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HABIB THIAM, ANCIEN PREMIER MINISTRE: «Le jugement de l'assassinat de Me Babacar Seye laisse à désirer»

POLITIQUE
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L'assassinat, en mai 1993, du président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye, est une pilule amère que Habib Thiam, alors Premier ministre, ne parvient toujours pas à avaler. Seize (16) ans après les faits, la condamnation des auteurs et ensuite leur amnistie, il a estimé, hier, à «Grand jury» de la Rfm, que «le juge­ment laisse à désirer». Au cours de la même émission, M. Thiam a dit son indi­gnation relativement aux «mensonges» qui fondent l'affaire du détournement de l'argent des militaires sénégalais engagés dans la libération du Koweït, en 1991, non sans manquer de faire la leçon au président Wade pris dans une fré­nésie de remaniements ministériels.

 

HABIB THIAM, ANCIEN PREMIER MINISTRE: «Le jugement de l'assassinat de Me Babacar Seye laisse à désirer»Encore des propos prêtant à polémique dans un dossier qui ne cesse de rebondir, depuis seize ans : l'assassinat, en 1993, de Me Babacar Sèye, président du Conseil constitu­tionnel. Et cette fois-ci, c'est un des acteurs centraux dans cette affaire, Habib Thiam, alors Premier ministre, qui allume la mèche. Et, à l'entame de son propos, on sent que, même devant la force de la chose jugée, l'avant ­dernier Premier ministre du régime socialiste a du mal à retenir ses commentaires. «C'est un dossier que j'ai suivi de très prés. Même si j'es­time que le jugement laisse à désirer, j'estime que je n'ai pas à revenir là-dessus, quinze ans après», a dit M. Thiam à «Grand Jury», hier. Mais, poursuivant son propos, il indique : «Je sais ce que je sais. C'est des éléments précis que j'ai. La loi Ezzan a été votée précisément pour tourner la page (ndlr : du meurtre de Me Sèye). Moi, je ne tourne pas la page dans ma tête. Tous les éléments que j’avais à l'époque dans ma tête sont toujours dans ma tête. Les documents que j'avais à l'époque sont toujours avec moi. Ceux qui ont tué Me Sèye ont été appréhendés, jugés et condamnés». Autant d'indications qui risquent de provoquer une nouvelle polémique, même si Habib Thiam s'en défend, car, dit-il, ce n'est pas à lui de «relancer ce genre de chose-là» qu'il qualifie de «crime politique».

Le détournement de l'argent des «Jambaar» du Koweït, «un mensonge»

Autre sujet à polémique abordé par l'ancien Premier ministre : le détournement de plus d'une centaine de milliards de francs Cfa offerts par des pays du Golfe aux militaires sénégalais engagés, en 1991, dans la libération du Koweït occupé par l'Irak. Une affaire qui lui vaut aujourd'hui et à Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, alors respectivement prési­dent de la République et ministre d'État sans portefeuille, d'être attraits par les victimes devant la Cour pénale internationale (Cpi). M. Thiam, qui se dit nullement secoué par la plainte, s'inscrit en faux contre les accusations selon lesquelles une partie de l'argent qui devait servir à indemniser les blessés et les familles des victimes du crash s'étant soldé par la mort de 93 soldats, aurait été détournée par l'État du Sénégal. «Je trouve que cette affaire ­là est indigne, parce que c'est un gros, gros mensonge», a dit l'ancien Premier ministre. Il assure n'avoir «jamais été mêlé, ni de près, ni de loin a cette question d'indemnisation». «Lorsque je suis allé en Arabie Saoudite, accompagné d’ailleurs du ministre d'État Abdoulaye Wade, je suis allé prier sur la tombe de nos Jambar qui étaient tombés», précise l'ancien Premier ministre. Avant de marteler : «Mais, les questions de sous, ces questions ignobles et de très bas niveau, c'est tout à fait des mensonges, je crois que ce sont des gens en mal d'argent ou en mal de publicité. C'est dommage qu'il y ait des gens comme ça qui existent encore».

Pour finir, actualité oblige, M. Thiam a abordé le dernier réaménagement du gouvernement intervenu samedi dernier, après celui du 03 décembre. Et c'est pour dénoncer l'instabilité gouvernementale qui caractérise le régime de l'Alternance. «Quand un ministre est nommé, il lui faut un minimum de six mois pour appréhender les problèmes de son départe­ment. Il lui faut six mois pour connaître les hommes qui sont chargés d'appliquer la poli­tique définie pour son département. Si donc le ministre change tout le temps, il n'a pas le temps de conduire d'une manière suivie l'ac­tion pour laquelle il a été nommé. L'instabilité ministérielle n'est pas une bonne chose, ni dans notre pays, ni dans d'autres pays», dit-il. Puis, M. Thiam lance cette mise en garde : «La IVème République française a sombré parce qu'il y avait des changements de gouverne­ment, pratiquement tous les six mois ça a con­duit à quoi, en 1958 ? À la révolte des généraux en Algérie et au retour du Général de Gaulle. Je crois qu'il faut un minimum d'insta­bilité pour travailler sérieusement».

Barka Isma Ba
Source Le Populaire