvernement et à la crédibilité du Chef de l’Etat» 
«En 15 mois d’exercice du Président Macky Sall, les financements qui ont été négociés et conclus sont de 697 milliards de FCfa répartis en projets et programmes pour 459 milliards de FCfa»
«L’année 2015 est une étape charnière pour l’économie sénégalaise en ce sens qu’elle coïncidera avec la période de forte croissance dans un cadre macroéconomique assaini» 

 

«Ce que nous irons chercher au Groupe consultatif de Paris» 
L'OBS - Le ministre des Finances, Amadou Kane, parle peu. Mais quand il décide de le faire, c’est le coffre-fort de l’Etat qu’il exhibe pour faire les comptes. Dans cet entretien, l’Argentier de l’Etat livre les clés de la réussite d’un modèle de la gestion économique et financière du pays. 
Monsieur le ministre, le débat sur les décrets d’avances de l’ordre de cent milliards de FCfa en six mois de gestion ne s’est pas estompé en dépit des maintes explications que vous avez données. Est-ce que ce n’est pas parce que les arguments que vous avez fournis ne sont pas convaincants ? 
Tout d’abord, permettez-moi de rappeler le principe selon lequel «les crédits ouverts par la Loi de finances ne peuvent être modifiés que par une autre Loi de finances». Ensuite, il convient également de corriger qu’il n’y a pas eu de «décrets d’avances de 100 milliards de FCfa en six mois de gestion». En 2013, après six mois d’exécution du budget, nous n’avons eu recours qu’à deux décrets d’avances d’un montant de 36 374 190 172 FCfa répartis comme suit : décret n°2013-583 du 29 avril 2013 d’un montant de 10 798 882 647 FCfa gagé sur des crédits d’égal montant annulés par arrêté n°005561/MEF du 17 avril 2013 ; décret n°2013-314 du 06 mars 2013 d’un montant de 25 milliards 575 millions de FCfa gagé sur des crédits d’égal montant annulés par arrêté n°003422/Mef du 06 mars 2013. 
Quelle urgence motivait pareil procédé ? 
Il y avait cinq bonnes raisons. En ce qui concerne le premier décret d’avance, il fallait assurer la couverture budgétaire complète du Programme d’urgence de lutte contre les inondations pour un montant de 4 719 440 868 FCfa, rendre disponible le financement complémentaire de marchés en cours d’exécution pour un montant de 2 954 427 940 FCFA (périmètres agricoles, routes, système informatique de la Douane etc.), doter de crédits d’investissements à hauteur de 559 760 000 FCFA quatre nouveaux programmes initiés par de nouveaux services de l’Etat. Il s’agissait aussi de procéder au règlement des arriérés de paiements d’un montant de 2 092 157 089 FCfa survenus en cours de gestion 2013 tels que les factures de cabinets dans le cadre de contrats de conseils financiers, d’études et d’assistance technique conclus avec l’État dans le cadre du «Plan Takkal» ; retransmission de la Coupe d’Afrique des nations 2013 de football ; acquisition par l’État d’immeubles dans le lotissement «Sicap Keur Gorgui». Ce décret était aussi motivé par la nécessité de donner une suite favorable aux demandes de réaménagement budgétaire d’un montant de 473 096 750 FCfa sollicitées par le ministère des Forces armées (renforcement des capacités d’intervention de la Gendarmerie nationale) et le ministère de l’Education nationale (mise en place de la contrepartie financière de l’Etat dans le cadre du Projet de renforcement de l’enseignement des sciences, mathématiques et technologie financé par la coopération japonais). 
Et pour le deuxième décret ? 
Il a été pris pour l’affectation de la Réserve de gestion d’un montant de 25 milliards de FCfa prévue dans la Loi de finances initiale 2013, donc votée par l’Assemblée nationale, pour faire face, en cours de gestion, à des dépenses imprévues. Il a été retenu dans notre programme économique et financier appuyé par l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) conclu avec le Fonds monétaire international (Fmi), une provision budgétaire de 5% des crédits de paiement de l’année en cours pour faire face, en cours de gestion, à des dépenses imprévues. Cette Réserve de gestion a été affectée aux opérations suivantes : 14,5 milliards de FCfa pour l’édification d’un centre de conférences à Diamniadio pour abriter le sommet de la 15e Conférence de la Francophonie ; 10 milliards de FCfa pour la réhabilitation de la route Fatick-Kaolack ; 500 millions de FCfa pour la construction du lycée professionnel de Sandiara. Le mécanisme d’affectation de cette réserve de gestion consiste à annuler les crédits de ladite réserve et à les rouvrir pour les opérations susmentionnées. Cette procédure est connue sous le vocable de «décret d’avance» et «arrêté d’annulation de crédits». Les crédits additionnels de 575 307 525 FCfa pris en compte dans le décret d’avance concernent le règlement des arriérés des factures d’Electricité de France (Edf) dans le cadre du contrat d’assistance technique conclu entre cette société et Senelec au titre de l’exécution du «Plan Takkal». 
N’empêche, même si ce n’est en six mois de gestion de l’année 2013, des dizaines d’autres milliards de FCfa sont allés à ces décrets d’avances… 
C’est en 2012 que le gouvernement a eu recours à vingt quatre (24) décrets d’avances pour un montant de 66 milliards 971 millions de FCfa. Mécanisme qui, à la prise de fonction du Président Macky Sall et dans l’attente de la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale et du vote du projet de Loi de finances rectificative pour l’année 2012, qui n’est intervenu qu’en octobre, restait le seul instrument permettant aux nouvelles autorités d’agir sur le budget et de prendre en charge les préoccupations urgentes et prioritaires des populations. 
Quelles sont ces urgences qui ne pouvaient attendre ? 
C’est d’abord le règlement des arriérés de paiement des programmes agricoles des années antérieures. Ensuite, il y a la mise en œuvre du programme d’urgence d’assistance au monde rural dans ses deux volets alimentaire (vivres de soudure) et élevage (aliments de bétail), la gratuité de l’hémodialyse, le paiement des bourses et des aides aux étudiants, l’acquisition de mobilier et matériel et équipements militaires, le déclenchement du Plan Orsec pour la lutte contre les inondations, le maintien de l’ordre, l’hygiène, la salubrité, l’approvisionnement en eau potable du Magal de Touba et du Gamou de Tivaouane en fin de gestion 2012. Aussi a-t-il été annulé des projets initiés par l’ancien régime qui n’influaient pas de façon décisive la croissance économique et le vécu des populations comme le programme de déménagement du Fesman, l’acquisition de produits phytosanitaires pour le «Plan Jaxaay», la construction de la résidence présidentielle de Kébémer, la promotion des bio-pesticides et bio-fertilisants, l’acquisition de véhicules pour les Chefs de village. 
N’y avait-il pas une autre démarche à adopter pour éviter le procédé des décrets d’avances ? 
En 2012, avec le budget trouvé sur place qui épousait les contours des orientations de politique de l’ancien régime, il n’y avait vraiment pas une autre démarche à adopter, à part l’annulation des crédits de certaines opérations non prioritaires et coûteuses de l’ancien régime et leur affectation à des opérations urgentes et prioritaires au profit des populations. Et seul le mécanisme de décret d’avance pouvait se faire. En 2013, c’est parce que le budget ficelé par le gouvernement traduit les engagements et orientations politiques du Président de la République, Macky Sall, que seulement deux décrets d’avances ont été pris en six mois d’exécution. Ce qui est une première depuis 2008, année à laquelle ce mécanisme a pratiquement commencé à être utilisé. Le budget 2013 n’a fait qu’opérationnaliser le programme «Yoonu Yokkuté» traduit dans la Déclaration de politique générale du Premier ministre, Abdoul Maye, et déclinée en une Stratégie nationale de développement économique et sociale dite Sndes. 
Il demeure qu’en dépit de toutes les explications données sur leur caractère légal, les décrets d’avances, qui ont provoqué le tollé au sein même de la majorité parlementaire, ont très mauvaise presse. 
Il n’est pas inexact de dire que l’ancien régime est pour beaucoup dans cette mauvaise réputation. Rendez-vous compte que durant les trois derniers mois – janvier à mars – du magistère de l’ancien président de République, sept décrets d’avances ont été pris. Dans le principe, «les crédits ouverts par la Loi de finances ne peuvent être modifiés que par une autre Loi de finances». Ce principe est très respectueux du parallélisme des formes, c’est une Loi de finances qui autorise, c’est donc une autre Loi de finances qui doit modifier l’autorisation, mais, son application stricte pourrait mener vers une floraison de Lois de finances, avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir tant en termes de temps de travail pour le parlementaire que de temps d’attente pour l’Exécutif, en raison de la durée normale de l’examen des Lois de finances. Le décret d’avance correspond à des ouvertures de crédits en cas d’urgence, gagés sur des annulations de crédits ou la constatation de recettes supplémentaires. Il est régi par les dispositions de l’article 12 de la Loi organique n°2001-09 du 15 octobre 2001. Il s’agit donc d’un procédé légalement autorisé. Toutefois, comme le prévoit la loi, son utilisation doit être d’exception et intervenir dans des conditions clairement définies avec des modalités précises pour sa ratification. C’est dans ce cadre que le gouvernement peut y recourir «en cas d'urgence et de nécessité impérieuse d'intérêt national». S'il y a «urgence», l’équilibre des finances ne peut pas être modifié : les dépenses ouvertes par le décret d'avance doivent être compensées par des recettes d’égal montant ou par l'annulation d'autres crédits, au moyen d'un arrêté. S'il y a «nécessité impérieuse d'intérêt national», en cas de guerre, par exemple, les nouvelles dépenses ne sont pas obligatoirement gagées sur des économies. 
Il est reproché à votre gouvernement d’user et même d’abuser des emprunts obligataires. Qu’est-ce qui explique cette option ? 
Je trouve mal fondé ce reproche. En fait, il faut comprendre que le choix des instruments de couverture des besoins procède de considérations d’ordre stratégique relatives à la gestion de la dette publique, en particulier à son profil. Je rappelle que les orientations actuelles de gestion de la dette ont été définies à la suite d’un exercice de formulation endogène d’une Stratégie de dette à moyen terme (Sdmt) couvrant l’horizon 2013-2016 et qui, sur la base d’un diagnostic des pratiques et de la situation existantes en la matière, à fin 2011, a préconisé deux axes ; à savoir la recherche de conditions plus favorables d’endettement et à des maturités plus longues. Il se trouve que, naturellement, les obligations constituent les titres d’endettement à moyen et long terme et devaient alors être privilégiées comme instruments dans l’optique d’un reprofilage de l’endettement vers des maturités plus longues. Il faut souligner que, ce faisant, la nouvelle stratégie permet d’apporter une solution au risque de refinancement important que présentait la dette intérieure existante à fin 2011, avec un temps moyen de renouvellement évalué à 1,21 an, obligeant à rembourser dans un an 63,2% du stock de la dette intérieure, notamment par de nouveaux emprunts exposant aux fluctuations de taux d’intérêt. Sous ce rapport, le choix a été fait d’arriver à inverser progressivement le poids des instruments de court terme, d’une part, et ceux de moyen et long termes, d’autre part. Ainsi, après une inflexion de tendance en 2012 avec un recours aux financements à moyen et long terme qui est passé de 34,2%, en 2011, à 48,3% du financement total, il est envisagé de porter en 2013, cette part à 60%. Autrement dit, pour me résumer, il faut retenir que le recours plus prononcé qu’auparavant aux emprunts obligataires est un choix stratégique pour améliorer le profil de la dette. 
Outre les emprunts obligataires, quels sont les financements directs que vous avez réussi à décrocher pour le compte du Sénégal et quel est leur impact dans la vie des Sénégalais ? 
Depuis l’avènement de la IIe Alternance, soit 66%, et en appui budgétaire pour 238 milliards de FCfa, soit 34%. Par tranche de quinze mois, l’historique des conventions de financement signées n’ont jamais atteint cette enveloppe financière. Sachez que durant les quinze derniers mois – de décembre 2010 à mars 2012 – avant l’avènement de la IIe Alternance, les financements approuvés sont d’un montant de 582 milliards de FCfa. Ainsi, ce que vous appelez les «financements directs» que nous avons «réussi à décrocher» sur la période d’avril 2012 à juillet 2013 sont supérieurs à la période antérieure de 115 milliards de FCfa. L’impact socio-économique de ces financements acquis est réel en ce que, d’une part, les financements sous forme d’appui budgétaire ont permis de résorber les arriérés de paiement de dépenses trouvés sur place pour un montant de 150 milliards de FCfa et, d’autre part, les financements des projets et programmes de développement ont concerné les secteurs prioritaires de l’économie nationale, notamment l’énergie (123,3 milliards de FCfa), les transports routiers (88,8 milliards de FCfa), l’agriculture (88,3 milliards de FCfa), l’assainissement (29,5 milliards de FCfa), la santé (29,5 milliards de FCfa), l’emploi (17,4 milliards de FCfa). Si de la prise de fonction du Président Macky Sall, le 02 avril 2013, au 31 juillet 2013, les financements approuvés sont de 697 milliards de FCfa, il est attendu sur le reste de l’année 2013, l’approbation de conventions de financement supplémentaires jusqu’à concurrence de 380,2 milliards de FCfa concernant des projets déjà préparés. 
Quels sont ces projets ? 
Je peux en énumérer pêle-mêle : Le Projet d'appui à la promotion de l'emploi des jeunes et des femmes (18 milliards de FCfa sur financement de la Banque africaine de développement), le Projet d'atténuation des effets induits par les inondations dans la région de Dakar (17,5 milliards de FCfa sur financement de la Banque islamique de développement), le Projet santé de base, phase II (12 milliards de FCfa sur financement du Luxembourg), le Projet d'appui aux manuels scolaires (19,4 milliards de FCfa sur financement du Canada), la Réhabilitation du projet de route Touba-Dahra-Linguère (26,4 milliards de FCfa sur financement du Fonds koweitien de développement), le Pôle de développement régional de la Casamance (20 milliards de FCfa sur financement de la Banque mondiale) ; Projet sectoriel eau et assainissement (34,8 milliards de FCfa sur financement de la Bad), entre autres. 
Là, vous semblez vouloir démontrer qu’ils ont tout faux, ceux qui soutiennent que votre gouvernement ne sait pas chercher de l’argent comme le faisait le régime de Wade, par faute de capacité ou manque de crédibilité… 
Avec les données précitées, vous constatez vous-même que le régime de Macky Sall sait bien chercher de l’argent. Et c’est grâce à la politique vertueuse incarnée par le gouvernement et à la crédibilité du Chef de l’Etat que l’apport des Partenaires techniques et financiers a augmenté depuis 2012. Tenez-vous bien que l’appui budgétaire direct au budget de l’Etat qui reste une modalité qui traduit la confiance des Partenaires techniques et financiers à la politique économique et sociale conduite par un gouvernement a atteint historiquement un montant de 169 milliards de FCfa en 2012. C’est dire que la «capacité» et la «crédibilité» des nouvelles autorités étatiques ne souffrent d’aucun doute. 
Depuis votre arrivée, l’on ne vous a pas encore vu monter de grands projets et décrocher le financement, pourquoi ça tarde à décoller ? 
Les financements qui ont été acquis permettent de mettre en œuvre trente sept (37) projets et programmes au profit des populations bénéficiaires dans les secteurs cités plus haut. Dans le même ordre d’idées, plusieurs programmes ont été initiés et certains connaissent déjà un début d’exécution avec l’appui de nos partenaires techniques et financiers. Parmi ces projets, je peux citer : le Programme décennal de lutte contre les inondations qui revêt une portée hautement sociale, puisque destiné à sortir plus de trois cent mille Sénégalaises et Sénégalais des zones d’inondation. Le coût de ce programme est d’environ 767 milliards de FCfa et une phase d’urgence d’un montant de 66 milliards de FCfa est en cours d’exécution avec l’appui financier de la Banque islamique de développement, de la Banque mondiale et de l’Uemoa. 
Il est constaté, dans la Loi de finances rectificative 2013, que les recettes ont baissé. Qu’est-ce qui explique cela ? 
Le premier trimestre 2013 a été caractérisé par des contreperformances dans le recouvrement des taxes sur les biens et services intérieurs et des droits d’enregistrement et de timbre. Cette situation a conduit à la révision à la baisse de l’objectif annuel de recettes contenue dans la première Loi de finances rectificative de 2013. 
L’on vous entend très souvent dire que le régime précédent s’est mal endetté. Pensez-vous que votre système est meilleur ? 
Avec un encours de la dette publique qui a presque triplé entre 2006 et 2011, un service de la dette publique projeté à plus 40% des recettes budgétaires en avril 2012 et une part écrasante (66,7%) du financement à court terme au premier trimestre 2012, c’est-à-dire les titres émis sur une période maximale de 2 ans, on peut affirmer que le régime précédent s’était mal endetté. Aussi, avons-nous tenté d’inverser la tendance dès notre arrivée à travers l’élaboration d’une stratégie de dette à moyen terme. Celle-ci a enregistré des résultats encourageants avec une part plus importante des instruments à moyen et long terme dans la dette intérieure. Cette tendance sera renforcée et consolidée. 
Vous prônez une gestion sobre et vertueuse. Peut-on savoir ce qui a réellement changé dans la tenue des finances publiques ? 
Quelques changements peuvent être cités. Il s’agit notamment de la réduction du nombre de ministères, de la prise du décret relatif aux salaires du personnel des agences et structures assimilées, de la rationalisation de la consommation du téléphone devenue effective et les études en cours pour les autres dépenses permanentes, de l’audit en cours de finalisation du fichier des agents de l’Etat aux fins de déterminer la masse salariale réelle ; la transmission des situations d’exécution trimestrielle à l’Assemblée nationale et leur publication dans les sites dédiés du ministère de l’Economie et des Finances et le respect, pour la première fois, du critère du solde budgétaire de base en fin de gestion 2012. 
La commande publique a connu une baisse très sensible de plus de 80 milliards de FCfa. Comment vous l’expliquez ? 
Cette baisse dont vous faites allusion est relative aux statistiques de la commande publique pour le premier trimestre de l’année 2013. En le comparant avec le même trimestre en 2012, vous avez à peu près l’ampleur de cette baisse indiquée. Toutefois, cette analyse occulte une donnée fondamentale qui est la hausse du budget de l’Etat. En effet, l’Etat qui est un acteur majeur dans l’activité économique injecte plus de 28% du Pib dans le circuit économique en payant des salaires et en octroyant des marchés au secteur privé. En enlevant les salaires et les intérêts sur la dette, toutes les autres composantes de la dépense publique vont enregistrer une hausse en 2013 (les autres dépenses courantes sont passées de 688 milliards en 2012 à 710 milliards en 2013 ; les dépenses en capital de 814 milliards en 2012 à 869 milliards en 2013). C’est dire que des efforts sont en train d’être faits pour accompagner l’activité économique, mais avec une grande transparence qui est une exigence citoyenne. Mieux, déjà avec le deuxième trimestre 2013, la comparaison des marchés passés durant ce trimestre avec ceux conclus au deuxième trimestre de 2012 montre qu’ils sont passés de 79,4 milliards de FCfa à 177,5 milliards de FCfa. Cette situation traduit une hausse par rapport au deuxième trimestre de 2012. Au total, il faut dire que la commande publique devra suivre le budget de l’Etat qui est en hausse en 2013 et cette baisse observée au premier trimestre 2013 est plutôt liée à la mise en place des crédits et au fait que le premier trimestre de 2012 correspondait à des échéances électorales où des dépenses exceptionnelles liées à l’organisation matérielle des élections devraient être réalisées. 
Est-ce que cette baisse de la commande publique n’est pas un signe de disette économique pour le secteur privé ? 
Consécutivement à ce que je viens de dire, il faut donc relativiser cette baisse de la commande publique observée durant le premier trimestre 2013 liée à la mise en place des crédits et à l’élection présidentielle de 2012. Toutefois, dans l’absolu, une baisse de la commande publique n’est une chose souhaitable pour le secteur privé qui dépend fortement des dépenses publiques et surtout en période d’amorçage d’une reprise ou de difficultés économiques. Car il faut surtout ne pas étrangler la croissance économique en réduisant les dépenses publiques. C’est là toute la vertu des politiques contra-cycliques. D’ailleurs, de plus en plus, la réduction des dépenses publiques est déconseillée depuis l’avènement de la Grande récession qui s’est installée dans le monde depuis 2007. 
Vous annoncez très souvent des projets dont les retombées tardent à se ressentir chez les populations. A quel terme les fruits de ces réformes profiteront aux populations ? 
La croissance économique est un phénomène de moyen terme qui s’appuie sur des politiques structurelles dont les effets n’apparaissent généralement qu’après plusieurs années. Rendre opérationnelle cette ambition requiert la définition d’un nouveau modèle de croissance bâti sur un socle capable de mettre notre pays sur la rampe de l’émergence. Avec la nouvelle alternance, l’agriculture est remise au centre de la politique de développement et nous travaillons sur des leviers capables d’accompagner cette transformation structurelle. Il faut dire aussi qu’avec les difficultés économiques enregistrées depuis 2011 avec la sécheresse au Sahel et la crise politique au Mali, la croissance économique au Sénégal a ralenti pour se trouver pas loin du taux de croissance démographique. A cela, il faut ajouter ce que j’appelle le temps de la correction budgétaire correspondant à l’année 2012 pour remettre les finances publiques sur la trajectoire qui doit nous mener vers le respect du déficit public en dessous de 4% vers l’horizon 2015. Ainsi, à partir de 2013, il est clair que nous œuvrons pour remettre la croissance sur un nouveau sentier de croissance avec la Stratégie nationale de développement économique et social (Sndes) pour atteindre, dès 2015, un taux de croissance proche de 7%. Au total, il faut dire que l’année 2015 est une étape charnière pour l’économie sénégalaise en ce sens qu’elle coïncidera avec la période de forte croissance dans un cadre macroéconomique assaini. 
Le Code général des impôts est entré dans sa phase active avec beaucoup de contestations et de problèmes. Qu’en est t-il exactement et quelles sont les mesures d’accompagnement pour sa mise en œuvre optimale ? 
En fait de contestations et de problèmes, moi je dirais plutôt un débat, des échanges avec des catégories socioprofessionnelles afin d’intégrer leurs principales préoccupations dans la mise en application de la réforme. Il y a donc eu un processus de coproduction de la norme fiscale. Le fil conducteur de cette réforme a été le dialogue et non le monologue d’un gouvernement imposant des choix sans prise en compte de l’opinion des acteurs économiques. L’intérêt de ces échanges est qu’ils permettent une meilleure acceptation de la norme fiscale. Le Président Macky Sall nous a instruits de poursuivre ce dialogue après l’entrée en vigueur du Code. Le nouveau Code général des impôts est la traduction fiscale du «Yoonu Yokkuté». 
Sur la même lancée, vous avez lancé le processus de mise en place d’un nouveau code des Douanes. Où en êtes-vous et que peut-on attendre de ce nouveau code ? Les retombées pour notre économie ? 
Le processus de mise en place d’un nouveau Code des Douanes est dans sa phase finale. Après le séminaire scientifique organisé les 04, 05 et 06 juin 2013 et qui a regroupé plusieurs personnes (avocats, magistrats, universitaires, secteur privé, associations consuméristes, commissionnaires en Douane agrées etc.), plusieurs observations ont été reçues et intégrées par la Direction générale des Douanes, dans la première mouture du projet de code. Cet exercice a permis d’obtenir une seconde qui sera évaluée dans les jours à venir en Comité paritaire Douane-Secteur privé, avant que la dernière version ne soit validée et soumise au ministère, avant le 15 septembre 2013. De façon générale, l’adoption de ce code permettra de le conformer aux lois nationales, communautaires et internationales et d’instituer une relation équilibrée entre les intérêts de l’Etat et la liberté des citoyens et des entreprises. De façon spécifique, cela permettra de mettre en place et de promouvoir un instrument juridique adapté aux multiples défis de l’heure et aux mutations internes à la Douane, touchant notamment, les procédures de dédouanement, le partenariat avec le secteur privé, la dématérialisation des transactions commerciales, la lutte contre la fraude et les trafics illicites. S’agissant des retombées pour l’économie nationale, il est attendu un accroissement des facilités accordées aux entreprises, un allègement des procédures et une rapidité de traitement des opérations douanières qui impacteront positivement sur l’investissement et le climat des affaires. 
Vous irez à Paris au Groupe Consultatif pour la recherche de financement de la Sndes. Que peut-on attendre de ce groupe Consultatif ? 
Il faut d’abord préciser que la rencontre du Groupe consultatif est une déclinaison opérationnelle de l’Omd numéro 8 qui viser à favoriser un partenariat pour le développement. L’accompagnement de nos partenaires est nécessaire à tout point de vue. Donc nous devons nous ouvrir pour partager et renforcer la coopération et le cadre de partenariat. Nous cherchons à établir un pacte avec nos partenaires, dans lequel nous nous engagerons à entreprendre des réformes, en contrepartie des engagements financiers. Je dois également noter un aspect particulier qu’on veut amener comme innovation. C’est le forum des investisseurs privés qui fera l’objet du deuxième jour du Groupe Consultatif. 
Le budget 2014 sera soumis en examen bientôt au Parlement, quels seront ses contours ? 
Le budget de l'Etat de 2014 décline les ambitions de la stratégie de développement du Sénégal bâtie sur une vision déclinée dans le Programme «Yoonu Yokkuté» du président de la République. Cette vision mise sur un Sénégal émergent, avec une société prospère, solidaire et assis sur des valeurs. En d’autres termes, nous ferons dans ce budget un choix clair en faveur d’une croissance soutenue et durable basée sur des secteurs à fort potentiel de croissance et générateurs d’emplois avec notamment l’agriculture, les infrastructures structurantes, l’énergie et l’appui aux groupes vulnérables. De même, toutes les recommandations issues des Conseils interministériels et des Conseils des ministres décentralisés dans les régions seront mises à profit dans la confection du budget 2014. Ainsi, l’orientation du budget 2014 reflètera la volonté des autorités de renforcer l’investissement pour doper la croissance économique. 


NDIAGA NDIAYE 

 

 

SOURCE: LERAL

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