4 agents de l’État-civil de Fatick et 5 démarcheurs de la Petite Côte arrêtés par la police de Mbour

 Une activité délictuelle, mais hautement lucrative, mise sur orbite, il y a trois mois, précisément à partir du mois d’avril dernier. A l’époque, les limiers de la section des états-civils de Mbour accusent un afflue de demandes d’établissement de cartes nationales d’identité. Cette procédure nécessitant la présence physique du requérant, pour s’acquitter des obligations procédurales, a permis aux policiers mbourois affectés à ce service de suspecter plusieurs de leurs hôtes. Certains, non Sénégalais (des Maliens pour la plus part) qui, bien que présentant des extraits de naissance dument délivré par des officiers d’état-civil, ont été perdus par : Leur diction, leur morphologie, où tout simplement par leur parfaite ignorance de la localité sénégalaise de leur «naissance», pourtant mentionnée sur l’extrait de naissance déposé. Autant d’étrangetés qui ont intrigué les policiers. Avisé, le patron du commissariat de Mbour décide d’y voir plus clair et procède à l’ouverture d’une enquête.

Comment ce réseau qui étend ses tentacules jusqu’à Fatick a été perdu

Ignorant royalement cette nouvelle donne, le ressortissant malien, A.B. Soumaré, s’était fait délivré à Fatick un faux extrait de naissance. Muni de ce document mentionnant qu’il a vu le jour à Fatick, Soumaré s’est présenté à Mbour, dans l’optique de bénéficier d’une carte nationale d’identité sénégalaise. Répondant aux questions d’usage de son vis-à-vis policier de la section Carte d’identité, le Malien étale ses carences, dans le maniement du Français, du Ouolof et autres langues locales. Pour pallier ce dialogue de sourd, les limiers ont requis les services d’un interprète bambara. Pour se faire une religion sur l’authenticité de l’extrait de naissance incriminé, les limiers de Mbour sont allés fouinés sur les registres d’état-civil de Fatick. Le résultat est des plus attendus : l’extrait de naissance en question ne figure nulle part dans les livres consultés, dans la capitale du Sine. Alors que les policiers enquêteurs de Mbour passaient à la loupe différents dossiers suspects, ils sont tombés, le 10 juillet dernier, sur le sieur A. Samb, enseignant à la retraite, portant la requête d’un sujet malien. Sans le savoir, ils venaient de mettre la main sur un des démarcheurs actifs de ce réseau. L’ayant suspecté, les limiers ont soumis A. Samb au feu roulant de leurs questions. Accablé, Samb craque et avoue que le document lui a été remis par un Malien, ami à son père qui, pourvu de l’extrait de naissance (sur lequel le Malien se fait appeler P. Guèye), qui souhaitait acquérir une carte nationale d’identité, moyennant une commission de 12 000 FCfa. Sur les circonstances de la délivrance de cet extrait, il ressort que S. Samb, interpellé, s’en était ouvert à son acolyte, le sieur M. Laye, un courtier qui rase les couloirs de la mairie de Mbour, qui empoche 2 000 FCfa et sollicite un autre courtier mieux introduit dans le circuit : A. Faye qui empoche les 10 000 FCfa restant.

L’enquête ouverte révèle que dans la configuration du réseau, il revenait à M. Laye de démarcher les requérants et remettait les dossiers à A. Faye qui se rendait à Fatick pour introduire les dossiers auprès des secrétaires de l’état-civil, dont la dame N.D. Faye, moyennant rémunération (10 000, voire 15 000 FCfa), lesquelles devraient lui délivrer, au bout de quelques minutes, un vrais faux extrait déclaratif de naissance.

L’ingénieuse manie de la police qui a permis d’infiltrer 4 secrétaires de l’état-civil de Fatick

Les investigations menées ont abouti à l’arrestation des courtiers P. Guèye, S. Samb M. Laye, tous domiciliés à Mbour. Décidés à prouver les responsabilités pénales des secrétaires N.D. Faye et trois de ses acolytes, les limiers de Mbour ont échafaudé un ingénieux piège consistant à impliquer le courtier A. Faye a qui il est remis de l’argent, à charge pour lui de se faire deux extraits déclaratifs de naissance au profit de deux policiers. Collaborant à l’action de la justice, A. Faye se rend à Fatick accompagné de policiers en civil. Là, il prend langue avec ses complices officiant à l’état-civil de Fatick, dont N.D. Faye à qui il remet, sous pli fermé, de l’argent et les coordonnés des requérants policiers. Au bout d’une trentaine de minutes, la secrétaire N.D. Faye lui délivre, en parfaite intelligence avec ses collègues B. Diouf, S. Seck et N. Ngom, deux extraits authentifiés par les logos de la mairie, des numéros de registre, fidèlement datés, assortis de timbres fiscaux, d’un cachet rond de la mairie, du cachet nominatif d’un officier d’état-civil et sa signature, apposés sur les extraits. Après la remise des cartes d’identité, les limiers ont auditionné les officiers d’état-civil local, pour situer leur probable implication dans ce deal. Ce qui s’est révélé infructueux, ils ont d’ailleurs été déchargés par les mises en cause, dont N.D. Faye qui a partiellement déchargé la secrétaire N. Ngom. Les quatre secrétaires sont conduites à Mbour, où elles ont rejoint en cellule les courtiers A. Faye et Cie. Tous ont été déférés, hier, au Parquet de Thiès pour faux en écriture publique et association de malfaiteurs. Le nombre de faux documents délivrés à des tiers, dont des sujets maliens, est provisoirement estimé à une bonne trentaine.

Abdoulaye DIEDHIOU

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