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Référendum du 20 mars 2016 : La controverse autour du taux de participation

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constitution

Dès que les premières tendances,  des résultats du référendum  issus directement des Bureaux de vote, donnaient le « Camp du OUI »  gagnant largement le scrutin, une polémique s’est vite installée dans les médias sur le taux de participation.

 

Le taux de participation qui avoisinait 40% au niveau national, était comparé à ceux des referendums antérieurs, pour déclarer l’échec de celui du 20 mars 2016.

C’est ainsi que l’on mit en avant les taux de plus de 90% obtenus en 1963 et 1970,  et celui de plus de 65% en 2001, que l’on a comparé au 40% de 2016 pour illustrer cet échec.

Mais ce qui frappe à première vue dans cette comparaison, c’est l’abstraction qui a été faite des conditions d’organisation de ces différents référendums, qui lui ôte toute crédibilité.

En effet, l’objectivité scientifique, dans ce domaine, exige que l’on ne compare des faits qu’à conditions égales ou fortement similaires.

Ainsi comment peut- on  prendre, objectivement, comme base de comparaison,  des résultats de consultations électorales organisées dans le cadre du système de Parti unique, utilisant un code électoral dans lequel il n’est prévu ni « identification de l’électeur, ni vote secret avec passage obligatoire dans l’isoloir » comme cela fut le cas au référendum de 1963 et de celui de 1970 ?

De même, comment peut-on prendre comme base de comparaison, les résultats de 2001, issus d’une consultation électorale dans laquelle ;  l’opposition, constituée du PS et de l’URD, qui venaient d’être battus à la  Présidentielle de Mars 2000, et qui était encore majoritaire à l’Assemblée nationale, s’était déclarée prête à adopter la révision de la Constitution proposée par le  nouveau Président de la République, à laquelle  elle avait donné son adhésion totale ?

Seuls  le PIT, Jëf Jël,  Niakh Diarignu  et le PAI s’étaient mobilisés contre cette révision, et s’étaient vu exclus  de la totalité des médias publics comme privés durant la campagne référendaire, menée tambour battant dans une unanimité  sur- réaliste, marquée par le soutien total des organisations de la Société civile avec comme tête de pont, le Forum Civil que dirigeait Me Adama Gueye à l’époque.

La violence exercée sur ceux qui osaient dire  Non à cette consultation électorale était illustrée par l’exclusion du PIT du premier  Gouvernement de la première Alternance, et l’humiliation publique que le Président Wade avait fait subir au journaliste Babacar Justin Ndiaye, et au Professeur Penda Mbow, lors d’un débat  sur la réforme,  qu’il avait organisé au Palais de la République sous le couvert du Forum Civil.

C’est dans ces conditions totalitaires   de « climat de  Parti unique »  que s’est organisée la consultation référendaire pour adopter une Constitution de régression de la démocratie  qui a échappé de peu à la suppression de la laïcité de l’Etat que le Président Wade voulait opérer dans son objectif de gagner idéologiquement la  confrérie Mouride, pour en faire la base politique de son Parti.

C’est cette Constitution de 2001, adoptée avec un taux de participation de plus de 65%,    qui a  accentué la nature «   Présidentialiste » du régime hérité du Parti Socialiste en 2000, et que le référendum du 20 mars 2016 devait réformer.  

Le référendum du 20 mars 2016 n’avait ni le contenu de régression de la démocratisation des Institutions de la République, ni l’ampleur des négations des Droits des citoyens, encore moins les conditions de son organisation qu’avait celui de 2001.

Cependant, malgré ce manque de base objective de référence pour évaluer la portée du taux de 40% de participation au référendum du 20 mars 2016, il peut être apprécié sous d’autres bases,  si ce taux est comparé aux objectifs que l’opposition s’est fixée  dans cette consultation référendaire.

En effet, si l’opposition politique  et  la société civile avaient appelé au « boycott », comme le fit le «  Front SIGGIL SENEGAAL »  aux Législatives de 2007, il aurait été possible de comparer ces 40% de taux de participation au 35% de participation à ces Législatives.

L’opposition d’alors était alors fondé de crier victoire, alors que celle d’aujourd’hui n’a aucune légitimité pour s’en revendiquer, surtout qu’elle a battu campagne en appelant à voter massivement « NON » pour sanctionner le Président Sall.

Cependant, l’opposition politique et société civile fascinent par leur incohérence face à l’analyse des résultats des consultations populaires dans des conditions comparables.

En effet, les conditions d’organisation du référendum du 20 mars 2016, sont  similaires à bien des égards, à celles des Locales de Juin 2014.

C’est ainsi que l’on a droit aux mêmes récriminations sur le manque de concertation avant la tenue de la consultation électorale, avec  le Code des Code Général des Collectivités locales adopté par l’Assemblée nationale en procédure d’urgence, l’implication de la société civile dans les rangs  de l’opposition, l’accès aux médias publics, et les pratiques de corruption et d’achat de conscience.

D’ailleurs, pour ce qui est l’accès aux médias, le camp du « NON » a bénéficié de manière exclusive du soutien du  «  Groupe de Presse Walfadjri » dont le PDG s’est même mis en première ligne en ne reculant  même pas devant une violation publique flagrante du Code électoral lors de son vote, et une violation de la réglementation de la campagne référendaire.

En 2001, le groupe du «  NON » n’a jamais eu cette faveur auprès d’aucun média.

Cependant, avec un taux de participation aux Locales de Juin 2014 de 38%, ni l’opposition, encore moins la société civile,  n’a invalidé la légitimité des résultats.

Tout le monde s’est acommodé des résultats du seul fait que l’APR a été battue dans des centres urbains stratégiques comme Dakar, Thiès, Touba, Diourbel etc...

Ainsi, quand les résultats sont défavorables au camp du pouvoir, le taux de participation ne compte pas, mais dès qu’il lui est favorable, il devient la cible et le prétexte de contestation de la validité des résultats.

Cette approche étroitement partisane est  totalement anti républicaine et anti démocratique.

Elle ne recule même devant le  manque de respect de notre peuple dont l’expression majoritaire du suffrage est considérée comme le résultat de la corruption et de l’achat de conscience.

Comment un peuple, qui s’est illustré depuis 2000,  par son indépendance dans ses choix électoraux que lui permet le « vote secret dans l’isoloir », face  aux pratiques corruptives et aux ndiguel,  qui ont toujours eu pignon sur rue  dans  toutes les consultations électorales organisées dans notre pays, peut- il, du jour au lendemain,  être  taxé de corrompu par ceux –là  même qui l’ont toujours magnifié?

Les pratiques corruptives de l’électorat sont banalisées au point de les percevoir comme une forme « de redistribution de revenu » qui n’a aucune incidence décisive dans le choix électoral des citoyens, à tel point que des leaders de grande envergure n’hésitent pas  à appeler les populations à prendre toutes les libéralités qui leur sont offertes,  tout en restant maître, dans l'isoloir »,  de leur choix électoral ».

Comment peut-on donc,  le lendemain,  imputer à ces pratiques corruptives la cause des résultats électoraux ?

Cependant, même si le taux de participation de 40% est relativement acceptable au vu de ce qui précède, comment expliquer qu’il n’a pas été ; pour autant,  meilleur ?

C’est en analysant les taux de participation par Département que  l’on pourrait trouver des éléments rationnels d’explication.

En effet, dans le Département de Mbacké où le « NON » a engrangé plus de voix parmi les trois où il est largement vainqueur, le taux de participation est de 31% contre une moyenne nationale de 40% ?

Comment expliquer, que même dans son fief, l’opposition n’a pas été capable de mobiliser l’électorat à hauteur de la moyenne nationale ?

Assurement, ce n’est pas  à cause des pratiques corruptives !

L’opposition a payé par sa volonté de transformer le référendum sur la révision de la Constitution, en  un appel pour sanctionner le pouvoir en présentant la proposition de réforme  comme une entreprise anti islamique de légitimation de l’homosexualité.

Devant l’accueil  favorable que les principaux Chefs religieux ont réservé au Président Macky Sall venu leur expliquer le sens de son projet de réforme, le doute s’est installé dans  l’opinion, et  les populations,  débousselées sont restées chez elles, même dans le bastion le plus attentif à la propagande de l’opposition.

Dans un pays à plus de 90% de musulmans, un taux de 40% de participation  malgré cette propagande qui dénature volontairement l’esprit et la lettre de la consultation référendaire, est assurement une prouesse.

Surtout que, la laïcité et l’homosexualité utilisées,  pour faire sanctionner le Président Sall, n’ont  pas été dénoncées  ni publiquement, ni officieusement par des Partis et des organisations de la Société civile qui prétendent défendre la République démocratique et citoyenne, et les Droits Humains.

Au contraire, ils se sont mobilisés  avec ces  forces rétrogrades incarnées par le PDS et ses organisations islamistes satellites, pour appeler à sanctionner, par un « NON massif » ;  le Président Sall, accusé d’avoir porté atteinte aux valeurs islamiques  de « respect de la parole donnée » , en se transformant ainsi, de « leaders  politiques et de la société civile », en «  objecteurs de conscience », à la place du Marabout ou du Curé!

C’est donc au nom de l’Islam que toute cette opposition s’est liguée pour appeler à voter « NON », puisque  n’ayant plus d’arguments séculiers pour critiquer les propositions de réforme de la Constitution soumises au référendum.

C’est cette perversion du référendum qui a échoué, étant donné que sur les 40% de l’électorat qui s’est   exprimé, plus de 62% ont voté « OUI » !

Le camp du « OUI » est donc devenu le «  camp de la République  démocratique, laïque et citoyenne », face aux forces rétrogrades de notre société.

Il  devra pleinement assumer sa mission de son enracinement définitif, en travaillant à parachever l’approfondissement de la démocratisation de nos Institutions dans le sens indiqué par la Commission Nationale de Réforme des Institutions.

Ceux qui, à gauche, ont  rêvé de révolution sociale avant le parachèvement de la révolution démocratique et citoyenne,  devraient se ressaisir et méditer sur leur choix électoral au référendum du 20 mars 2016.

Notre pays aurait sombré dans la régression, l’instabilité et la violence, si leur camp du « Non » l’avait emporté ce 20 mars 2016.

A la place d’une révolution sociale, ils auraient contribué à une contre révolution anti démocratique des forces les plus rétrogrades de notre société, qui aurait transformé leur rêve en cauchemar.

La recomposition des forces politiques et de la société civile en faveur  de la  République, démocratique, laïque et citoyenne,  est véritablement en cours,  à l’issu de ce référendum du 20 mars 2016.

La consolider et la renforcer est un devoir patriotique de premier ordre, pour permettre de vaincre définitivement les tenants anti- laïcs de  nos Institutions, et homophobes de notre société, qui ont voulu user du référendum du 20 mars 2016  pour faire basculer notre peuple dans l’horreur.

                                Ibrahima SENE PIT/SENEGAL/CDS        Dakar le 25 mars 2016