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Marcel Mendy : «Rien ne justifie la convocation de Abdoul Mbaye»

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L’OBS – L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye peut dormir du sommeil des justes. L’information de sa convocation par les Chambres africaines extraordinaires (Cae) véhiculée par un quotidien de la place hier s’est révélée fausse. Mieux, M. MBaye ne répondra «jamais» devant cette juridiction spéciale qui n’est pas compétente en  matière de «crimes économiques». C’est l’avis du coordonnateur de la cellule des Cae, Marcel Mendy. Celui-ci récuse également, dans cet entretien, la convocation de l’actuel Président tchadien, Idriss Déby.

 

L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye est-il convoqué par les Chambres africaines extraordinaires (Cae) à titre de témoin dans l’affaire des fonds transférés par Hissène Habré au Sénégal?

 

 

Je voudrais marquer mon étonnement quant à la diffusion de cette nouvelle d’autant que jusqu’au moment où nous parlons, il n’a pas été question et il n’est pas question d’une quelconque convocation de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye par les Cae. Il faut signaler que l’information n’est pas complète en ce sens qu’elle ne donne pas d’indication sur la date de remise à M. Mbaye de sa convocation ni à quel moment il devra répondre à ladite convocation. D’autre part, le Procureur général Mbacké Fall à qui l’on prête la paternité de cette convocation est absent du Sénégal depuis au moins cinq jours. Le réquisitoire introductif qui a été à l’origine du déclenchement de la procédure d’instruction ne vise pas le «crime économique». Cela veut dire que rien ne justifie la convocation de l’ancien Premier ministre. En résumé, il s’agit d’une information créée de toutes pièces. J’ignore les motivations qui en sont à l’origine.

A vous entendre parler, Abdou Mbaye ne sera jamais convoqué par les Cae?

Oui. Si l’on s’en tient au libellé du réquisitoire introductif qui a déclenché la procédure. Ce réquisitoire vise trois chefs d’inculpation à savoir les crimes contre l’Humanité, les crimes de guerre et la torture. Donc, on ne peut pas sur cette base-là convoquer l’ancien Premier ministre pour l’entendre. Cela n’a pas de sens au plan juridique.

Donc les Chambres africaines extraordinaires ne sont pas compétentes pour juger des crimes économiques?

C’est clair, on ne peut pas sur la base du réquisitoire introductif convoquer quelqu’un sur des motifs de crimes économiques.

Et la convocation du Président tchadien Idriss Déby qui était le responsable de la sécurité nationale sous Hissène Habré. Est-ce une réalité?

Il n’en est absolument rien. Jusqu’ici, les Cae ont convoqué les coinculpés de Hissène Habré dont Younouss Saleh et Mahamat Djibrine dit «Alcanto». La suite est connue avec le refus du Tchad de leur transfèrement sur Dakar. Tout dernièrement, quand la Chambre d’instruction a émis une commission rogatoire internationale pour pouvoir les entendre sur place à N’Djamena, là également le Tchad a invoqué l’implication de ces deux détenus dans une procédure interne au Tchad pour écarter l’idée de leur audition par les Cae. En dehors de ces coinculpés, aucune autre autorité tchadienne ne fait l’objet d’une convocation par les Cae à ce jour.

Mais au regard de son rôle présumé actif au côté de Hissène Habré, est-ce qu’on peut s’attendre à ce qu’il soit convoqué un jour, ne serait-ce qu’à titre de témoin?

L’instruction étant secrète, aucune autre personne en dehors des deux précitées n’a été convoquée par les Cae dans le cadre de ce dossier.

Vous avez tantôt parlé du refus d’extradition des coinculpés Younouss Saleh et Mahamath Djibrine, est-ce que le manque de collaboration des autorités tchadiennes ne limite pas les missions des Cae?

Pas du tout, l’audition de ces deux coinculpés n’est qu’une partie de la procédure. Il y a d’autres actes qui ont été posés et qui seront posés et qui entrent parfaitement dans le cadre de l’instruction qui est enclenchée depuis bientôt un an. Qu’on entende sur place les deux coinculpés ou qu’on le fasse ici à Dakar ne change rien à l’évolution du dossier.

Par contre, on craint un problème de partialité de la justice tchadienne au cas où ils seraient entendus sur place. Qu’en pensez-vous?

Aucunement. Nous présumons que la justice tchadienne est une justice compétente ou gérée par des magistrats compétents. Cette procédure sera jugée conformément à l’équité sous-jacente à toute justice. Nous n’avons aucune raison de mettre en doute leur qualité à cet égard.

Plusieurs dates circulent pour le démarrage du procès. Celle de début d’année 2015 est véhiculée avec insistance, qu’en est-il au juste?

Je comprends un peu l’ambassadeur américain Stéphane Rapp qui aurait annoncé la date de janvier 2015 pour l’ouverture du procès. C’est une erreur de sa part. En réalité, c’est la procédure d’instruction qui va prendre fin à cette date. L’instruction ne peut pas être clôturée en 2015 et que le procès s’ouvre aussitôt, ce n’est pas possible. Il faut que les juges d’instruction prennent une ordonnance pour qu’ils renvoient ou décident d’un non-lieu. Et en cas de renvoi devant la Cour d’assises, il faut que les magistrats qui vont présider l’audience soient nommés, qu’ils s’imprègnent du dossier. Les choses ne sont pas aussi simples, le procès ne peut pas s’ouvrir en janvier 2015.

Vous  n’avez pas alors une idée exacte de la date?

On présume que ce sera dans le second trimestre 2015, mais on ne peut pas situer exactement la date au jour d’aujourd’hui.

Que dites-vous à ceux qui doutent encore de la tenue de ce procès?

Il faut laisser la justice poursuivre son cours car nous n’en sommes qu’à la phase d’instruction. Ne précipitons rien du tout, faisons confiance aux magistrats qui ont en charge le dossier. En janvier 2015, nous verrons clair et le sort du procès pourra être déterminé en ce moment-là.

Vous avez parlé de l’ambassadeur américain Stéphane Rapp qui s’est réjoui de l’engagement de Macky Sall à prouver que la tenue d’un tel procès en Afrique est possible. Quel commentaire cela vous inspire?

C’est réjouissant d’entendre un tel commentaire de la part de l’ambassadeur Rapp qui confirme exactement la position du Sénégal à travers son chef de l’Etat. Juger les Africains qui sont coupables de crimes de guerre ou de crimes contre l’Humanité ici en Afrique prouve qu’il y a une justice qui fonctionne normalement et qui mérite tout le respect qu’on peut en espérer.

IBRAHIMA DIAKHABY

source: http://www.gfm.sn/marcel-mendy-rien-ne-justifie-la-convocation-de-abdoul-mbaye/