En somme, l’Alliance pour la République (Apr) veut supprimer toute opposition dans les prochains Conseils départementaux et municipaux qui seront élus à la suite des élections locales prévues le 29 juin 2014. La proposition a été faite, hier, par le Bloc majoritaire composé de l’Apr et de ses alliés, lors de la réunion du Comité technique de la revue du Code électoral. Alors que la séance d’hier était consacrée aux travaux sur le mode scrutin, le bloc majoritaire a proposé «un scrutin de listes départementales majoritaires à un seul tour».

Cette proposition, si elle passe, élimine de fait la liste proportionnelle. Elle va instaurer la majorité intégrale. C’est dire que toute liste qui sort majoritaire, même par une seule voix, de l’élection, remporte tous les sièges mis en compétition. Ce mode de scrutin devrait aussi être appliqué pour les listes communales. Ce schéma proposé par le camp de Macky Sall met fin au débat contradictoire au sein des Conseils départementaux et municipaux. Dans ce cas, le Sénégal ouvrirait l’ère des Chambres monocolores.

Cette proposition du camp de Macky Sall jure d’avec la «culture de la démocratie», selon les opposants. D’ailleurs, les deux blocs d’en face ont, à leur tour, proposé que, lors des prochaines élections, les 3/5 des élus soient issus de la liste proportionnelle contre 2/5 pour la liste majoritaire. Une révision qui augmenterait les chances de toutes les entités de se faire représenter dans les Chambres. Il faut rappeler que, dans le mode de scrutin actuel, les listes majoritaire et proportionnelle sont élues à 50% chacune.

LES TRAVAUX SUSPENDUS. Ce «coup» du groupe de la majorité tendant à supprimer le scrutin proportionnel n’est pourtant pas partagé par tous les alliés. Il est ressorti des réactions d’hier, une opposition de certains partis membres de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby). L’opposition à cette proposition a été aussi notée du côté des blocs de l’opposition et des partis non alignés. Dès que la volonté a été affichée de supprimer le scrutin proportionnel, les deux camps adverses ont rué dans les brancards. Mais devant la persistance des plénipotentiaires de la majorité, surtout ceux de l’Apr, les deux blocs de l’opposition et des non-alignés ont demandé au Président de séance, le notaire Me Papa Sambaré Diop, de faire appliquer le règlement intérieur. Lequel règlement intérieur exige le vote en cas de divergence. Seulement, face à la majorité mécanique des deux blocs, le groupe de la majorité présidentielle a refusé le recours au vote. Une situation  qui a obligé le Président de séance à tenter de rapprocher les positions. En vain. Finalement, le bloc du pouvoir a demandé la suspension des travaux pour une semaine, pour permettre à ses membres de revenir mardi prochain avec une autre position. Cette requête sera rejetée par l’opposition et les non-alignés qui acceptent de donner un temps de réflexion jusqu’à vendredi.

CHAUDES EMPOIGNADES ENTRE BENOIT SAMBOU, NDIAGA SYLLA ET ALIOUNE SOUARE. Des informations recueillies de membres du comité technique de la revue du Code électoral, le groupe majoritaire semble bien mûrir son coup. Car son groupe s’est renforcé avec la présence de deux nouveaux membres. Il s’agit du ministre Benoit Sambou de l’Apr et de Me Alioune Ndoye du Parti socialiste (Ps). D’ailleurs, l’on confie que c’est le ministre Benoît Sambou qui a développé bec et ongles l’essentiel des arguments pour défendre le changement du mode de scrutin. Et sa présence a été à l’origine de chaudes empoignades avec des membres de l’opposition. Tout au début de la séance, Benoît Sambou a saisi le Président d’une motion pour exclure Ndiaga Sylla du Jëf-Jël du Comité, conformément au règlement intérieur. Le ministre de l’Emploi reproche à Ndiaga Sylla d’avoir violé les secrets des délibérations du Comité en s’épanchant dans la presse. Mais, sa requête est vite rejetée. Après Ndiaga Sylla, Benoît Sambou aura un accrochage verbal très violent avec l’ancien député libéral, Alioune Souaré. Ce dernier qui n’a pas digéré que le ministre interrompe sa communication l’a traité de «con». Un mot qui a fait sortir Benoît Sambou de ses gonds. Il a toujours fallu l’intervention et la médiation du Président de séance pour faire revenir le calme. En attendant la tempête de vendredi.

NDIAGA NDIAYE

SOURCE: http://www.gfm.sn/actualites/item/10995-revue-du-code-electoral-projet-de-suppression-de-la-liste-proportionnelle-aux-elections-locales-macky-sall-veut-instaurer-lere-des-chambres-monocolores.html