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scandale -"Je n'irai pas manger halal chez Quick"

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FranceQuick parie plus que jamais sur le Halal.  L'enseigne de restauration rapide étend dès mercredi son offre de restaurants halal - de 8 à 22 enseignes - pour conquérir une nouvelle clientèle et doper ses ventes, confortée par une expérimentation qu'elle qualifie de "réussite commerciale". Les musulmans de France devraient s'en réjouir. Mais, s'il salue l'initiative, Fateh Kimouche,  responsable de  Al-Kanz,  un site d'information consommateurs qu'il compare à  "un Que Choisir pour le musulmans", estime que la certification halal des restaurants de la chaîne n'est pas sérieuse.

 
TF1 News : Quick vient d'annoncer qu'il étendait à 22 magasins sa carte halal.  Mais selon vous, il ne s'agit pas de vrai Halal. Pour quelle raison?

Fateh Kimouche, responsable du site Al-Kanz : Quick a sélectionné les mosquées de Paris et Evry Courcouronnes pour sa certification. Or, ces deux mosquées n'ont pas leurs propres contrôleurs. Je n'irai dons pas manger chez Quick. Le président du fast food me semble concéder lui-même que les gages sur la certification halal sont très faibles en France. Les observateurs les moins sceptiques - comme le recteur de la mosquée de Lyon -  considèrent que 50 à 60% de la viande estampillée Halal ne l'est pas en réalité, les autres parlent de 90 %. La cause en est très simple. Il existe deux sortes d'organismes de certification en France. Ceux qui ont leur propres contrôleurs indépendants et ceux qui n'ont pas de contrôleurs et font confiance à l'industriel. Lorsque l'on connaît les enjeux économiques derrière ce marché, on ne peut pas se contenter de cette confiance!

TF1 News : Pourquoi Quick a-t-il donc choisi ces organismes?

F. K. : Quand vous êtes sûr que le contrôle n'est pas fait et que l'on vous délivrera sans problème le certificat Halal, vous allez vers le plus facile... Par définition, un vrai contrôleur est quelqu'un qui vous fait perdre de l'argent.

TF1 News : Cette question n'est-elle pas à régler entre musulmans?

F. K. : Il y a évidemment une querelle de chapelles sur le halal. On essaie de faire passer ces divergences par un problème d'interprétation des textes mais c'est très simple à quelques détails près. Une bête halal est un animal qui a été abattu par un sacrificateur musulman au nom de Dieu, en prononçant une formule, une prière. Il y a ensuite un débat sur l'étourdissement de la bête : est-il autorisé ou non ? Il faut savoir que l'abatage rituel n'est pas plus cruel que l'abattage non rituel.  Pour un bœuf, l'étourdissement consiste à lui fracasser le crane ! Il faudrait donc qu'il y ait une législation sur le sujet comme pour le label "agriculture biologique" qui est vérifié par des organismes privés. Un peu aussi comme le contrôle technique automobile, imposé par l'Etat mais réalisé par des garages privés. Le Conseil français du culte musulman devrait prendre ses responsabilités pour faire avancer ce dossier.

TF1 News : Pourquoi certains industriels font-il du faux Halal?

F. K. : Car c'est moins cher ! Il y a beaucoup de vérifications à faire. Par exemple, une poule qui meurt avant l'abattage n'est pas halal. Lorsqu'un industriel abat mécaniquement une série de 12.000 poules sans vérifier qu'elles sont toutes bien vivantes, c'est donc du faux halal. Certains industriels utilisent aussi de gras de veau - non halal - comme additif dans des produits à base de dinde. Il y a donc un vrai scandale du Halal, un "halalgate".  D'ailleurs, l'Indonésie - premier pays musulman au monde - n'a agréé aucun organisme français.

TF1 News : C'est une perte pour l'industrie française...

F. K. : Oui, car la France a deux atouts. Une industrie agro-alimentaire qui est au top et une légitimité de part sa population musulmane, de 5 à 7 millions de personnes. En passant au halal, le groupe Duc a sauvé son usine de  Saint-Bauzely qui devait fermer. Cela a sauvé 145 emplois. De Français de souche !


TF1 News : Certains Français - privés par exemple de sandwichs au bacon - dénoncent une discrimination dans les Quick halal. Les comprenez-vous ?

F. K. : Pour moi, il n'y  a pas de discrimination, c'est simplement la loi de l'offre et de la demande. Maintenant, je comprends que celui qui avait l'habitude de manger tranquillement son hamburger au bacon à deux pas de chez lui et qui est maintenant obligé de faire dix kilomètres soit un peu "gonflé".

TF1 News : Ces Quick vont-ils devenir des Quick "pour musulmans" ?

F. K. : Non, cela ne doit pas aller plus loin, ce serait ridicule. En France, les gens se mélangent car ils sont déjà mélangés à l'école. Certes, il existe une génération pompidolienne, des 50-60 ans qui n'a jamais été à l'école avec un Arabe, un Juif, ou un Noir et peut toujours voir l'autre comme un étranger. Mais il n'y a pas de ségrégation. Ces Quick ne deviendront pas des Quick pour musulmans mais seront simplement Halal. Si demain il y avait un Quick casher, je pourrais y aller sans problème. Pour faire un peu de provocation, on peut considérer que jusque là c'était les musulmans qui étaient discriminés. Je n'ai par exemple jamais pu manger de Big Mac !  Je suis un bon petit français mais je dois parfois faire 50 kilomètres pour aller manger dans un restaurant Halal...

TF1 News : L'idée d'ouvrir un Quick Halal est donc une bonne chose sur le fond ...

F. K. : Oui et non, car avant les musulmans étaient protégés de la malbouffe !

TF1 News : De telles initiatives entretiennent l'islamophobie, le rejet de certains...

F. K. : La réaction est mécanique, presque pavlovienne lorsque l'on est abreuvé d'articles, d'émissions qui donnent la parole à Marine Le Pen qui monte tout cela en épingle ... Mais dès qu'il y a  de la pédagogie, lorsque l'on explique tout cela,  il n'y a pas de vrai problème. C'est davantage un climat qui est entretenu qu'une réalité. Au moment de l'Aïd, lorsque nous distribuons des gâteaux à tous le monde, les non-musulmans, les catholiques, sont les premiers à les manger avec nous...

TF1 News : Et en se faisant certifier par des mosquées, les industriels ne financent-ils pas de fait un culte?

F. K. : En quoi ! Qu'il y ait ou pas des bénéfices, Quick paye une prestation de service. Après avoir séparé l'Etat et l'Eglise, on peut se mettre à séparer l'économie et la religion. Y-a-t il un problème avec les entreprises qui fabriquent les osties? Celles qui construisent ou rénovent les Églises? Il ne faut pas mettre la laïcité à toutes les sauces. Quand je vois cet élu UMP qui porte plainte contre Quick, cela relève du caniveau... Je comprends que l'on n'aime pas les religions, que l'on soit agacé,  et même que l'on soit islamophobe mais cela n'autorise pas tout. Le seul problème, c'est que la France n'a pas soldé son passif avec l'Eglise et que cela fait encore des étincelles.

Découvrez ici les explications du patron de Quick

Par Olivier Levard le 31 août 2010 à 17:27