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CONSOMMATION DU RIZ LOCAL - Les restauratrices «riz» jaune et blanc

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CONSOMATION DU RIZ LOCAL - Les restauratrices «riz» jaune et blanc

L'OBS - Le Sénégal est l’un des plus grands pays importateurs de riz en Afrique Subsaharienne. Avec une consommation annuelle d’environ 900 000 tonnes (dont 20% de la demande nationale couverts par la production locale et  80% couverts par le riz importé) estimée à hauteur de 119 milliards de FCfa. Pour changer cette situation qui freine la croissance économique du pays, l’Etat du Sénégal, par la voix de son chef, a décidé de booster la production du riz local. Qu’en pensent les restauratrices et autres ménages dakarois ? L’Observateur leur a posé la question. Reportage !

 

Engoncée dans un grand boubou blanc assorti d’un foulard de la même couleur, elle a les yeux braqués vers la lucarne. Ceinturée par deux hommes qui prennent tranquillement leur déjeuner, Ndèye Lô, gérante de restaurant, sis à l’avenue Blaise Diagne de Dakar-Plateau, lance parfois quelques coups d’œil à ses clients, histoire de s’assurer que tout va bien. Restauratrice expérimentée, la dame respecte scrupuleusement les suggestions et autres plaintes de ses clients, gage de la réussite de son business. C’est pourquoi quand on lui demande son opinion sur la volonté politique du président de la République, Macky Sall, de promouvoir le «consommer local», surtout en accroissant la production du riz de la vallée du fleuve Sénégal, Aïda réfléchit par deux fois. Elle raconte, un peu inquiète : «Il m’est arrivé une fois de préparer le riz local. Mais, je vous jure que ce riz m’a posé d’énormes ennuis. Car, ce jour-là, je n’ai pas pu écouler toute ma marchandise. Mes clients se plaignaient de la qualité du riz. Selon eux, le riz avait de petits cailloux. Depuis lors, je n’utilise plus le riz local par peur de chasser mes clients. C’est bon d’accroître la production du riz local. Cependant, l’Etat ne doit pas freiner les importations de riz.» Pour ne pas plomber son commerce et amoindrir, du coup, l’enflure de sa besace de businesswoman.

Son avis est partagé par Marième Dièye. Surprise dans le populeux quartier de Niarry Tally, en train de remplir une assiette d’un client logé dans un 4X4 noir garé à côté de son commerce, elle explique : «Le riz local est certes un riz digeste, mais sa cuisson demande beaucoup plus de temps. Pis, il y a toujours des résidus de sable ou de cailloux dans ce riz. Notre but est de satisfaire tant bien que mal la clientèle et si consommer le riz de la vallée du Fleuve fait la promotion du «consommer local», il faut que les producteurs nous offrent un riz bien usiné.» 

Annoncée mardi par le chef de l’Etat  lors de l’inauguration, aux allures de meeting politique, d’une nouvelle route et d’une station de pesage à Rosso, dans le Nord du pays, la décision de Macky Sall d’accroître la production du riz local, qui passe par un réaménagement des terres de cette région afin d’atteindre 1 million 80 mille tonnes, est appréciée différemment. Si d’aucuns sont contre la volonté politique du chef de l’Etat à cause de la qualité moindre du riz, d’autres applaudissent des deux mains.

A l’avenue Blaise Diagne, sur l’autre versant de la route, à l’opposé du restaurant de Ndèye Lô, une foule attire l’attention. Une musique de bols et d’ustensiles de cuisine rythme une petite pièce jouxtant un grand bâtiment communément appelé à Dakar «Kër Serigne-bi». A l’intérieur, une dame, assise sur un banc, la cinquantaine dépassée, se plie à la demande des clients apparemment tenaillés par la faim. L’attente est longue pour certains. Toutes les chaises sont occupées. De temps en temps, Astou Sène, gérante du restaurant, hèle sa fille qui fait des va-et-vient interminables pour servir les clients massés dehors. La dame gère tout et surveille tout. Elle a surtout l’oreille partout. A l’évocation du sujet, «Mère thiébou-diéne», comme l’appellent ses clients, ne tient plus sur son…banc. Elle dit : «Macky Sall doit encourager le «consommer local». Depuis toujours, je ne prépare que le riz local. En tout cas, ce riz est bien apprécié par mes clients. Car, ma clientèle reste fidèle. Si ce riz n’était pas bon à la consommation, les clients allaient crier leur mécontentement.» Les nombreux consommateurs trouvés sur place abondent dans le même. «C’est un riz de qualité. Nous soutenons le Chef de l’Etat sur ce projet», scandent-ils en chœur.

Autre lieu, autre décor. En cette matinée de mercredi, l’Unité 12 des Parcelles Assainies sort ses couleurs. Les populations font leur train-train. Un grand restaurant est ouvert en face du marché central. De loin, les effluves des cuissons encensent les nerfs. Les «petits gourmands» occupent déjà l’endroit. Courbée sur sa marchandise, Anta Diagne sert copieusement des plats bien garnis. Malgré l’air glacial qui sévit sur les lieux, elle essuie momentanément son front par un mouchoir sur la forte buée de chaleur qui émane d’une grande marmite. Pour cette mère de famille qui, pendant plus de dix ans, est dans le milieu de la restauration, «le riz importé est la préférence des restauratrices». Car, explique-t-elle : «Contrairement au riz local, le riz importé est plus facile à cuisiner et présente moins de détritus. Laissé longtemps au repos, le riz local devient desséché. En revanche, le riz importé reste toujours sec.» Poursuivant ses explications, elle souligne : «Les Dakarois ne connaissent pas bien cette denrée. C’est pourquoi, ils le consomment rarement. Et pourtant, c’est un riz de qualité. C’est une belle initiative du Gouvernement de booster la production du riz local.»

Le riz local, selon certaines restauratrices rencontrées, est d’un goût meilleur, comparé au riz importé. Toutefois, la denrée présente un problème d’usinage. En revanche, de l’avis de Fatou Fall, trouvée dans sa gargote située à l’esplanade de l’Hôpital Principal de Dakar, le riz local ne bénéficie pas d’une aura chez les populations. «Mais, c’est aux autorités étatiques de l’imposer aux Sénégalais», ajoute-t-elle. Une mesure presque impossible à prendre.

IBRAHIMA KANDE

SOURCE/ http://www.gfm.sn/actualites/item/11038-consomation-du-riz-local-les-restauratrices-riz-jaune-et-blanc.html