Sénégal - La tyrannie des experts et des politiciens
« Halte à la République des professeurs?! » Cette terrible apostrophe du très placide Mouhamed Bounn Abdallah Dione est l’expression d’un besoin et d’une vocation du pouvoir actuel : un recueillement révérencieux de toutes les autres catégories de la société. Pour que vive la République des politiciens. Afin que dans celle-ci, monolithique et monocorde, puisse résonner dans sa solitude martiale, la voix injonctive du pouvoir politique. Et que seule soit audible la parole infaillible du Macky. Pour nous indiquer la voie royale du salut de notre République.


Massata Diack brise son silence. Pour la première fois, depuis l’éclatement des affaires de dopage des athlètes russes, ayant débouché sur la mise en examen en France, de l’ex-président de l’IAAF, Lamine Diack, l’ancien consultant en marketing de la Fédération internationale d’athlétisme n’avait jugé nécessaire de se prononcer. 

Il y a dans les aveux de Lamine Diack de quoi nourrir un scandale d’Etat au Sénégal. En reconnaissant devant des enquêteurs français, comme l’a révélé Le Monde vendredi 18 décembre, qu’il avait couvert des athlètes russes soupçonnés de dopage en contrepartie de financements des campagnes de l’opposition sénégalaise en 2009 puis en 2012 par Moscou, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) ne pouvait ignorer l’impact de ses déclarations à Dakar. Il s’est d’ailleurs gardé de citer nommément les dirigeants politiques bénéficiaires de ces actes de corruption..jpg)

L'affaire Lamine Diack ne surprend guère Me Abdoulaye Wade. Dans une confidences faites à ses proches, après l'éclatement de cette affaire, l'ancien Président révèle qu'il savait que l'ancien patron de l'IAAF a joué un rôle dans le combat pour son départ du pouvoir. "Lamine Diack ne m'apprend rien en parlant de complot ourdi contre moi et les membres de ma famille afin de m"écarter du pouvoir en 2012", dit-il à ses interlocuteurs.