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Rapport de la discussion sur le thème: Quel type de leadership pour l’émergence économique et social du Sénégal

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Sénégal

Communiqué de presse : Rapport de la discussion sur le thème: Quel type de leadership pour l’émergence économique et social du Sénégal

 

Une rencontre a regroupé en juillet des experts de la Banque Mondiale et de la société sénégalaise, comprenant notamment des leaders de la société civile, des chercheurs de l’UCAD, des experts et consultants associés des différents  centres de recherche et des représentants de l’USAID autour du thème : « Quel type de leadership pour l’émergence économique et social du Sénégal ».

Entre autres définitions, il a été admis de considérer le concept de leadership comme la capacité d’un individu à mener ou à conduire d’autres individus ou organisations dans le but d’atteindre certains objectifs. Pour ce faire, un leader doit être entendu comme quelqu’un qui est capable de guider, d’influencer et d’inspirer.  Une définition qui a été renforcée par d’autres intervenants plus tard.

 

Même si le concept original de leadership s’est développé en rapport avec la sphère politique,  il est avéré que la présence d’un certain leadership est aujourd’hui indispensable dans des domaines tels que les affaires, la culture ou la science, le sport, aussi bien que dans d’autres domaines variés de la vie sociale et économique.  Pour être un bon leader, un certain nombre de qualités sont indispensables. Ces qualités peuvent s’acquérir par l’expérience, mais de plus en plus elles sont apprises. Pour un chercheur de l’université, se référant aux travaux du Professeur Gaunand, le leadership peut aussi être entendu comme la capacité d’une personne à influencer et à fédérer un groupe pour atteindre un but commun dans une relation de confiance mutuelle et pour une durée limitée.

 

 

Abordant toujours la question de leadership au Sénégal, plusieurs questions ont été soulevées, notamment :

  1. Y-a-t-il un déficit de leadership au Sénégal ?
  2. Quel est le sens du vote au Sénégal ?
  3. En quoi les décisions de la plus haute instance du pays sont efficaces ?
  4. Est-il opportun d’opposer la compétence à la popularité dans la gestion administrative de l’Etat?
  5. Pourquoi prend-on des décisions non  fédératrices  en excluant des opérateurs économiques les plus importants dans un pays où l’émergence économique est considérée comme une priorité des priorités ?

Après ces observations, les participants ont été invités à partager librement leurs expériences et à répondre à la question « quel type de leadership pour l’émergence économique et sociale du Sénégal. »

Faisant allusion au Plan Sénégal Emergent, les participants se sont attardés sur un certain nombre d’attributs d’un bon leader dont notamment : la capacité de se fixer un objectif claire, la mise en place des mécanismes pour la diffusion de l’objectif fixé, et la capacité de faire adhérer le peuple à cet objectif. Les participants ont aussi mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des mécanismes qui garantissent la pérennité de la vision. Ils se sont interrogés en passant sur la pérennité du Plan Sénégal Emergent et ont insisté sur l’éducation comme une condition nécessaire pour pérenniser cette vision.

Pour renforcer ce point de vue sur la pérennité de la vision, l’exemple de Mandela a été relevé   en ce que ce dernier a eu à intérioriser sa propre vision avant  de demander aux autres de le suivre. Plus important,  Mandela avait réussi à créer un groupe de gens qui ont accepté de le suivre, non par contrainte, mais par libre choix. En un mot,   une vision sans «followers» ne peut pas survivre dans le temps. Dans cette perspective de vision à long terme, les participants ont fait remarquer la nécessité d’intégrer la femme à tous les niveaux de la chaine de commande et de prise de décision commune.

D’autres intervenants ont  fondé leur définition du leadership sur le passé en évoquant comme exemple des figures charismatiques telles que Martin Luther King, Mandela et Gandhi. L’objectif de ce rappel historique était de nous approcher le plus possible des styles de leadership qui ont produit des résultats.  Quand bien même le leadership est une réalité permanente et continue dans le temps, il a été relevé que chaque temps crée un leader qu’il faut et que c’est souvent dans des situations de crise qu’on voit apparaitre de grands leaders animés par le seul souci de changer le cours de l’histoire. 

Il est vrai que dans l’organisation des affaires d’un Etat, le leadership a plus une connotation politique que sociologique. Cependant,  il est important de tenir compte des forces en présence souvent incarnées par des leaders communautaires qui représentent le mieux les intérêts des populations. En effet, ces leaders sont indispensables dans la marche des affaires d’un Etat, surtout quand il faut faire avancer des réformes. Le cas du Sénégal où des leaders religieux sont très influents est encore plus éloquent.

Les participants ont, par ailleurs, insisté sur la dimension politique du leadership et déploré le fait qu’au Sénégal le concept de leadership politique a tendance à se ramener seulement  aux élections ; ce qui réduit les visions des hommes politiques aux aspirations purement personnelles de se voir réélus.

Ainsi, pour porter le PSE dans le sens de l’intérêt publique, les participants ont estimé que les vues doivent être orientées vers un leadership politique qui permet de rompre avec la politique populiste orientée vers les élections, et d’adhérer plutôt au concept altruiste du leader, une personne de circonstance appartenant à un contexte bien défini et pour qui les aspirations réelles des populations constituent la raison d’être de toutes ses actions.

Dans le cas qui nous concerne, un bon leader devrait être un visionnaire peu intéressé par l’électorat, en perpétuel quête du savoir, qui se connait et sait se maitriser ; un adepte de la critique et qui s’entoure des ressources humaines compétentes ; une autorité qui donne l’exemple, qui sait encourager des talents et les organiser en vue d’obtenir des résultats ; un homme d’action dont les qualités permettent de susciter l’adhésion de ses subalternes et l’obtention des résultats.

Dans le même cadre d’idées,  d’autres considèrent un leader comme un Guru imbu d’éthique et qui coordonne les actions des uns et des autres vers la performance. Dans cette perspective, le leader conduit les individus à adhérer à une même vision en vue de la performance.

Le leader doit alors aller au-delà d’un simple management et pousser son organisation vers la réalisation de ses options fondamentales. C’est  dans cet état d’esprit que, dans le cas du Sénégal, on peut se  rendre complémentaire aux projets du PSE et participer dans la mise en œuvre de certains projets prioritaires. Il a aussi été remarqué qu’un bon leader doit combiner le leadership de fait au leadership de droit ; les deux définissant  le concept de légitimité. En effet, la légitimité ne doit pas provenir des performances politiques, mais plutôt de l’existence des procédures contraignantes et collectivement acceptées qui orientent et encadrent les décisions du leader.

Dans le cadre du Plan Sénégal Emergent, les participants ont insisté sur la nécessité que le leadership soit exprimé à tous les niveaux, de la présidence de la République, aux directeurs sectoriels, en passant par tous les membres du gouvernement.  Les participants se sont tous accordés sur le fait que le leadership d’un subalterne ne doit pas constituer une menace au pouvoir de son supérieur, comme c’est le cas au Sénégal, mais, au contraire, devrait le renforcer. Cette relation dépend précisément du modèle de leadership et de la nature des institutions en vigueur dans le pays.

Théoriquement, une analyse du leadership se conçoit en deux dimensions : organisationnelle et relationnelle. Selon que l’on met l’accent sur la dimension organisationnelle ou relationnelle, quatre types de leadership émergent, dont notamment :

Types de leadership

Organisationnelle

Relationnelle

  1. DIRECTIF

Fort

Faible

  1. PERSUASIF

Fort

Fort

  1. PARTICIPATIF

Faible

Fort

  1. DELEGATIF

Faible

Faible

 

Au Sénégal, la dimension relationnelle semble l’emporter sur la dimension organisationnelle.  Dans ces conditions, les décisions sont souvent influées par des lobbies et/ou groupes sociaux dont les intérêts ne sont toujours pas en harmonie avec la vision macroeconomique de l’Etat. Les conflits d’intérêts qui naissent d’une telle structure organisationnelle peuvent expliquer pourquoi malgré de brillants programmes de développement, le Sénégal n’a pas obtenu des résultats escomptés.

Pour certains, examiner la question de leadership au Sénégal telle que discutée actuellement consiste à noter l’échec de l’Etat et de son administration. En effet, le concept de leadership est difficile à comprendre dans le contexte d’un Etat fragile. Bien que le Sénégal semble avoir des institutions stables et une démocratie électorale suffisamment testée, il n’est pas moins un pays fragile lorsque l’on examine de prêt les rapports des forces en présence et la nature des décisions qu’elles génèrent. Fonctionnant comme un Etat patrimonial, le Sénégal est un cas spécial de fragilité, un pays où le pouvoir est incarné par des personnes et non des institutions, et où la légitimité se négocie ou, mieux encore, s’achète chaque jour.

Dans ces conditions, l’Etat Sénégalais apparait comme un amalgame d’institutions et procédures qui ne riment pas dans la conscience collective de la population et, du coup, qui ne semblent pas influencer et orienter les décisions d’intérêt général. Et l’Etat,  du moins les personnes qui parlent au nom de cet Etat sont réduites à passer de compromis en compromis pour maintenir une certaine survie politique. Et parfois ces compromis vont contre l’intérêt général et réduisent l’action de l’Etat à sécuriser les intérêts et ambitions personnelles.

Dans un Etat fragile comme celui décrit ci-haut, le leader est forcé de se conformer à la réalité sociologique; sinon il ne tarde pas de disparaitre. Mais des expériences telles que vécues lors de dernières élections ont démontré que le peuple Sénégalais sanctionne positivement des personnes courageuses qui mettent l’intérêt général avant l’intérêt individuel.  

Par ailleurs, les participants ont reconnu que le Plan Sénégal Emergent est une grande vision. Cependant, ont-ils insinué, le plan à lui seul ne pourra pas développer le pays dans le contexte actuel où les dirigeants sont butés à des contraintes sociologiques  ou du moins à une contradiction entre les règles organisationnelles et les réalités sociologiques. Dans le même ordre d’idées, ils ont noté l’importance et la pertinence des réformes, mais ils ont insisté sur le fait que sans l’adhésion populaire les réformes à elles seules ne peuvent pas conduire au développement économique. Cette dimension de la réalité n’est pas souvent prise en compte par les architectes de développement ainsi que les bailleurs  de fonds. En conséquence, les résultats sont toujours les mêmes. Il y a là un problème de mentalité, d’une part, et une question de bien comprendre la problématique avant de vouloir prescrire les thérapeutiques, d’autre part.  Autant ce n’est pas le plan qui développe un peuple, ce n’est pas l’argent non plus qui développe un peuple. Au contraire ce sont des hommes ; des hommes qui, ayant compris le problème fondamental de la société, impulsent une dynamique interne et ainsi permettent à un peuple de se développer. En fin de compte et dans ces conditions, l’avenir d’un pays comme le Sénégal doit reposer sur le leadership du chef de l’Etat qui, seul, a l’autorité de briser ces pesanteurs qui bloquent le développement.

Ainsi dans les discussions il est apparu, en guise de conclusion et de recommandations, les points suivant :

  1. Une démarche de leadership passe par une vision ; une vision qui est ancrée dans la transformation des mentalités par une éducation et un encadrement appropriés. En conséquence, le  leader au Sénégal doit   être un homme de son temps, capable de communiquer sa vision au plus petit de la société, de créer autour de la vision une adhésion et une appropriation par le peuple. Un tel homme doit être capable de créer une relève de personnes qui le suivent non par contrainte, mais par conviction.
  2. Les qualités indispensables que les leaders Sénégalais devraient  intérioriser pour assurer l’émergence ont été aussi soulevées et discutées par les participants. On peut noter en passant les points suivants ; le leader doit:

·         Donner l’exemple et accepter des critiques des autres ;

·         Amener la population à travailler dur et à adhérer au principe du travail qui crée de la valeur ;

·         Guider les collaborateurs à mieux comprendre  la théorie tout en restant  plus pragmatique ;

·         S’imposer et imposer aux autres de la discipline, le respect des délais fixés, et le contrat de performance ;

·         Oser s’attaquer aux mentalités ; oser montrer de l’autorité et avoir le courage de s’attaquer au statu quo.

·         Etre capable de mener les autres vers l’obtention des résultats;

·         Encourager à l’aide d’une sanction positive ou d’une sanction négative selon les cas.

  1. Dans le cadre du Sénégal, réussir le pari de l’émergence va nécessiter que l’on mette en place des fondations très solides[1]. Cela implique notamment :

·         Eduquer mais avec des concepts adaptés aux réalités du Sénégal, car le développement doit être une réalité endogène même si le dirigeant sénégalais doit se servir des expériences des autres. Le développement dont il est question, c’est celui qui élève non seulement les infrastructures et les structures, mais aussi tout l’homme qui, in fine, est le sujet et l’objet du développement.

·         Mettre l’accent sur l’agriculture qui est le socle de tout développement. En effet, l’histoire nous apprend que dans beaucoup de cas l’agriculture constitue la base du développement.

·         Inculquer aux populations la notion du travail productif en lieu et place des activités de survie qui, d’ailleurs, sont très coûteuse pour l’économie du pays et qui détériore l’environnement.

  1. Pour mettre en application le Plan Sénégal Emergent, le pays a besoin de leaders plus efficaces à tous les niveaux de la chaine de commande et d’exécution. En particulier, la « présence » du Chef de l’Etat doit être permanente car il doit s’assurer de l’exécution à chaque étape du PSE. Dans cette perspective, le Chef de l’Etat doit mettre à la place qu’il faut des hommes et femmes qu’il faut ; des personnes capables d’obtenir des résultats  et d’apporter de la valeur dans  l’exécution du PSE. Plus précisément, le Chef de l’Etat doit veiller à ne pas substituer le populisme à l’expertise, car gagner les élections ne fait pas nécessairement de quelqu’un un bon leader ou un bon manager. En d’autres termes, le Chef de l’Etat doit avoir une autorité certaine, capable de prendre des décisions courageuses et les faire exécuter. Les cas de Kagamé et de Napoléon ont été pris comme exemples de leaders omniprésents et  performants.

Les participants n’ont pas manqué de noter que dans l’histoire de l’Afrique, des leaders comme Houphouët-Boigny, Julius Nyerere, et Sékou-Touré ont été de bons leaders, mais qui pourtant ont échoué. Ces leaders ont échoué, parce qu’ils n’ont pas été capables de mettre en place une équipe de femmes et d’hommes compétents et capables de traduire leurs visions en actions et projets de développement.

Comment créer et développer le leadership des « followers » dans le cadre bien précis des projets phares du PSE ? Cette question fera l’objet de prochaines discussions sur le leadership. Elle sera examinée dans le contexte d’un certain nombre de projets phares du PSE.

 

Ont participé à la discussion :

Christiane Johnson Agboton (CHEDS) - Matthias Cinyabuguma( BM) - Alassane Diawara (Consultant) - Abdourahmane Diallo (USAID) – Colonel Babacar Diouf (CHEDS) - Philip English(BM) – Aissatou Fall (BM) – Amadou Tidiane Gaye (DSP) - Maimouna Gueye (Cabinet MGRH) – Abdoulaye Ndiaye (ICD) – Mademba Ndiaye (BM) - Djibril Ndoye (BM)- Arona Niang (MAER) - Daniella van Leggelo-Padilla (BM) – Général Alain Pereira (CHEDS) - Abdoulaye Sakho (Juriste/UCAD)) – Abdoulaye Samb - Atou Seck (BM) - Vera Songwe (BM) – Mountaga Sy (APIX).

 

 



[1]

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